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Des contrastes régionaux entre l’élevage et l’abattage

Selon les régions françaises, les volumes abattus ne correspondent pas toujours au nombre de porcs produits. Cette situation reflète des dynamiques de production et d’abattage contrastées.

La production de porcs charcutiers en 2017 a atteint 22,7 millions de têtes en France (1) selon la base de données nationale Bdporc, soit 300 000 têtes de plus que les abattages. Cependant, à l’échelle des régions, la production de porcs charcutier ne correspond pas forcément aux capacités d’abattage. Trois grandes régions peuvent être distinguées. Le Grand Ouest (Bretagne, Pays de la Loire, Basse-Normandie et Poitou-Charentes) concentre les trois quarts du secteur porcin français. La production équivaut sensiblement aux volumes abattus. Le Sud de la France souffre d’un manque d’élevages. Dans le Nord (Hauts-de-France, Grand Est et Haute-Normandie) l’élevage reste dynamique, malgré un déficit des capacités d’abattage. Les coûts de transport moyens des porcs charcutiers jusqu’aux abattoirs sont ainsi plus élevés pour les élevages du Nord (4,30 euros par tête en 2017, soit moins de 5 centimes par kilo de carcasse). Mais les écarts avec les autres régions restent mesurés (3 euros par tête en moyenne en France, soit un peu plus de 2 centimes par kilo de carcasse). À l’échelle nationale, la distance moyenne par la route entre les abattoirs et les élevages auprès desquels ils s’approvisionnent a augmenté de 5 kilomètres depuis 2014, pour atteindre 120 kilomètres en 2017. Pour la filière porcine française, les enjeux sont donc très différents d’un territoire à l’autre, d’une région à l’autre.

Abattoirs et élevages concentrés à l’Ouest

La production de porcs charcutiers des élevages de l’Ouest a diminué de 347 000 têtes entre 2014 et 2017 dont plus de la moitié pour le seul Finistère. Cette baisse plus marquée semble être en partie structurelle. Les sites d’élevage dont l’activité a significativement baissé sont plus nombreux que ceux dont l’activité a significativement augmenté. La baisse de la première catégorie n’est pas compensée par la deuxième, le déficit s’élève à 115 000 têtes. Les élevages de la pointe bretonne ont subi la fermeture de l’abattoir de Lampaul-Guimiliau en 2013. Ils sont plus éloignés des sites d’abattage que leurs homologues des autres départements bretons : 126 km en moyenne en 2017 contre entre 60 et 80 km pour les trois autres départements.

En Basse-Normandie, le déclin de l’abattoir AIM depuis 2015 (finalement fermé en 2018) ne s’est pas traduit par une baisse d’activité des élevages. La production de porcs charcutiers a augmenté de 1,7 % entre 2014 et 2017 alors que la tendance était à la baisse pour les autres régions de la zone : -1,7 % pour les Pays de la Loire, -2,3 % pour la Bretagne.

Déficit d’abattoirs dans le Nord

Dans le Nord de la France, 1,9 million de porcs charcutiers ont été produits en 2017, contre 900 000 abattus. Environ un tiers du surplus est exporté en vif vers l’étranger. Le reste est abattu dans d’autres régions françaises. Les élevages nordiques sont dans l’ensemble plus éloignés des abattoirs que ceux du Sud et de l’Ouest, avec une distance moyenne de 189 kilomètres en 2017. Cet éloignement n’a pas empêché la production d’augmenter de 121 000 têtes en quatre ans, soit +2,3 % par an en moyenne. L’Alsace, le Nord-Pas-de-Calais et la Picardie bénéficient par ailleurs d’abattoirs de taille intermédiaire (100 000 à 500 000 porcs par an) à Saint-Pol (Pas-de-Calais) et Holtzheim (Bas-Rhin).

Déficit d’élevages dans le Sud

À l’inverse du Nord, plus de 20 % des 4 millions de porcs abattus chaque année dans le Sud sont élevés dans les régions du Nord et de l’Ouest. Le déficit s’est aggravé de 159 000 têtes depuis 2014 pour atteindre 943 000 têtes en 2017. Un quart des porcs charcutiers abattus dans le Sud provenait d’élevages situés à plus de 280 kilomètres de l’abattoir.

(1) France métropolitaine hors Dom-Tom et Corse.

En savoir plus

Bdporc notifie les mouvements des animaux

Les bases de données nationales d’identification recensent des données exhaustives sur les sites d’élevage et les mouvements d’animaux. Ce sont des sources d’informations très riches valorisées dans de nombreux champs d’études. Les données Bdporc sur les porcins ont ici été mobilisées pour étudier les dynamiques de production et d’abattage et la proximité ou l’éloignement des abattoirs et des élevages auprès desquels ils s’approvisionnent à l’échelle des régions. Les distances par la route entre les deux ont été calculées grâce au logiciel de calculs statistiques R et au calculateur d’itinéraire OSRM (Open Source Routing Machine). L’analyse se concentre uniquement sur les porcs charcutiers.

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