L’apport de matériaux de nidification a des effets bénéfiques sur le comportement de la truie
Pour une truie, l’impossibilité de nidifier peut avoir des conséquences préjudiciables pour elle, ses porcelets et l’éleveur. Différentes solutions existent pour lui permettre d’exprimer ce comportement.
Pour une truie, l’impossibilité de nidifier peut avoir des conséquences préjudiciables pour elle, ses porcelets et l’éleveur. Différentes solutions existent pour lui permettre d’exprimer ce comportement.
En conditions semi-naturelles, les truies gestantes sur le point de mettre bas s’écartent du groupe pour trouver un site propice à la survie des porcelets nouveaux nés. Une fois l’emplacement trouvé, elle commence la construction d’un nid pour protéger les porcelets. Ce comportement possède une base innée qui ne s’est pas estompée avec la domestication, de sorte que ce besoin reste le même chez les cochettes sans expérience maternelle et chez des truies ayant déjà vécu des mises bas et des lactations en contention. La nidation serait déclenchée par une augmentation de la sécrétion de prolactine et des stimuli environnementaux. Il a déjà été montré que plus la taille de la portée est importante, plus le comportement sera exprimé. Il est le plus intense entre 12 heures et 4 heures avant la naissance du premier porcelet. C’est donc un indicateur utile pour l’éleveur afin d’anticiper la mise bas. La nidification cesse lorsque la truie estime que le nid est correct.
Éviter les conséquences négatives
L’impossibilité de réaliser ce comportement dans les cages de mise bas peut entraîner du stress, de la frustration ainsi que des changements comportementaux et physiologiques qui peuvent se maintenir en début de lactation. En cas d’absence de matériaux, le comportement est redirigé vers les barres et autres éléments de la cage avec apparition de stéréotypies sans que cela ne compense leur absence. La poursuite de la nidification peut alors causer des blessures et un épuisement de la truie, d’autant plus que sa motivation est renforcée par l’absence de nid convenable.
L’apport de matériaux de nidification a des effets bénéfiques sur le comportement de la truie. En effet, des recherches comportementales ont suggéré que la truie serait plus maternelle et plus réactive vis-à-vis de ses porcelets si son besoin de nidification est comblé. Elle aurait par ailleurs de meilleures performances en début de lactation. Des chercheurs australiens ont par ailleurs observé une diminution de la durée de mise bas et plus de nés vivants quand les truies reçoivent de la sciure. Des résultats similaires sont obtenus pour des truies bloquées ayant accès à des bouts de tissus avec moins de mort-nés. Enfin, les effets négatifs de la contention peuvent être réduits si on laisse plus d’espace et qu’on met à disposition des matériaux de nidification à des truies bloquées. Au contraire, l’absence d’un comportement de nidification satisfaisant provoque plus de mortalité de porcelets à cause des cochettes, une moindre réponse aux cris de porcelets le jour suivant la mise bas et moins de vocalisations de la truie à destination des porcelets. Des chercheurs ont également noté une moins grande concentration en immunoglobuline G chez les porcelets dont la mère n’avait pu construire de nid.
Mettre le bon matériau à disposition
Le comportement de nidification est un comportement dirigé vers le sol où la truie va chercher à agencer les matériaux à sa disposition. C’est pourquoi, les matériaux distribués librement au sol et régulièrement renouvelés se sont révélés les plus adaptés à ce comportement. Ainsi, la paille, la tourbe, la sciure ou encore le papier journal déchiqueté posés sur le sol sont des substrats bien utilisés par les truies, bien que les comportements les plus complexes soient observés avec la paille. Réglementairement, les éleveurs doivent fournir un matériau de nidification au cours de la semaine précédant la date de mise bas prévue. Dans les élevages sur caillebotis intégral, la fourniture de matériaux libres au sol est complexe du fait du risque de problème lié au système de traitement et/ou d’évacuation des déjections. Une des solutions est la fourniture de tissus, cordes ou toile de jute. Une étude de l’Ifip a montré que la toile de jute permettait aux truies d’exprimer plus de comportements de nidification que des truies sans matériaux (respectivement 83 contre 65 comportements de nidification en moyenne) pour une même durée de nidification (environ 140 minutes en moyenne). Dans une autre étude, des truies bloquées ayant accès à des toiles de jute ou de la paille exprimaient plus de comportements de nidification que d’autres truies sans matériaux. Une dernière étude a montré que des « pompons » en tissus permettent la même intensité de nidification que de la paille, malgré des comportements différents des truies en lien avec la nature de ces deux matériaux. Il est aussi possible de fournir du bois sous forme de tasseau ou attaché à une chaîne, bien que son intérêt semble, a priori, plus limité. Ce dispositif (bois au bout d’une chaîne) est actuellement en test sur la station de Crécom. Dans tous les cas, il conviendra de mettre en place ces matériaux de façon qu’ils touchent le sol pour favoriser leur utilisation.
Côté web
Une foire aux questions (FAQ) « bien-être porc » est disponible sur le site internet des Chambres d’agriculture de Bretagne pour répondre aux interrogations des éleveurs sur l’arrêté ministériel du 24 février 2020. Si elle n’a pas de valeur réglementaire, elle apporte des précisions sur l’interprétation de la réglementation.