[VIDEO] À la station Crécom, les queues entières des porcs élevés sur paille ne présentent pas de morsures.
Les queues des porcs élevés sur litière à la station expérimentale de Crécom ne sont désormais plus coupées. Grâce à une bonne maîtrise des principaux facteurs de risque, il y a très peu de caudophagie.
Les queues des porcs élevés sur litière à la station expérimentale de Crécom ne sont désormais plus coupées. Grâce à une bonne maîtrise des principaux facteurs de risque, il y a très peu de caudophagie.
87 % sans atteinte sur la queue, un seul porc victime d’une caudophagie importante… Dans un essai réalisé à la station porcine de la chambre régionale d’agriculture de Bretagne de Crécom, dans les Côtes-d’Armor, la majorité des 528 porcelets issus de trois bandes successives ont gardé leur queue non coupée intacte jusqu’à l’abattage. Ces animaux ont été élevés dans l’élevage « litière » de la station, du sevrage jusqu’à la vente. Plusieurs facteurs de risque de morsures ont été pris en compte dans cette étude pour favoriser l’élevage des porcs à queue longue.
La génétique étant un facteur de risque de caudophagie, au travers du comportement qu’expriment des animaux, la moitié des truies ont été inséminées avec de la semence piétrain, l’autre moitié avec de la semence duroc. Un effet statistique apparaît, les porcs duroc étant moins atteints de griffures (82,7 % de note « 0 », 17 % de note « 1 », absence de note 2) que les piétrain (76 % de note 0, 23 % de note 1, trois porcs soit 1,2 % avec la note « 2 » liée à la présence de plaie à la queue). La différence est également significative en fin d’engraissement. 91 % des porcs duroc ont la note « 0 » (contre 84 % des piétrain), 8 % la note 1 (15 % des piétrain). Ce résultat pourrait être lié au comportement des animaux. Des observations ont eu lieu au début de l’étude dans le but de caractériser l’activité des animaux dans les salles, sans obtenir de résultat tranché. D’autres méthodes d’évaluation seraient à utiliser pour caractériser plus finement le comportement et le tempérament des animaux.
Un contraste avec les résultats sur caillebotis
L’élevage sur litière donne aux porcs un substrat lui offrant la possibilité d’exprimer son comportement de fouissage. La surface importante des cases litière (0,8 m² de surface paillée par porc en post-sevrage, 1,4 m² en engraissement dans des cases de 44 et 63 m² respectivement) permet aux animaux de s’échapper et de s’isoler en cas de morsures. Les résultats obtenus dans l’essai avec des porcs sur litière contrastent avec ceux observés à la station de Guernévez pour des porcs logés sur caillebotis. Les essais de Guernévez se sont soldés par un nombre important de porcs victimes de caudophagie, majoritairement en post-sevrage. Le raccourcissement plus ou moins important de la queue atteignait près de 90 % des porcs. En fin de post-sevrage, seulement 49 % des porcs sur caillebotis avaient la note « 0 », contre 79 % dans l’essai sur litière. La caudophagie de post-sevrage était suivie d’une cicatrisation, de sorte que 81 % des porcs obtenaient une note « 0 » en fin d’engraissement, mais pour la plupart sur des queues raccourcies.
Pas de réallotement au passage en engraissement
Pour obtenir une hiérarchie stable du sevrage à l’abattage, les groupes sont constitués à l’entrée en post-sevrage par le mélange de portées entières au sein d’une même génétique. Il n’y a pas eu d’allotement sur le sexe ou le poids, le but visé étant d’obtenir des lots de porcs qui se connaissent, et de garder ces mêmes lots en engraissement sans, mélange. Par ailleurs, le fait que les animaux étaient élevés sur litière en post-sevrage, puis en engraissement, explique probablement les très bons résultats obtenus à Crécom sur l’arrêt de la caudectomie. À l’entrée en post-sevrage, 83 % des porcelets ne présentaient aucune lésion à la queue, et 17 % de petites griffures ne pouvant être reliées à de la caudophagie en maternité. En fin de post-sevrage, 79 % des porcs avaient la note « 0 », et 20 % la note « 1 » liée aux griffures.
Suite aux bons résultats de cet essai, les queues des porcs élevés sur litière ne sont désormais plus coupées à la station de Crécom. Un suivi plus simple des animaux est réalisé dans le but de quantifier les cas de caudophagie qui pourraient se produire à l’avenir. L’arrêt de la coupe des queues pose plus de problèmes aux animaux logés sur caillebotis. Les essais démarrent dans ce type de salle à Crécom, où plusieurs des facteurs de risque vont être considérés, dont l’enrichissement du milieu et les mélanges de portées. Le haut niveau sanitaire de la station devrait également favoriser la gestion des porcs à queue non coupée.