"Cooperl Suite" valorise les données individuelles
Le concept développé par Cooperl, associé à l’identification des porcs par boucles RFID, ouvre des perspectives de gains de performances qui vont bien au-delà de l’objectif initial de traçabilité des données, dans le cadre du PSA.
Le concept développé par Cooperl, associé à l’identification des porcs par boucles RFID, ouvre des perspectives de gains de performances qui vont bien au-delà de l’objectif initial de traçabilité des données, dans le cadre du PSA.
Smartphone dans une main, boîtier de lecture RFID dans l’autre, Kevin Coupu, de l’EARL de La Foutelais, à Saint-Jouan-de-l’Isle, bipe la boucle jaune d’un porc. S’affiche sur l’écran du smartphone tout l’historique depuis sa naissance : l’identifiant de sa mère, son âge, son poids théorique, son carnet de santé indiquant tous les traitements et rappels qu’il a reçus…. S’il bipe la puce d’une double case de post-sevrage, il connaît le nombre d’animaux, le taux de perte, la proportion éligible aux cahiers des charges Porc sans antibiotique (PSA)… Grâce à des antennes fixées sur la bascule devant les salles de post-sevrage, les porcs sont automatiquement identifiés pour alimenter la base de données… La technologie RFID fait désormais partie du quotidien de l’EARL de La Foutelais, exploitée par Gilles Coupu, le père de Kevin. Elle fait partie du groupe de 18 élevages testant depuis 2015 l’appli Pass’Porc de Cooperl. Elle repose sur l’identification individuelle des porcs grâce à la pose d’une boucle RFID à la naissance et sur l’enregistrement sur des tablettes ou smartphones de tous les évènements qui le concernent jusqu’à l’abattage. Les données sont valorisées par la suite applicative Cooperl Suite. Via un portail web, l’éleveur accède à l’ensemble des données traitées sous forme de tableaux et de graphiques synthétiques.
Un outil d’analyses et de pilotage
Entièrement développé en interne par Cooperl, cet outil est né de la démarche PSA afin de faciliter la différenciation des porcs charcutiers ayant reçu ou pas un traitement. « Son intérêt va aujourd’hui bien au-delà de la traçabilité des données », souligne Christophe Battas, responsable de zone et en charge de son déploiement sur le terrain. « L’éleveur a bien davantage de valeur ajoutée à capter sur l’amélioration des performances. Il peut utiliser ces données comme un outil d’aide à la décision, par exemple dans le choix des réformes, des cochettes ou encore pour identifier des groupes d’animaux ayant de moindres performances de croissance… » L’identification individuelle associée à la technologie RFID ouvre en effet la voie à un immense champ de possibilités. En concertation avec le groupe d’éleveurs pilotes, les fonctionnalités de l’appli Pass’Porc ont évolué au fil du temps et continuent de s’enrichir. Dans sa version aujourd’hui mise sur le marché, l’éleveur a la possibilité d’enregistrer des évènements individuels ou collectifs (pesées, pertes, croissances, consommations, traitements). Il connaît son stock de produits pharmaceutiques, mis à jour automatiquement lors de l’émission d’une ordonnance ou à la suite d’un traitement. L’outil lui sert également pour le suivi des pathologies, par bande, par groupe, par truies… Il donne aussi la possibilité de filiation de la mère et du père. En accédant au module Reproducteurs, l’éleveur peut classer les truies en fonction des performances techniques et des frais de santé de leur portée. « Cela donne des critères de réforme plus pertinents. De même, pour le choix des futures cochettes. » Grâce au suivi du stock circulant, l’éleveur connaît précisément le nombre de porcs à chaque étape de croissance, le taux de pertes, le taux de classification selon le cahier des charges qualité. Il connaît ses prévisions d’abattage à six mois. L’application permet également le remplissage automatique des bordereaux d’enlèvement.
De nouvelles fonctionnalités à venir
D’autres modules seront ajoutés à court ou moyen terme : un module Économie pour faire un prévisionnel de trésorerie, simuler l’impact d’un futur investissement ; un module Ressources humaines pour accompagner la gestion des salariés ; un module Bâtiment pour suivre les performances zootechniques par case ou par salle via des capteurs connectés (consommation d’eau, d’alimentation, ventilation, teneur en poussières…). « L’ambition d’ici deux à trois ans est d’arriver à un suivi individuel de l’alimentation des porcs charcutiers grâce au développement d’équipements de distribution connectés. » La seringue connectée, développée en interne, permettra le suivi et l’enregistrement des doses injectées par individu. L’identification RFID des silos d’aliment facilitera le plan de chargement et limitera tout risque d’erreur humaine. L’outil, qui ne concerne aujourd’hui que les porcs en croissance et les truies en maternité, sera prochainement étendu à tous les stades physiologiques. Son module Pass’Cheptel permettra la gestion du troupeau de truies.
Pour Christophe Battas, l’appli apporte également une réponse aux nouveaux enjeux de bien-être. « Elle permettra à l’éleveur de réaliser des audits bien-être, d’apporter la preuve du respect des cinq besoins fondamentaux (absence de faim, de soif…) grâce aux alimentateurs connectés, au carnet de santé électronique… À moyen terme, l’idée est que la puce RFID puisse se substituer au tatouage. Un gain pour le bien-être de l’animal et pour le confort de l’éleveur. »
Des applications à tous les maillons de la filière
Pour Cooperl, la traçabilité pour chaque porc et à tous les maillons de la filière permet de valoriser des démarches de qualité, dont le PSA. « Cette démarche contribue à améliorer notre compétitivité, à monter en gamme et à nous différencier de la concurrence sur le marché national comme à l’export », poursuit Georges Durand, responsable de zone Cooperl.
"Grâce au partage des données, l’abattoir aura une connaissance plus fine des spécificités des porcs en cours d’engraissement, jusqu’à quatre mois à l’avance, pouvant ainsi mieux valoriser la production de ses adhérents. C’est aussi un super outil pour identifier les pratiques d’élevage associées aux porcs malodorants. »
Le coût d’acquisition de la donnée via la technologie RFID n’est pas anodin pour l’éleveur. Il faut compter 0,65 euro par boucle en plus du coût des différents appareils connectés. « Mais il sera rapidement dilué grâce aux gains permis par toutes les fonctionnalités déjà opérationnelles ou en développement. » Christophe Battas estime le retour sur investissement de 3 à 4 euros de gain pour 1 euro investi.
Enfin, à l’heure où les nouvelles générations sont de plus en plus connectées, « ces nouveaux outils du travail amènent de l’attractivité au métier, auprès des salariés comme des éleveurs. » Près de 250 000 porcs provenant des 18 élevages pilotes ont été bouclés RFID jusqu’à présent. Cooperl prévoit un déploiement à 50 élevages d’ici juin 2018 et d’étendre cette solution, à moyen terme, à un maximum d’élevages s’engageant dans des segments de gammes différenciées comme le PSA qui représente près de 2 millions de porcs.
A. Puybasset
Kevin Coupu, de l’EARL de La Foutelais à Saint-Jouan-de-l’Isle
« Des gains à tous les niveaux »
« Le concept Cooperl Suite nous aide à progresser dans notre démarche de réduction des antibiotiques, grâce à un choix plus avisé des traitements en fonction de l’historique du porc. Il permet de mieux connaître les GMQ par vanne en post-sevrage ou par salle en engraissement. Il aide à mieux sélectionner les truies à réformer ainsi que les futurs reproducteurs : les cochettes comme les verrats, l’élevage pratiquant le prélèvement à la ferme et l’insémination par hétérospermie. Je peux tracer les performances des issues jusqu’à l’abattage. En connaissant précisément le nombre de porcelets à sevrer, je gagne du temps dans la préparation des salles de post-sevrage. Je peux suivre les résultats des porcelets sevrés précocement ou adoptés.
La dématérialisation des données apporte également de la sérénité. En cas de contrôle de l’administration, j’ai l’assurance que les fiches lots informatisées sont complètes et à jour, sans risque d’en égarer. La prise en main des outils connectés et de l’appli s’est faite sans difficulté. Tout le monde s’y est mis, même les salariés plus âgés qui touchaient rarement à un ordinateur. Son utilisation est intuitive. La pose de la boucle RFID se fait au moment des soins des porcelets et est peu chronophage. Pour l’instant nous continuons de noter chaque traitement sur la fiche lot papier en plus de l’enregistrement sur l’appli. Mais avec l’arrêt prochain de la double saisie, on gagnera du temps. Enfin, on sait quelles sont les salles d’engraissement les plus performantes. Cela va nous aiguiller dans le choix des équipements de notre futur parc d’engraissement."
La technologie RFID en images
L’EARL de La Foutelais, à Saint-Jouan-de-l’Isle, comprend un élevage naisseur engraisseur de 320 truies, un atelier de vaches laitières et des cultures, soit cinq temps pleins au total. L’élevage de porcs est passé à la technologie RFID en juillet 2015. Pour cela, il s’est équipé de deux smartphones, l’un dédié à la maternité et le second au post-sevrage et à l’engraissement. La tablette est utilisée lors des saisies de textes plus importantes. Le site comprend deux jeux d’antennes (au niveau de la bascule et sur le quai d’embarquement) et une valise bluetooth portative. Bien entendu, cette technologie nécessite d’avoir accès à internet dans tout l’élevage. La synchronisation des données est réalisée deux fois par jour ainsi qu’à chaque mouvement d’animaux.