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Lysine : la mesure européenne anti-dumping pourrait couter de 4 à 5 €/t d’aliments porc et volaille

La lysine étant surtout cruciale pour les monogastriques, la mesure anti-dumping appliquée par l’UE pourrait couter de 4 à 5 €/t d’aliments pour les porcs et les volailles.

Anton van den Brink
Pour Anton van den Brink, secrétaire général adjoint de la Fefac, les droits antidumping sur la lysine aura des conséquences sur la compétitivité des productions animales européennes
© Yanne Boloh

Pour la première fois, l’UE a décidé d’imposer des taxes antidumping sur la lysine importée de Chine, cet acide aminé critique pour la nutrition animale. Une des bases majeures de la nutrition de précision, il contribue, notamment, à la réduction des taux d’incorporation de soja et à la limitation des rejets par les effluents d’élevage. Premier acide aminé limitant pour le porc et second en volailles (après les acides aminés soufrés comme la méthionine et la cystine), il existe sous trois formes : chlorhydrate de lysine (98,5% de lysine), sulfate de lysine (65% de lysine), lysine liquide. Les prémixeurs et fabricants d’aliments pour animaux européens achètent ainsi au total environ 500 000 t/an d’équivalent chlorhydrate de lysine (Lysine HCl). 

Lire aussi : L’alimentation animale, point faible de l’élevage européen, comment mieux résister aux chocs ?

Les droits anti dumping provisoires imposés par l’UE en attendant le vote du parlement européen au printemps pour une éventuelle durée de 5 ans, représentent, selon les fournisseurs, de 58 à 85% du prix CIF (coût, assurance, fret). 

300 millions d'euros de surcoût sur la lysine

Pour Valérie Bris, directrice de La Coopération Agricole Nutrition Animale, l’impact de la mesure anti-dumping représenterait donc autour de 300 M€ pour l’ensemble de l’UE. Sachant que les fabricants produisent environ 140 Mt d’aliments, cette mesure représenterait autour de 2€/t d’aliments. 

  « La mesure a évidemment un impact mais il faut relativiser» 

Mais, comme la lysine est principalement utilisée en porc et volailles (98 Mt), l’impact devrait se situer entre 4 et 5 euros la tonne pour le secteur des monogastriques. « La mesure a évidemment un impact mais il faut relativiser sachant que les acheteurs sont confrontés au quotidien à la variabilité des cours de matières premières et que des différences de 20 €/t de céréales sont courantes » tempère Valérie Bris. « Même si un tel surcout ne fait jamais plaisir car il est difficile à répercuter jusqu’au consommateur, nous allons faire notre métier de fabricants d’aliment pour ajuster au mieux les formules ».

Lire aussi : Prix de l’aliment volaille : 5 facteurs à surveiller en 2025

Retour d'autres fournisseurs de lysine

Le retour de propositions d’autres fournisseurs que les entreprises chinoises, notamment américaines ou indonésiennes, pourrait d’ailleurs signer le retour à un marché plus proche du « vrai » prix de la lysine. « Il va être important de suivre de près d’autres mesures anti-dumpings envisagés, sur le chlorure de choline ou la valine par exemple, mais aussi sur les produits animaux eux mêmes » ajoute Valérie Bris.

La France défend sa lysine

Dans le concert européen, la voix de la France diffère avec sa spécificité de disposer du seul producteur européen de Hcl Lysine, produite par fermentation à Amiens par Eurolysine (groupe Avril), à l’origine de la plainte déposée avant sa reprise par le groupe financier, quand son nom était Metex. 

Dans son enquête, la Commission a particulièrement recherché les éléments de dumping auprès d’Eurolysine, de l’importateur espagnol Anders Pintaluba, de l’utilisateur également espagnol Vall Companys et des deux plus gros exportateurs de la République Populaire de Chine avec leurs importateurs dans l’UE : Heilongjiang Eppen et Meihua Hodldings group. La plus récente usine de ce dernier, dans la région de Jilin est entrée en production en 2021, et a été soutenue par le gouvernement chinois (capacité quotidienne de 500 t de sulfate de lysine ).

Une rupture d'approvisionnement en lysine ?

L’association européenne des fabricants d’aliments pour animaux a exprimé ses réserves sur cette mesure dès le 14 janvier, date de la publication du règlement d’exécution dans le JO de l’UE. Pedro Cordero, président de la Fefac estime notamment que : «  l’UE dépend de la Chine a plus de 60% pour couvrir sa demande et il n’existe pas de solutions alternatives en volume suffisant que ce soit dans l’UE ou dans d’autres pays tiers». 

 «  l’UE dépend de la Chine a plus de 60% pour couvrir sa demande et il n’existe pas de solutions alternatives en volume suffisant que ce soit dans l’UE ou dans d’autres pays tier

La Fefac alerte donc la Commission européenne sur les conséquences de cette mesure antidumping. Pour Anton van den Brink,  secrétaire général adjoint de l’organisation : « cette décision risque de provoquer une rupture dans les approvisionnements et aura des conséquences sur la compétitivité des productions animales européennes donc des éleveurs, surtout en porc et en volailles. Nous ne sommes pas contre des mesures qui soutiennent la production européenne mais elles doivent être accompagnées d’investissements réels pour le développement d’une production européenne ».

 

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