Une application smartphone pour gérer l’écopâturage
L’application Vigie pâturage permet d’échanger facilement des infos entre les prestataires d’écopâturage et les propriétaires des terrains. Elle permet aussi d’impliquer les riverains.
L’écopâturage prend décidément goût aux applications smartphone. Après Mon berger local, l’application qui met en lien bergers et détenteurs de terrain, c’est au tour de l’association Entretien nature & territoire de créer l’application Vigie pâturage pour gérer les prestations d’écopâturage. Après téléchargement et abonnement, le prestataire peut enregistrer ses dates de passage, ses observations, ses éventuelles interventions, indiquer les mouvements d’animaux et envoyer les photos. Le propriétaire des terrains est lui informé du passage du prestataire. « Nous avons 500 bêtes dont 400 moutons d’Ouessant et Solognot répartis chez une quarantaine de clients et plus de 70 sites, explique Paul Van Quickenborne de la société Patureco. Cette solution permet d’enregistrer toutes nos interventions dans les 70 sites où nous sommes. Que ce soit moi ou mon collègue, nous indiquons le nombre d’animaux, les anomalies, les traitements vermifuges, les apports de fourrages ou de minéraux. Nous prenons aussi des photos des animaux ou du terrain pour voir l’évolution de la végétation. » Satisfait du système, Patureco a supprimé l’enregistrement sur carnet l’an dernier. Intervenant dans les collectivités des Hauts-de-France, l’entreprise a passé les codes à certains services techniques pour qu’ils préviennent directement, en cas de clôture défaillante par exemple.
Un outil pour montrer facilement son activité
L’application peut aussi inviter les habitants d’une commune écopâturée à devenir « veilleur » ou « parrain ». Les riverains des zones écopâturées peuvent ainsi noter des observations, signaler des anomalies ou envoyer des photos. Ces informations remontent, par mail ou notification, autant au propriétaire du terrain qu’au gestionnaire des animaux. Une façon d’impliquer et d’éduquer davantage le grand public. « Cet aspect collaboratif est encore en test et il demande une vraie pédagogie, explique Pierre-Alexandre Noury. Mais cela peut être un bel outil de sensibilisation et d’animation dans le cadre d’éducation des populations à l’environnement. »
Sur PC, tablette ou smartphone IOS ou Android, l’outil numérique est facturé de 120 à 1 500 euros selon le nombre de sites. Actuellement, une dizaine de clients utilisent l’application mais Entretien nature & territoire espère augmenter le nombre d’utilisateurs car « les prestataires ont besoin de se justifier auprès des clients et cela devient vite complexe quand il y a une diversité de sites pâturés ».
Partenaires
L’association Entretien nature & territoire propose appuis et formations aux écopâtureurs. L’application Vigie pâturage est à découvrir sur vigie-paturage.com
Annuaire et label d’écopâturage
Vincent Bourrel et Pierre-Alexandre Noury travaillent depuis 10 ans sur l’écopâturage. Leur site Animal & cité recense une centaine de prestataires d’écopâturage avec moutons en France. La liste sur animal-et-cite.com classe les professionnels par département, par espèce animale utilisée et en fonction d’une grille d’évaluation du professionnalisme vis-à-vis des animaux. « Le label est renouvelé tous les deux ans et nous évaluons 18 thématiques comme la sécurité, le suivi sanitaire des animaux, la formation du personnel ou les actions pédagogiques, le tout pour développer un écopâturage responsable », explique Pierre-Alexandre Noury. Il peut s’agir d’une autoévaluation ou d’un audit plus poussée d’une journée contre un forfait annualisé de 80 euros (hors frais de déplacement). Le site animal-et-cite.com recense également les professionnels des poulaillers urbains, de l’apiculture urbaine, de la traction animale, des animaux acteurs, de la médiation animale et les fermes pédagogiques et itinérantes.
« Les prestataires d’écopâturage sont aujourd’hui plutôt des entreprises du paysage, des bergers urbains, des personnes en reconversion ou des associations d’insertion, observe Pierre-Alexandre Noury. Les éleveurs sont encore peu présents car prestataire d’écopâturage est un métier différent de celui d’éleveurs avec des compétences propres. Les éleveurs ont pourtant de vrais savoir-faire sur l’entretien du territoire et l’écopâturage peut être une source de revenu qui renforce aussi le lien avec la collectivité. »