L’immuno-vaccination pour les races de porc locales ?
Deux instituts de recherche polonais mettent en avant l’intérêt de l’immuno-castration pour pallier à l’arrêt de la castration à vif en production de porcs biologiques sur deux races locales polonaises (race Pulawska et Zlotnicka). Ces porcs sont par nature très gras. La production de porcs immuno-vaccinés a réduit très significativement la quantité de gras des carcasses par rapport à des témoins castrés. L’efficience alimentaire est améliorée et proche des mâles entiers, ainsi que les croissances journalières. La qualité de la viande des porcs entiers de ces races locales est cependant dégradée (pH, pertes en eau, dureté de la viande). La qualité des gras des porcs immuno-vaccinés est aussi moins bonne que celle des porcs castrés chirurgicalement. Mais elle est de loin bien meilleure que celle les porcs entiers (gras de mâle entier plus insaturé à risque d’oxydation et rancissement sur des produits secs de haute qualité). L’immuno-vaccination (vaccin Improvac) des porcs mâles réalisée en deux injections à 84 jours d’âge et quatre semaines avant le départ à l’abattoir montre son efficacité sur les deux indicateurs chimiques de niveau d’odeur de verrat (le scatol et l’androsténone), les mâles entiers de ces deux races locales étant plutôt très à risque d’odeur.
Engeniusz R. Grela and al., Fevrier 2020, An attempt of implementation of immune-castration in swine production-Impact on meat quality and boar taint compound concentration in the meat of two native pig breeds. Livestock Science 232, février 2020.
Avis d’expert : Patrick Chevillon, Ifip-Institut du porc
« Des races à risque d’odeurs de verrat »
« Les races locales plus grasses conduites en production biologiques et abattues à un âge supérieur sont à risque vis-à-vis du développement d’odeurs de verrat si la castration chirurgicale n’est pas réalisée. Cet article récent conforte d’autres études menées en Espagne sur des porcs Ibériques sur l’intérêt de l’immunocastration. Encore faudra-t-il que cette alternative soit acceptée par les consommateurs et utilisateurs des viandes et validée dans les cahiers des charges en production de porc biologique, ce qui n’est pas le cas en France. Ces porcs étant très gras, produire du mâle entier en race locale est impossible sans prendre de sérieux risques. À moins de n’utiliser que le maigre nettement moins chargé en odeur, ce qui est mission impossible sur de telles races grasses valorisées en circuit court ou en filières organisées de haute qualité gustative. »