Epandage : Avec le lisier de porc, l’argent a une odeur !
L’inflation du prix des engrais en 2022 a totalement relancé l’intérêt de l’apport de lisier sur les cultures.
L’inflation du prix des engrais en 2022 a totalement relancé l’intérêt de l’apport de lisier sur les cultures.
En 2022, quand l’ammonitrate 33,5 % culminait à 850 euros la tonne, l’apport de 65 unités d’azote par hectare par l’épandage de 200 kilos de cet engrais revenait à 170 euros par hectare.
En comparaison, l’épandage d’un lisier épandu à une dose de 30 m3 par hectare coûtait 120 euros par hectare pour un même apport d’azote disponible par la plante (1). Soit un écart de 50 euros par hectare en faveur du lisier. En revanche, avant la crise inflationniste quand le coût de l’ammonitrate n’était que de 285 euros la tonne (moyenne 2020), l’écart de coût était alors nettement en faveur de l’engrais chimique : 57 euros par hectare pour un apport de 65 unités d’azote, soit un avantage de 63 euros par hectare par rapport au lisier. Aujourd’hui, avec un prix de l’ammonitrate autour de 430 euros la tonne (2), la comparaison entre l’engrais chimique et le lisier tend à s’équilibrer.
Beaucoup d’autres intérêts
Il faut cependant souligner que ces calculs ne prennent pas en compte les autres intérêts du lisier difficiles à comptabiliser : apport d’azote organique qui n’est pas tout de suite utilisé par les plantes, de matière organique utile à la vie du sol, de phosphore (2,1 kg/m3 en moyenne), de potassium (2,5 kg/m3) et d’autres oligo-éléments. L’impact sur le chaulage n’est pas non plus comptabilisé. Fertiliser uniquement selon les besoins en azote peut conduire à surfertiliser en phosphore sans satisfaire les besoins en potassium. La solution pour améliorer la valorisation des déjections est de répartir différemment les déjections bovines et porcines et/ou de modifier la succession de cultures (selon l’épandabilité des parcelles). Ces résultats sont valables à condition d’ajuster les doses de lisier aux besoins des cultures et de respecter les bonnes pratiques d’épandage pour limiter les fuites d’ammoniac.
Anne-Sophie Langlois, Daniel Hanocq et Didier Debroize, Chambres d’agriculture de Bretagne