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Économies d’énergie
La lisiothermie fait ses preuves sur le terrain

La chaleur du lisier peut être récupérée au moyen d’une pompe à chaleur pour chauffer les bâtiments d’élevage. Ce procédé, déjà installé dans quelques élevages, permet de faire des économies d’énergie.

Les tuyaux en polyéthylène contenant un fluide caloporteur sont noyés dans la dalle des fonds de fosse pour récupérer les calories du lisier (ici, un bâtiment vendéen construit en 2016).
© Boissinot élevage

Le principe de la lisiothermie repose sur une pompe à chaleur qui capte les calories du lisier au moyen d’un circuit posé sous la dalle béton des pré-fosses. L’eau peut ainsi être chauffée à 50 °C avant d’être acheminée vers les bâtiments d’élevage. Les premières réalisations en élevage font état d’un retour sur investissement compris entre huit et neuf ans, avec un coût de l’électricité de 0,12 €/kWh. Il baisse de 1,7 an si le tarif d’électricité monte à 0,15 €/kWh, ce qui risque de se produire ces prochaines années. La lisiothermie représente donc une solution intéressante à mettre en œuvre lors de la construction d’un nouveau bâtiment pour réduire sa facture énergétique. Retour d’expérience dans deux élevages où la lisiothermie en fond de fosse, installée depuis plus de deux ans, a permis d’atteindre les objectifs d’économie d’énergie prévus.

Un temps de retour sur investissement de 8,2 ans

Au Gaec de Kerbriec à Lanrivoaré dans le Finistère, le réseau de captage des calories du lisier se trouve sous le bâtiment de post-sevrage construit en octobre 2016. Il est composé de 2 km de tuyaux en polyéthylène fixé à un petit treillis noyé dans la dalle de béton du fond de fosse de 10 cm d’épaisseur. La pompe à chaleur affiche une puissance de 27 kilowatts (kW) pour 900 places de post-sevrage à chauffer, soit 30 Watts par place. Elle permet de chauffer les trois salles de post-sevrage via deux aérothermes par salle.

Depuis la mise en route du bâtiment, la consommation moyenne de chauffage en post-sevrage est estimée, d’après le compteur électrique, à 23 kWh/place/an en prenant en compte un coefficient de performance de 4,15 pour la pompe à chaleur. Une économie de 61 % est donc réalisée sur ce poste par rapport à la référence de 60 kWh/place/an (source : URE Ademe, 2008). Avec un coût électrique de 0,12 €HT/kWh, près de 4,40 €/place sont ainsi économisés. Le coût à l’installation est de 30 882 euros, incluant la pompe à chaleur, le dispositif de captage des calories, le circuit eau chaude et les aérothermes. En prenant en compte la consommation de la pompe à chaleur, le temps de retour sur investissement est ainsi estimé à 8,2 ans.

Les aérothermes développent une puissance nominale de 24 kW. La température de consigne chauffage est fixée à 29,5 °C pendant la première semaine de post-sevrage pour finir à 24,5 °C 40 jours plus tard selon une courbe définie au niveau du boîtier de régulation. Une arrivée d’air comprimé installée au pied de chaque aérotherme facilite leur entretien. Un échangeur d’air situé dans la gaine de ventilation centralisée assure également le préchauffage des salles en ramenant l’air neuf réchauffé au niveau du couloir de service. La prise d’air neuf vers les salles se fait depuis ce couloir les trois premières semaines. Ensuite, quand les animaux sont plus gros, la prise d’air se fait depuis le comble. L’air entre dans la salle par une fente sur couloir. Le bâtiment est particulièrement bien isolé, avec au plafond une couche de 5 cm de mousse en polyuréthane de classe D sur laquelle reposent 10 cm de laine de verre.

Gaec de Kerbriec

Groupement : Evel’up
185 truies NE
52 places en maternité
900 places en post-sevrage
1 600 places en engraissement
60 places en verraterie-gestante
Conduite 7 bandes, sevrage à 21 jours

53 % d’économie de chauffage en maternité et en post-sevrage

Le post-sevrage et la maternité collective de 700 truies de la SCEA de Gauffro, à Monteneuf dans le Morbihan, ont été construits en 2015 suite à la mise aux normes bien-être. Ils sont aujourd’hui chauffés à partir de la chaleur du lisier captée par un réseau de 6 km de tuyau polyéthylène, situé sous les 1 400 m² de la dalle béton du post-sevrage de 2 800 places. Depuis la mise en route, 53 % d’économies d’énergie ont été réalisées sur le poste chauffage en maternité et post-sevrage. Cela correspond à une consommation de 45,6 kWh par place de porcelet par an par rapport à une référence de 83,1 kWh par place de porcelet par an pour un ensemble maternité - post-sevrage (Source : URE Ademe 2008). En considérant un coût de 0,12 € HT/kWh, l’éleveur a donc économisé 4,50 € par place de porcelet par an. La pompe à chaleur comporte deux compresseurs qui travaillent en alternance ou simultanément selon la puissance demandée. La température de consigne du chauffage est toujours réglée un degré au-dessus de la température de consigne ventilation. Les huit aérothermes utilisés en réseau fonctionnent à une puissance nominale de 15 kW pour chaque appareil, pour un régime d’eau 50/40. Les salles sont d’abord chauffées à 30 °C au démarrage, pour finir à 24 °C en fin de post-sevrage. En maternité, des plaques eau chaude montées en séries de cinq sont réglées à une température fixe de 35 °C. Le chauffage est complété par l’installation de deux lampes (175 W) les 24 premières heures de la mise bas. Après quoi, une seule lampe est conservée jusqu’au sevrage. Un échangeur de chaleur localisé dans la gaine centralisée et une isolation des murs en panneaux « sandwich » (béton - isolant - béton) complètent le dispositif d’économies de chauffage de l’élevage. Le coût de l’installation s’élève à 86 134 euros. Le temps de retour sur investissement est estimé à 8,7 ans, en prenant en compte un coût d’électricité de 0,12 €/kWh et un coefficient de performance moyen de quatre pour la pompe à chaleur.

SCEA de Gauffro :

Groupement : Evel’up
700 truies NE
120 places en maternité
2 800 places en post-sevrage
5 500 places en engraissement
560 places en verraterie-gestante
Conduite 10 bandes, sevrage à 21 jours

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