Les infections à Mycoplasme commencent sur les cochettes
Deux études récentes démontrent que les cochettes sont souvent infectées par « Mycoplasma hyopneumoniae » sitôt leur arrivée en élevage. De bonnes conditions d’accueil et la vaccination sont les deux éléments clés pour limiter les conséquences sur le reste du troupeau.
Deux études récentes démontrent que les cochettes sont souvent infectées par « Mycoplasma hyopneumoniae » sitôt leur arrivée en élevage. De bonnes conditions d’accueil et la vaccination sont les deux éléments clés pour limiter les conséquences sur le reste du troupeau.
Selon Maria Pieters, de l’université du Minnesota, la bactérie Mycoplasma hyopneumoniae (M. hyo) responsable de la pneumonie enzootique chez le porc est un pathogène qui se développe lentement.
« Alors que la durée d’incubation de l’Influenza n’est que d’un jour et demi, celle du M. hyo est de 14 jours », indiquait-elle, lors d’un séminaire vétérinaire organisé par le laboratoire Ceva santé animale le 15 novembre dernier. Par ailleurs, des études récentes ont démontré que des cochettes contaminées très tôt dans leur vie restent positives durant toute leur phase de croissance. « Ce n’est que six mois après la première infection que le nombre d’animaux positifs commence à baisser. Les animaux redeviennent négatifs que seulement 240 jours après la contamination. » Ce qui leur laisse le temps de contaminer d’autres reproducteurs, qui transmettront eux-mêmes le germe à leur progéniture en maternité. « La sévérité des lésions et des problèmes respiratoires constatés sur les porcs charcutiers est très dépendante de la prévalence de la maladie sur les porcelets au sevrage », souligne Maria Pieters. Deux études scientifiques belge et française récemment publiées démontrent l’intérêt de bien protéger du M. hyo les cochettes dès leur arrivée dans l’élevage.
1-Les cochettes plus souvent positives au M. hyo que les multipares
Une étude réalisée dans dix élevages belges positifs à M. hyo révèle que M. hyo est plus présent sur les cochettes que sur les multipares. 26,5 % des cochettes étaient positives, avec une variabilité importante entre élevages (de 0 à 62,5 %). Le taux d’animaux positifs descend ensuite à 16,3 % sur les rangs de portée de 2 à 4, et à 4,1 % pour les parités supérieures à 4. « Ces données nous suggèrent qu’une bonne acclimatation des cochettes à leur arrivée dans l’élevage est indispensable, en mettant en place une quarantaine suffisamment longue et une vaccination adéquate », souligne Dominiek Maes, de l’université de Gand, en Belgique. « L’objectif est de diminuer les niveaux d’infection et l’excrétion de la bactérie, et d’éviter la déstabilisation de l’immunité du troupeau reproducteur. » Cependant, l’étude révèle aussi que les cochettes possèdent plus souvent des anticorps spécifiques de M. hyo que les multipares. « La vaccination ne prévient pas l’infection, puisque neuf élevages sur dix vaccinaient leurs cochettes, met-il en garde. Elle n’empêche pas non plus la transmission du germe à d’autres animaux ».
2-L’auto-renouvellement ne protège pas du M. hyo
Une étude réalisée par la clinique vétérinaire de l’Elorn dans 20 naisseurs-engraisseurs bretons démontre que l’on peut retrouver des cochettes positives au M. hyo aussi bien dans les élevages avec achats de cochettes que dans ceux qui pratiquent l’auto-renouvellement. Dans la plupart de ces élevages positifs, les signes cliniques respiratoires sont bien présents, quelle que soit l’origine des cochettes. « À noter quand même que les trois élevages en auto-renouvellement négatifs M. hyo ont pour particularité d’élever leurs futures cochettes séparément des autres porcs charcutiers à partir de 12 ou 18 semaines d’âge », souligne Wouter Stynen, vétérinaire à la clinique de l’Elorn. Cette étude met aussi en évidence une prévalence beaucoup plus élevée du M. hyo sur les cochettes des élevages dont la conduite de la quarantaine est plus à risque (absence de lavage-désinfection et présence en continu des animaux). Elle constate aussi que les élevages dans lesquels le M. hyo est présent vaccinent moins les cochettes que ceux qui sont négatifs (38 % contre 71 %).
Faut-il introduire des cochettes négatives M. hyo dans un élevage positif ?
Dans un élevage positif au M. hyo, introduire des cochettes négatives peut s’avérer risqué, selon Maria Peters. « L’infection des reproducteurs n’est pas uniforme, souligne-t-elle. Une cochette négative introduite dans un élevage positif peut s’infecter seulement en 4e ou 5e portée, voire plus tard. Sans vaccination du cheptel reproducteur, cela peut poser des problèmes sur l’ensemble du troupeau et déstabiliser son statut immunitaire. Une introduction de cochettes positives s’avère plus facile à gérer, à condition de faire appel à la vaccination. »