Faf en porcs : La nouvelle PAC incite à la production de protéagineux
Les agriculteurs peuvent désormais toucher dans le cadre de la PAC des aides écorégimes conditionnées à l’augmentation de la diversité des cultures. Elles pourraient encourager les éleveurs « fafeurs » à introduire dans leur assolement des matières premières protéiques destinées à l’alimentation de leurs porcs.
Les agriculteurs peuvent désormais toucher dans le cadre de la PAC des aides écorégimes conditionnées à l’augmentation de la diversité des cultures. Elles pourraient encourager les éleveurs « fafeurs » à introduire dans leur assolement des matières premières protéiques destinées à l’alimentation de leurs porcs.
Dans le cadre de l’instauration de l’écorégime lié la PAC 2023-2027, les agriculteurs peuvent toucher une aide de 60 à 80 euros de l’hectare s’ils augmentent la diversité de leurs cultures.
« Pour cela, il faut introduire dans la rotation des légumes de plein champ, des jachères, des prairies, ou encore des plantes fixatrices d’azote, autrement dit des protéagineux ou oléagineux (soja, pois, féverole, lupin…) », expliquait Bertrand Couedic, conseiller entreprise des Chambres d’agriculture de Bretagne, à la journée Airfaf du 7 mars à Loudéac, en Côtes-d’Armor. « Les éleveurs qui choisissent l’option d’introduire des protéagineux afin d’améliorer leur autonomie alimentaire bénéficient en plus d’une prime de 105 euros par hectare. »
Un montant de 60 à 80 €/ha
Concrètement, des points sont attribués à neuf familles de cultures avec des pourcentages à respecter par rapport au total des terres arables de l’exploitation. Il faut quatre points pour obtenir un paiement de 60 euros par hectare, et cinq points ou plus pour 80 euros par hectare. En agriculture biologique, le paiement est de 110 euros par hectare. Un minimum de 10 % de la sole en céréales d’hiver (blé, orge, avoine…) rapporte 1 point. Idem pour les céréales de printemps (maïs, orge de printemps…). 7 % de la sole en oléagineux d’hiver (colza) rapporte également 1 point. Une surface cultivable composée entre 5 et 30 % de praires temporaires et de jachères rapporte deux points. Un assolement colza-blé-maïs n’est donc pas suffisant pour toucher ces aides puisqu’il ne rapporte que trois points. Pour bénéficier des aides écorégime, il faut introduire par exemple une plante fixatrice d’azote sur 5 % minimum de la surface arable, ou au moins 5 hectares. Cet apport permet de gagner 2 points, ce qui porte le total à 5 points. Le producteur peut alors toucher 80 euros par hectare de prime écorégime et les 105 euros par hectare de l’aide à la production de protéagineux. D’autres productions permettent aussi d’augmenter son nombre de points afin d’accéder à ces aides : plantes sarclées (pommes de terre, betteraves), oléagineux de printemps (tournesol), légumes de plein champ, sarrasin, maïs doux… Un minimum de prairies (temporaires ou permanentes) et de jachères permet aussi d’obtenir des points supplémentaires. Les producteurs engagés dans des démarches de certification peuvent prétendre aux aides écorégime sans passer par la diversification des cultures (60 €/ha pour une certification CE2 +, 80 €/ha pour les exploitations HVE).
Quel protéagineux choisir ?
Le pois, la féverole et le lupin sont les trois protéagineux susceptibles d’entrer dans les nouvelles rotations écorégime des exploitations bretonnes, selon Céline Bruzeau ingénieure agronome à la Chambre d’agriculture de Bretagne. Le pois est une culture bien adaptée à la région. Elle est cependant pénalisée sur certaines parcelles par la présence d’aphanomyces, un agent pathogène qui provoque le pourrissement de ses racines. La féverole et le lupin sont également des cultures propices aux terres du Grand Ouest. Mais leurs graines contiennent parfois des facteurs antinutritionnels qui limitent leur incorporation dans les formules d’aliment. Dans le Sud-Ouest, la culture de soja se développe, sous l’impulsion notamment de la coopérative Euralis qui valorise les graines en tourteaux dans son usine de trituration.