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Porte ouverte dans les Côtes-d’Armor
Le naissage de précision se construit à Plédéliac

Le bloc naissage du Gaec Coat Bihan regroupe des innovations majeures qui préfigurent l’élevage de demain. Ses bâtiments évolutifs anticipent les évolutions futures de l’exploitation.

Vu de l’extérieur, le bloc naissage de 500 truies du Gaec Coat Bihan ressemble à n’importe quel autre élevage construit jusqu’alors. Mais dès l’entrée dans le bâtiment, des petits détails prouvent qu’on aborde ici une nouvelle manière de concevoir l’élevage porcin. « Nous avons mis en place des équipements qui vont nous permettre d’optimiser au mieux le potentiel de nos animaux par la traçabilité et l’identification individuelle », expliquait François Hamon, récemment installé avec son père Michel et ses oncles Denis et Bruno Hamon, lors de la porte ouverte organisée avec leur groupement Cooperl le 31 août dernier. De formation ingénieur agro et aguerri sur le terrain dans une société d’alimentation, puis de génétique et enfin à la station expérimentale de la Ville Poissin à Hénanbihen, dans les Côtes-d’Armor, le jeune éleveur a participé avant son installation à la mise au point de la démarche d’identification des porcelets initiée par son groupement pour assurer la traçabilité des animaux de leur naissance jusqu’à l’abattage (voir Réussir Porc mai 2018 page 22). La maternité du nouveau bloc naissage a été conçue pour faciliter cette traçabilité. Les porcelets équipés à leur naissance d’une boucle RFID (radio-identification) seront identifiés au sevrage en passant devant une antenne située dans le couloir du bâtiment, en amont de la bascule. « Les cases seront constituées avant le transfert en post-sevrage, de manière à faciliter leur suivi jusqu’à l’abattage. » Car au-delà de l’intérêt pour l’aval et la commercialisation des produits, les éleveurs voient dans l’identification individuelle un vecteur de progrès technique significatif en élevage. « En pouvant caractériser chaque porcelet sur son profil de performances (mortalité, croissance, indice de consommation, classement…), on arrivera ainsi à améliorer la rentabilité de l’élevage en supprimant les profils à risque, en agissant sur le choix des reproducteurs, des aliments ou de la conduite d’élevage », souligne-t-il.

Alimentation individualisée en maternité et en gestante

L’amélioration des performances passe aussi par l’individualisation de l’alimentation des truies. Les deux maternités de 42 places sont équipées du système de distribution individualisé Maternifeed de Tuffigo-Rapidex. « Cet alimentateur à sec s’adapte aux besoins réels des truies en aliment et en eau. Il évite aussi le gaspillage grâce à la sonde d’auge », apprécie François Hamon. L’éleveur a totalement la main sur les quantités d’aliment et d’eau programmées, ainsi que sur la fréquence et les doses de distribution. En gestante, les stalles Moduloself de la société Méheust, à Lamballe, permettent également une alimentation à sec individualisée, tout en gérant les truies en groupe. « Couplée à un suivi précis des épaisseurs de lard dorsal, l’alimentation individuelle des truies est une piste de travail majeure pour valoriser leur potentiel génétique », souligne-t-il. Les éleveurs ont fait le choix d’utiliser des aliments complets du commerce et une alimentation à sec pour toutes les truies, malgré une FAF partielle qui valorise les céréales de l’exploitation en engraissement. « La soupe n’est pas assez fiable pour distribuer précisément de petites quantités d’aliment. Par ailleurs, nos ressources en céréales sont limitées. » Les alimentateurs choisis par les éleveurs permettent cependant d’humidifier l’aliment, grâce à une distribution contrôlée de l’eau dans l’auge.

Un bâtiment évolutif et écologique

Ce bloc naissage a été conçu par Cédric Domain, technicien bâtiment Cooperl, pour être évolutif tout en maintenant sa cohérence. « Nous avons préféré faire deux bâtiments, l’un pour le naissage, les locaux techniques et la quarantaine, l’autre pour le bloc verraterie-gestantes », explique-t-il. Grâce à cette conception, les deux salles de maternités peuvent être facilement agrandies dans le sens de la longueur, en cas d’augmentation du cheptel ou si des normes bien-être imposent des surfaces supplémentaires. « Qu’on travaille avec une ou deux bandes en maternité, la structure du bâtiment restera la même quel que soit l’effectif. » Le bloc verraterie-gestantes peut aussi être doublé grâce au terrain disponible latéralement. La place destinée aux cochettes a été surdimensionnée, toujours dans l’objectif de pouvoir évoluer sans contraintes de bâtiment. La quarantaine est constituée de deux salles indépendantes de 20 places chacune. Elles sont équipées d’un alimentateur identique à ceux de la gestante. Après cette phase d’observation, les jeunes reproductrices sont envoyées en gestante dans l’une des deux cases de 20 places qui leur sont dédiées pour la phase de contamination, avant de rejoindre leur bande en verraterie. Elles sont ensuite intégrées dans le groupe des multipares dès leur première gestation.

Raclage en V en verraterie-gestantes

Le bâtiment verraterie-gestantes est équipé d’une séparation de phase par raclage Trac sous les caillebotis. « La station de traitement biologique de l’élevage ne peut pas recevoir plus de lisier », justifie le technicien. La fraction solide sera envoyée à l’unité de méthanisation de Lamballe pour produire du biogaz. Le digestat sera ensuite séché, puis valorisé en engrais organiques. En revanche, il n’y a pas de racleurs en maternité. « Ce poste ne génère pas beaucoup de déjections. Par ailleurs, le coût serait trop élevé et, en cas d’agrandissement des salles, il faudrait modifier toute l’installation », souligne Cédric Domain.

La biosécurité a été particulièrement prise en compte dans la conception du bâtiment. Les visiteurs passent obligatoirement par les douches. Les entrées des cochettes, des fournitures de l’élevage et des personnes, ainsi que le quai de sortie des porcelets ont été regroupés d’un même côté de la maternité dont l’accès a été goudronné. La sortie des coches de réforme et le racleur d’évacuation de la fraction solide se trouvent à l’opposé. Ils sont accessibles par un chemin différent pour ne pas croiser les circuits de circulation.

Cette réalisation a coûté au total 1,4 million d’euros, soit 2 800 euros par truie présente. La place de gestante revient à 1 500 euros et celle de maternité à 5 500 euros. 300 000 euros sont affectés à la fumière et aux locaux techniques. L’étude prévisionnelle réalisée pour porter le projet auprès des financeurs avait été établie sur la base d’un objectif de 12,5 porcelets sevrés par portée. Nul doute qu’avec cet outil performant, cet objectif sera rapidement dépassé !

Les partenaires du projet

Méheust (Lamballe, Côtes-d’Armor)
Rose Charpente (Lamballe, Côtes-d’Armor)
Celtys (Landivisiau, Finistère)
RB Maçonnerie (Lamballe, Côtes-d’Armor)
Setap travaux publics (Coëtmieux, Côtes-d’Armor)
Calipro élevage (Lamballe, Côtes-d’Armor)
En chiffres

Le bloc naissage et ses objectifs

40 places de quarantaine
84 places de maternité
440 places de verraterie-gestante sur racleur Trac
10 bandes de 42 truies à la mise bas
Sevrage à 21 jours
550 porcelets sevrés par bande
14 200 porcelets sevrés par an
13 500 porcs charcutiers vendus par an

Du neuf préféré à une reprise d’élevage pour s’installer

L’arrivée de François Hamon dans le Gaec familial devait s’accompagner d’une augmentation de la taille de l’élevage. « Les 370 truies naisseur engraisseur et les 96 hectares de SAU de l’exploitation n’auraient pas suffi pour quatre associés », justifie Denis Hamon. Beaucoup d’élevages de la région appartenant à des éleveurs proches de la retraite sont à vendre. « Mais il était difficile de faire correspondre leur potentiel de production avec notre outil existant, et le travail aurait été très compliqué à gérer. Par ailleurs, beaucoup de bâtiments sont en fin de vie et nécessitent d’importantes rénovations. » Le choix des associés s’est finalement porté sur la construction d’un bloc naissage neuf sur le site de l’exploitation. Il a cependant été positionné à l’écart des bâtiments existants pour permettre une rupture sanitaire avec le post-sevrage et l’engraissement. « Un choix sans doute plus coûteux, mais plus évolutif et mieux adapté à nos objectifs technico-économiques, environnementaux, sociétaux et humains. » Les maternités et le bloc verraterie-gestante existants ont été convertis en places de post-sevrage et d’engraissement pour pouvoir engraisser tous les porcelets sur le site.

Le bloc naissage en images

Les deux bâtiments ont été conçus avant tout pour maintenir un bon sanitaire et pour optimiser les coûts de production tout en améliorant les conditions de travail. La traçabilité des porcelets et l’alimentation de précision nécessitent des outils performants. Nous avons visité l’élevage en suivant la marche en avant imposée aux animaux.

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