Les Allemands réfléchissent à la porcherie du futur
L’avenir de l’élevage passe aujourd’hui sous les fourches Caudines des consommateurs : plus d’espace et de liberté pour les animaux, plus de traçabilité, des bâtiments ouverts sur l’extérieur… Ainsi l’acceptation de l’élevage par la société devient un enjeu majeur et impose de réfléchir à une ou des nouvelles organisations de l’exploitation porcine de demain. L’université de Göttingen s’est penchée sur la question du bâtiment d’élevage du futur dans le cadre du projet Élevage porcin du futur financé par le BMEL, l’équivalent allemand du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. Pendant un an, une équipe composée de scientifiques, économistes et de consommateurs a donc eu pour mission de concilier les attentes de la société avec les réalités économiques et techniques dans un prototype virtuel de bâtiment du futur. Il résulte de cette étude plusieurs concepts pour chaque stade physiologique. Globalement, les propositions intègrent un accès à l’extérieur pour les animaux associé à plus d’espace. Afin d’améliorer l’image de la production, la structure du bâtiment doit maximiser l’utilisation du bois. Les prototypes proposent également l’accès à des matériaux manipulables permettant de fouir. Ils vont aussi jusqu’à intégrer des douches pour recréer une zone humide. D’un point de vue économique, il y a des surcoûts, principalement dus à l’augmentation des surfaces à construire et du temps de travail nécessaire pour la gestion des matériaux manipulables. Au final, les estimations indiquent qu’il faut au moins 30 euros supplémentaires par porc produit pour garantir la viabilité de ces modèles.
Avis d’expert : Michel Marcon, Ifip-Institut du porc
« Le bâtiment accepté, le vrai challenge de la filière »
« Faire des bâtiments d’élevage qui puisent concilier à la fois les attentes des consommateurs et les contraintes économiques tout en garantissant le respect de l’environnement et des performances techniques satisfaisantes, est aujourd’hui le nouveau challenge de l’élevage porcin. L’initiative allemande n’est pas isolée. La France n’est pas en reste avec une première réalisation par Cooperl (voir Réussir Porc septembre 2018 page 50), ou encore les réflexions engagées dans le Sud-Ouest et en Bretagne avec l’Ifip. La ligne directrice reste toujours la même : plus de surface disponible pour les animaux, un accès à l’extérieur et un sol plein en partie recouvert de matériaux manipulables. Mais force est de constater que tous ces projets aboutissent inéluctablement à des surcoûts. Et les actes d’achats ne traduisent pas encore un engouement pour ce type de production. Mais ne nous y trompons pas, il faudra tôt ou tard, répondre aux mieux aux nouvelles attentes des consommateurs. »