Comment gérer les porcelets surnuméraires
Le nombre de porcelets nés vivants n’a jamais été aussi élevé dans les élevages français. Mais les mener jusqu’au sevrage reste un vrai défi si la capacité d’allaitement des truies est saturée.
Le nombre de porcelets nés vivants n’a jamais été aussi élevé dans les élevages français. Mais les mener jusqu’au sevrage reste un vrai défi si la capacité d’allaitement des truies est saturée.
Avec des prolificités et des pratiques d’élevage en progrès, l’augmentation du nombre de porcelets vivants sature de plus en plus souvent les capacités d’allaitement. En 2021, 37 % des truies avaient plus de 16 porcelets vivants, c’est-à-dire souvent plus que de tétines. Or, selon une analyse des résultats de GTTT réalisée par l’Ifip, la mortalité moyenne au-delà de ce seuil dépasse 18 %, contre 11 % pour les portées de 13 à 14 porcelets.
Dans les grandes portées, les combats et tétées manquées impactent la survie et les croissances, et peuvent aussi épuiser les truies. Comment gérer au mieux ces surnuméraires ? L’Ifip fait le point sur les recommandations et les nouvelles fonctionnalités de l’outil PertMat de l’Ifip dédiées à l’analyse critique de l’allaitement.
Évaluer le nombre réel de porcelets surnuméraires
Le calcul du nombre réel de surnuméraires dans un élevage implique un bon enregistrement des mouvements de porcelets. Il doit se faire à partir du nombre réel total de tétines fonctionnelles dans chaque bande. Celui-ci varie selon les truies au cours du temps : tétines non tétées, blessées…
L’accessibilité est essentielle. Elle dépend de la morphologie des tétines (taille, écartement) et de l’aptitude des truies à bien exposer les deux rangées pendant les tétées.
Le « décrochement » des mamelles âgées est aussi très pénalisant pour l’accès aux dernières tétines arrière. La capacité réelle d’allaitement des truies doit donc être notée sur leur fiche individuelle. En pratique, le nombre de surnuméraires à prendre en charge dépendra aussi de la mortalité précoce des porcelets avant les adoptions.
Un bilan de gestion des portées de porcelets avec PertMat
PertMat est un outil web mis au point par l’Ifip qui identifie automatiquement des facteurs de mortalité avant sevrage à partir des simples données GTTT d’un élevage. Des nouvelles fonctionnalités sont proposées pour évaluer l’importance des porcelets surnuméraires et la qualité des différentes stratégies d’ajustements des portées éventuellement réalisées : adoptions entre truies de la même bande, adoptions par des truies nourrices d’autres bandes, ou sevrage précoce.
Le nombre de porcelets surnuméraires est estimé dans chaque portée en deux étapes : à partir des nés vivants, puis en tenant compte des porcelets adoptés et retirés et de différentes hypothèses de tétines fonctionnelles. L’analyse porte sur six points et les résultats de chaque élevage sont comparés à une référence.
Rechercher le nombre optimum de porcelets à allaiter
PertMat évalue la fréquence des grandes portées avant et après ajustements. En 2021, selon les données GTTT, plus de 70 % des portées ont été modifiées. Après adoptions, il reste 20 % des portées avec au moins un surnuméraire, avec des fortes variations selon les élevages. L’étude de la mortalité selon la taille des portées permet de préciser le nombre optimum de porcelets à allaiter selon les troupeaux, globalement et par rang de portée.
Les différentes stratégies de gestion sont pratiquées à des fréquences variables selon les élevages. Le recours au sevrage précoce (19 % des élevages) et aux truies nourrices (33 % des élevages) augmente avec les prolificités. Les éleveurs privilégient les truies nourrices âgées (26 % de parités 7 et plus) au détriment des primipares (6 %), dont les tétines sont pourtant plus accessibles.
PertMat fournit des résultats originaux sur les tailles des portées allaitées et les survies selon l’âge des nourrices. Le cumul des stratégies (10 % des élevages), permet de réduire la mortalité qui reste encore élevée dans les troupeaux les plus prolifiques. PerMat permet de dresser rapidement un bilan chiffré. Mais pour progresser, la diversité et la qualité des pratiques seront à évaluer dans une démarche d’audit.
Choisir la bonne stratégie alternative
Lorsque les capacités d’allaitement sont saturées dans une bande, des stratégies alternatives existent mais ne sont pas forcément applicables partout. Leur efficacité dépendra de leur qualité de mise en œuvre : prise colostrale préalable, viabilité, âge et poids des porcelets, bon choix des truies nourrices, confort, alimentation…
Les porcelets très légers ou immatures sont les plus pénalisés dans les grandes portées et peuvent bénéficier d’une prise en charge spécifique (couveuses, gavage, réhydratants ou supplémentations…). Ces pratiques sont éthiquement positives mais et leur rapport coût/bénéfice reste à évaluer en élevage.
Repères
Les bonnes pratiques de gestion des surnuméraires en 10 points
- Ajuster les tailles de portées allaitées au nombre de tétines fonctionnelles de chaque truie.
- Modifier les grandes portées de poids très hétérogènes.
- Limiter le nombre de portées modifiées en cas de problèmes sanitaires.
- Préserver la prise colostrale avec la mère biologique avant ajustement (minimum 6 à 12 heures).
- Pratiquer des tétées alternées si besoin (chauffage + isolement maxi 1 h 30).
- S’assurer de la viabilité des porcelets déplacés et adapter la prise en charge des peu viables.
- Favoriser les petits : portées homogènes, plus petites, moins de gros, petites tétines.
- Utiliser toutes des tétines des cochettes (sauf si problème de reproduction)
- Éviter les adoptions au-delà de 48 heures ou les modifications de portées répétées.
- Privilégier d’abord les ajustements intrabande, mais prévoir des stratégies alternatives en cas de saturation ou d’urgence.
Côté web
Les éleveurs qui transmettent leurs données GTTT à l’Ifip et leurs techniciens peuvent accéder gratuitement à l’outil PertMat via la plateforme Ifip-GT Direct