Le repli du prix du porc va persister
Le recul du cours du porc se poursuivra cet hiver, dans un contexte de prix élevés des matières premières et des énergies et des prix de l’aliment records au 1er trimestre 2022.
Le recul du cours du porc se poursuivra cet hiver, dans un contexte de prix élevés des matières premières et des énergies et des prix de l’aliment records au 1er trimestre 2022.
Les fondamentaux du marché, c’est-à-dire l’état de l’offre et de la demande, ne seront pas porteurs pour soutenir les cours dans les prochains mois. À cette situation s’ajoute la poursuite de la hausse des prix des matières premières et de l’aliment, affectant les marges des éleveurs.
Le repli de l’offre européenne à venir, estimé par les prévisions, ne suffira pas à compenser la baisse des exportations vers la Chine. Dans ce contexte, le prix du porc classes S et E (1) s’établirait à près de 1,38 euro le kilo en moyenne sur le dernier trimestre 2021 (-7 % en un an), aux environs de 1,32 euro le kilo au premier trimestre 2021 (-7 % en un an) et autour de 1,45 euro le kilo au deuxième trimestre 2021 (-13 % par rapport à 2020).
Repli attendu de la production en Europe
La production européenne devrait commencer à s’affaiblir fin 2021, et en 2022 ce mouvement de recul sera plus important encore. La croissance espagnole ne suffira pas à compenser les fortes baisses d’activité dans le nord de l’UE, en particulier en Allemagne. Deux tendances s’opposent entre les États membres.
Ralentissement de la croissance en Espagne et au Danemark
Sous les effets des très bons résultats à l’export et d’une bonne conjoncture en 2019 et 2020, le Danemark et l’Espagne ont continué de produire et des investissements ont été réalisés, stimulant les croissances nationales. Au cours des sept premiers mois de l’année, les abattages espagnols et danois sont en forte hausse (respectivement +3 et +6,7 % par rapport à 2020). Les effectifs de truies au printemps sont eux aussi en développement dans ces deux pays. Cependant, en 2022, compte tenu des perspectives à l’export plus incertaines et du décrochage des cours du porc qui touche le marché depuis le milieu d’année, les croissances ralentiront.
Importantes baisses en Allemagne, Pologne et Pays Bas
Les perspectives à moyen terme pour les producteurs sont peu optimistes entre la flambée des coûts de production, les contraintes environnementales et celles liées au bien-être animal (castration, modes d’élevage), le renouvellement des générations, etc. À cela s’ajoutent les effets néfastes sur le marché de la fièvre porcine africaine en Allemagne. La chute des cours dans ce pays est durable et le marché intérieur est totalement plombé par cette situation. Ceci conduit à des arrêts massifs d’activité chez les éleveurs allemands. La production allemande devrait ainsi redescendre à 37 millions de porcs (-8 % en un an) en 2022. La filière néerlandaise se retrouve-t-elle aussi confrontée à des contraintes similaires et le gouvernement incite aux arrêts d’activités. La production aux Pays-Bas s’affaiblirait d’environ 5 % en 2022/21.
Repli de la production en France
Le cheptel porcin français recule progressivement. Les gains de productivité ne pourront pas pleinement compenser ce mouvement, et la production française s’érodera lentement dans les prochains mois. En 2021, la production porcine française devrait atteindre 23,4 millions de têtes (- 1,1 % en 2021/20 d’après les estimations du SSP). La baisse devrait se poursuivre au même rythme en 2022.
Exportations faibles pendant les six prochains mois
Après deux bonnes années à l’export, stimulées par une forte demande chinoise, les flux s’amenuisent depuis juin, ce qui pèse sur le marché européen. Cet affaiblissement de l’export devrait se poursuivre dans les prochains mois. En Chine, de nombreux élevages arrêtent leur production en raison de nouveaux foyers de FPA et d’une mauvaise rentabilité. Le marché chinois connaîtra alors une hausse temporaire de l’offre nationale en raison des décapitalisations. Les importations de la Chine devraient donc rester plus faibles fin 2021 qu’au 1er semestre, et ces niveaux se maintiendront jusqu’au 1er trimestre 2022. Ainsi, les disponibilités sur le marché européen seront importantes, ce qui ne soutiendra pas les cours du porc.