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Dans la Sarthe, le plus vieil élevage de sélection de porcs français se refait une jeunesse.

L’EARL Armaine, dans la Sarthe, a présenté son nouveau bloc naissage de 370 truies destiné à produire des grand-parentales Landrace Axiom en race pure et des parentales croisées Large White.

« Au début de l’élevage de sélection créé par mon père en 1971, les clients étaient essentiellement Sarthois », se souvient Alain Beccard, l’un des associés de l’EARL Armaine qui ouvrait les portes de son nouveau bloc naissage de 370 truies présentes sous air filtré le 7 février dernier à Evaillé, dans la Sarthe, avec l’appui de son groupement Agrial et d’Axiom. Aujourd’hui, l’élevage vend désormais 40 % de sa production à l’étranger, principalement en Asie, grâce notamment à son statut sanitaire de haut niveau (indemne SDRP, mycoplasme, actinobacillose et grippe) depuis son peuplement par hystérectomie en 1984. « Cette évolution démontre la qualité de nos produits. Elle nous permet de faire évoluer notre élevage pour produire encore mieux. La modernisation de notre élevage conforte le schéma génétique dans son objectif de produire des cochettes de haut niveau génétique », souligne l’éleveur. La création d’un nouveau bloc naissage correspond au doublement du cheptel truies permis par l’arrivée en 2014 de William Bertrand. Le bâtiment a été conçu pour une conduite en 7 bandes de 45 truies. Pour cela, les éleveurs vont disposer de deux maternités de 45 places, équipées de cases ascenseurs. « Nous devons tout mettre en œuvre pour sauver des porcelets qui ont une valeur génétique élevée, justifie Alain Beccard. Par ailleurs, le comportement des truies est largement pris en compte depuis quatre ans pour pouvoir écarter celles qui posent des problèmes » (voir sous papier). Les truies sevrées à 28 jours sont dirigées vers un bloc saillie classique, puis dans des cases gestantes de 50 places équipés de DAC individuels avec une gestion des bandes en conduite statique. Le bloc dispose également de deux salles de post-sevrage permettant de loger 960 porcelets. Malgré la faible densité porcine de la région, l’air est filtré à son entrée dans le bâtiment. Les engraissements existants seront rénovés et mis sous air filtré. Un nouvel engraissement de 1 200 places permettra de conserver tous les porcelets produits sur l’exploitation.

De la soupe à tous les stades physiologiques

La particularité de ce bloc naissage est d’utiliser la soupe pour l’alimentation de tous les animaux, truies et porcelets. « La poussière d’une alimentation sèche est l’ennemi d’un bâtiment sous air filtré », estime Alain Beccard. Tous les aliments sont fabriqués à la ferme, dans une FAF située en périphérie des bâtiments d’élevage. Les soupes sont constituées dans un local également extérieur à l’élevage. Elles sont ensuite transférées vers des cuves de distribution (une pour le post-sevrage, une pour les truies gestantes et une pour la maternité), situées dans un local au centre du bloc naissage « Utiliser un transfert pneumatique aurait été plus simple, mais il aurait fallu faire les préparations de soupe dans le bloc naissage, ce qui n’était pas compatible avec la volonté des éleveurs d’éviter la poussière », explique Jérôme Chaplain, directeur de Skiold France. La faible distance (100 mètres) et un dénivelé négatif ont achevé de convaincre les éleveurs de l’intérêt de cette solution. L’installation de soupe permet une distribution de précision, grâce à des tuyauteries de faible section (40 mm), des circuits avec peu d’angles droits et des vannes à vérin (Skiold) en maternité et en post-sevrage, plus précises que des vannes à membranes classiques. Pour chacun des DAC gestante (Aco-Funki), une vanne à membrane de conception spécifique est située à proximité immédiate du tuyau dans lequel circule la soupe, afin d’éviter une zone de démélange durant la distribution. « Quelle que soit la distance entre la vanne et la cuve, la pression est constante, ce qui permet une distribution précise calculée sur une durée d’ouverture précise à la milliseconde près », garantit Louis-Marie Audouit, directeur Aco-Funki France. Seul impératif, changer de membrane une fois par an pour maintenir un fonctionnement fiable.

Un nouveau souffle pour la lignée Landrace Axiom

L’EARL Armaine fait partie de la tête de pyramide de la lignée Landrace Axiom constituée de 1 500 truies en race pure. Depuis l’arrêt de la sélection en commun des lignées françaises en septembre 2019, le schéma génétique compte faire évoluer cette lignée avec de nouveaux critères afin d’améliorer les qualités maternelles de ses truies Youna et Adénia. Pour cela, un nouveau critère appelé le GMQ qmat va être mis en place. « Ce critère synthétise la capacité de la truie à sevrer des portées nombreuses et lourdes », explique Guillaume Lenoir, responsable génétique Axiom. Le travail des sélectionneurs sur le GMQ qmat est engagé depuis 2009, date à laquelle les sélectionneurs des lignées femelles ont commencé à peser tous les porcelets individuellement à la naissance et au sevrage. Le GMQ qmat détermine le gain de poids quotidien de la portée entre ces deux pesées. Il prend en compte tous les porcelets confiés à la truie. « Ce critère va donc dépendre des capacités laitières des truies pour produire des porcelets plus lourds, mais aussi de leur aptitude à les conserver jusqu’au sevrage », indique Guillaume Lenoir. Un porcelet qui décroche ou qui meurt en cours de lactation va pénaliser la valeur génétique de sa mère. « Ainsi, une truie qui a un potentiel prolifique moins élevé que la moyenne, mais qui a une bonne lactation et qui perd peu de porcelets, pourra être sélectionnée. » Ce critère représente déjà 40 % de l’effort de sélection de la lignée Taï Zumu, la grand-mère de la Youna. Il sera intégré à la sélection des truies Landrace dans le courant de l’année 2020.

Sélection sur le comportement à la mise bas

Axiom souligne la complémentarité de ce critère avec le travail réalisé sur la lignée Large White. « Cette lignée est sélectionnée essentiellement sur la prolificité et la qualité des porcelets à la naissance. La combinaison des deux lignées femelles et de la Taï Zumu permet de produire des cochettes performantes à la fois en termes de prolificité et de qualité des porcelets. » Axiom sélectionne également ses truies à l’étage de la sélection en fonction de leur comportement autour de la mise bas. « Depuis quatre ans, les sélectionneurs remplissent une grille d’observation qui permet de les noter sur des critères d’agressivité et de comportement qui peuvent engendrer des écrasements. Ces deux notations utilisées en parallèle au programme de sélection génétique nous permettent d’écarter les truies à problème et de nous affranchir du risque de biais apporté par l’utilisation des cases ascenseurs », conclut Guillaume Lenoir.

Évolution du GMQ qmat en fonction du nombre de porcelets sevrés (lignée Landrace Axiom)

Le premier critère pour augmenter le GMQ qmat est le nombre de porcelets sevrés

 
Source : Axiom.

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