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Comment éviter des mises bas trop longues pour la truie?

Les pratiques d’élevages et l’alimentation sont les deux principaux leviers pour réduire la durée de mise bas et le risque de mortinatalité.

L’objectif est de ne pas dépasser une durée de 5 heures de mise bas.
L’objectif est de ne pas dépasser une durée de 5 heures de mise bas.
© D. Poilvet

Une mise bas trop longue augmente le risque de mortalité durant la mise bas. Elle représente la première cause de mortinatalité. Quatre porcelets mort-nés sur cinq naissent en effet durant la deuxième moitié de la mise bas. Une mise bas qui s’éternise nuit également à la survie des nouveau-nés. « En attente dans le canal vaginal, le porcelet s’asphyxie », a souligné Adèle Drouet, chargée de projet R et D nutrition et bien-être animal chez Terrena lors de l’Escale Porcine organisée par le groupement Porvéo.

« Plus fatigué et moins oxygéné à la naissance, sa prise colostrale sera moindre avec deux impacts possibles : une ingestion insuffisante d’anticorps maternels (risque de diarrhées néonatales) et un apport énergétique limité (risque d’écrasement). »

Pour la truie, une mise bas longue aura un impact sur son état de fatigue et sera défavorable à la montée de lait et à la production de colostrum. « L’objectif est de ne pas dépasser une durée de 5 heures de mise bas », conseille-t-elle. « Pour une portée de 18 nés totaux, cela représente un porcelet qui naît toutes les 16 minutes en moyenne. »

On peut agir sur la durée de mise bas par deux leviers majeurs, l’alimentation des truies et la conduite d’élevage.

Attention aux truies trop grasses

Il a été démontré qu’un état d’engraissement trop important avait un impact négatif sur la durée de mise bas et sur le risque de mort-nés. « Il faut viser un ELD de 18-20 mm à la mise bas, sans toutefois aller en deçà d’un seuil de 16 mm qui peut nuire à la future carrière des truies. » Cela passe par une courbe adaptée au rang et à l’état de la truie, avec une courbe en U pour limiter l’embonpoint. Les quantités distribuées doivent augmenter significativement 30 jours avant la mise bas.

Le rôle de l’aliment péri-mise bas est d’apporter suffisamment d’énergie aux truies pour faciliter les contractions et l’expulsion des porcelets. Une truie en manque de glucose dans le sang, aura une durée de mise bas prolongée. On considère que le risque de mort-nés augmente lorsque le délai entre le dernier repas et la mise bas dépasse 6 heures. « Il faut éviter les mises à jeun le jour de la mise bas et dans l’idéal, leur apporter au moins deux repas. L’aliment concentré en énergie et facilement assimilable doit être distribué en quantité suffisante. Attention à bien vérifier les doses distribuées, notamment avec la distribution en soupe."

La constipation des truies est également un facteur de risque de mise bas longue. L’apport de fibres (pulpe de betteraves, par exemple) va améliorer la durée de la mise bas et la vitalité des porcelets. « À savoir que les fibres insolubles apportées avant la mise bas jouent sur le démarrage de la parturition tandis que les fibres solubles agiront davantage sur la fin de mise bas. »

Une influence des pratiques d’élevage

Il faut par ailleurs veiller à limiter le stress des truies lors de leur manipulation des truies, notamment à l’entrée en maternité. Ce dernier peut induire une augmentation du cortisol qui aura un effet sur la durée de mise bas et la production de lait.

« Il ne faut pas s’interdire de fouiller les truies, dès lors que le délai entre deux porcelets dépasse 30 minutes et que les fouilles sont pratiquées dans de bonnes conditions d’hygiène. » De même, une assistance respiratoire peut s’avérer efficace pour sauver des porcelets asphyxiés.

A. Puybasset

 

Six points clés pour réduire la mortalité durant la mise bas

 

  1.  ELD à la mise bas de 18-20 mm
     
  2. Limiter le stress des truies avant la mise bas
     
  3. Fouille au-delà d’un délai de 30 minutes entre porcelets (attention à l’hygiène)
     
  4. Deux repas le jour de la mise bas (pas de mise à jeun)
     
  5. Apport de fibres en péri-mise bas
     
  6. Contrôle régulier des quantités d’aliment distribuées (en soupe notamment)

 

 

Benjamin Lair, SARL Morissais, 200 T NE à Moulines (Manche)

« Je n’ai plus de mises bas trop longues »

 

 
Benjamin Lair, SARL Morissais
Benjamin Lair, SARL Morissais © B. Lair

« Début 2020, nous avons constaté une augmentation de la mortinatalité. Certaines truies, jusqu’à 20 à 30 % de la bande, avaient des durées de mise bas trop longues, c’est-à-dire supérieures à 4 heures jusqu’à 10 heures dans les cas extrêmes. Plusieurs axes de travail ont été mis en place avec les vétérinaires et le technicien de Porvéo. Les mesures d’ELD à l’arrivée en maternité ont montré que certaines truies étaient un peu trop grasses.

Nous avons augmenté et ajusté les courbes d’alimentation des truies (en Dac sur paille), en passant d’une à cinq courbes (truie maigre, normale, grasse, cochette avant IA et cochette pleine). Le nombre de repas a été revu en maternité : deux repas jusqu’au plafond 7-8 jours après la mise bas puis trois repas au-delà. Nous continuons d’être présents à chaque repas pour surveiller la consommation d’aliment et d’eau. Un contrôle réalisé sur les doseurs d’aliment a montré une légère déviance. Depuis, ils sont vérifiés tous les trois mois.

L’autopsie de porcelets mort-nés par le vétérinaire a permis de distinguer ceux qui avaient respiré ou pas (faux ou vrais mort-nés) et de savoir sur quelles truies il fallait intervenir (injection de calcium pour accélérer la mise bas). Nous avons aussi réalisé des pesées de porcelet à la mise bas pour mesurer l’impact des ajustements des courbes d’alimentation. Nous avons ainsi constaté des portées plus homogènes avec moins de petits porcelets. Il y a aussi moins de mort-nés.

La comparaison des résultats sur deux périodes de 6 mois avant et après la mise en place des mesures correctives montre une hausse des nés vivants (de 16.39 à 16.88) et des sevrés (13.9 à 14.14). L’amélioration est continue : 14.8 porcelets ont été sevrés sur les deux dernières bandes. Par ailleurs, il n’y a plus de mise bas qui s’éternisent. Il n’est plus nécessaire de rester tard le jour des mises bas. C’est aussi plus simple pour faire les adoptions. On gagne du temps. »

 

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