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Fédération nationale ovine
Une AG à distance mais des combats qui ne manquent pas pour la FNO

Le nouveau bureau de la FNO entend défendre l’élevage ovin sur les questions de la PAC, des traités internationaux, des prix, de la contractualisation ou de la prédation.

Initialement prévue le 22 avril, l’assemblée générale de la Fédération nationale ovine s’est tenue le 21 septembre en visioconférence en plus de certains membres du bureau restés sur Paris. Cette réunion à huis clos a permis d’élire le nouveau bureau de la FNO avec un binôme féminin à sa tête : Michèle Boudoin, réélue comme présidente, et Brigitte Singla, éleveuse de brebis laitières dans l’Hérault, secrétaire générale. L’équipe se veut une représentation équilibrée entre les systèmes, les productions (lait et viande), les territoires et les modes de commercialisation. Même si tous sont restés frustrés de cette distanciation imposée, les administrateurs du syndicat ont été assidus pour échanger sur les défis de l’élevage ovin post-Covid-19.

Maintien des aides couplés et reconnaissances de l’existant

La réforme de la PAC est l’un des premiers d’entre eux. Le Covid-19 a retardé les négociations de la future PAC et chaque État membre va prochainement donner les derniers arbitrages à son plan stratégique national. Pour la FNO, il s’agit de préserver les aides couplées tout en demandant la rémunération des pratiques favorables à l’environnement. La Fédération défend le bilan des aides couplées mises en place depuis une décennie en rappelant que l’aide ovine a permis de maintenir des éleveurs et des brebis dans des zones difficiles. « L’aide couplée n’est pas captée par l’aval et elle demeure nécessaire tant que la filière restera fragile, affirme Michèle Boudoin, la présidente, en demandant de sacraliser les 125 millions d’euros de l’aide ovine. On a besoin d’une aide ovine forte et structurante. Pour un élevage moyen à 450 brebis, c’est 12 000 euros d’assuré en moyenne. S’il n’y avait pas eu cette aide, nous ne serions pas aussi nombreux aujourd’hui et nous ne pourrions pas prétendre vouloir renouveler les générations d’éleveurs ». La FNO demande aussi que cette aide ovine soit vertueuse, dans le sens où elle encourage à la production, en la conditionnant à un ratio minimum d’un agneau produit par brebis. Mais dans un contexte difficile pour tout le monde agricole, le syndicat ovin doit parfois jouer des coudes auprès des autres productions pour se faire entendre par les pouvoirs publics.

Durabilité, résilience et adaptation : maîtres mots de la FNO

La FNO demande aussi à bénéficier des Echoschemes, une aide du premier pilier de la PAC qui doit rémunérer les pratiques favorables à l’environnement via un forfait et de façon facultative pour les agriculteurs. Avec les autres associations d’éleveurs de ruminants, la FNO s’active pour que l’existant soit reconnu. « Les éleveurs ovins contribuent largement au bien public », rappelle Brigitte Singla, la nouvelle secrétaire générale de la fédération ovine, en citant la biodiversité, le stockage de carbone dans les prairies, les éléments paysagers, la contribution au tourisme, la souveraineté alimentaire ou encore l’emploi dans les territoires.

Négociation en pause avec la Nouvelle-Zélande

Au niveau international, la FNO souffle un peu avec le report des accords de libre-échange avec la Nouvelle-Zélande. « À force de montrer qu’on est à moins de 80 % d’autosuffisance européenne et d’expliquer notre fragilité avec le départ du Royaume-Uni, on a mis la direction européenne du commerce devant ses contradictions, explique Michèle Boudoin qui alerte sur les incertitudes du Brexit. Comment autoriser des contingents supplémentaires avec un pays à 22 000 km alors qu’on n’a pas négocié le Brexit avec nos si proches voisins britanniques ? Les modalités du Brexit sont encore complètement incertaines et personne ne sait quelle sera la nature de nos relations commerciales avec le Royaume-Uni après sa sortie de l’Europe. Nous ne baissons pas la garde avec la Nouvelle-Zélande car les négociations reprennent normalement en janvier ». Espérons aussi qu’après le confinement et les échanges perturbés, les enjeux de souveraineté alimentaires risquent d’être davantage présents à l’esprit des négociateurs européens.

La crise sanitaire a en effet fait ressortir la volonté de consommer local et de qualité. Et cette demande d’agneau local tire actuellement les cotations françaises. « Encore plus qu’hier, la filière a besoin de sécuriser la ressource, assure Patrick Soury, vice-président de la FNO et nouveau président d’Interbev ovin. Pour sécuriser le prix, il faut éviter l’effet yoyo. Un certain nombre d’opérateurs et d’enseignes sont à la recherche d’agneaux français et sont prêts à pérenniser cet approvisionnement. À nous de sécuriser cette fourniture en proposant une contractualisation qui stabilise les prix à un niveau correct ». Par ailleurs, président du programme Inn’ovin, Patrick Soury rappelle aussi que les futurs producteurs ont besoin de lisibilité sur leur revenu pour se projeter.

Si la FNO se réjouit des cours élevés actuels, ce n’est pas pour autant le seul levier pour assurer le revenu des éleveurs. « Les éleveurs ont encore intérêt à travailler sur leur coût de production, leur autonomie alimentaire, leurs brebis improductives, leurs résultats techniques ou leur productivité », promet ainsi Claude Font en rappelant l’intérêt de l’accompagnement technique qui doit être considéré comme un investissement. « On est attendu par les opérateurs qui ont besoin d’un volume garanti d’agneaux français », confirme Patrick Soury. Plus que jamais, c’est un travail collectif qui doit se mettre en place dans la filière pour produire des agneaux de qualité.

La prédation met trop de pression sur les éleveurs

La prédation a aussi largement occupé les éleveurs administrateurs. Avec 580 loups recensés en 2020 et près de 12 500 victimes en 2019, le loup accentue sa pression de prédation. Avec une inquiétude supplémentaire pour les nouveaux départements touchés comme la Haute-Saône, la Saône-et-Loire ou le sud des Vosges qui sont des zones de bocage avec de petites troupes ovines mais de hauts niveaux génétiques. Si la FNO a rencontré à de nombreuses reprises les autorités, et notamment le préfet coordonnateur du plan loup, elle n’a hélas pas réussi à faire enclencher directement des tirs de prélèvement dans ces zones. Cependant, certaines exploitations ne sont pas protégeables, de par la topographie ou le parcellaire éclaté, et si elles sont reconnues comme tel en amont, il est possible d’envisager des indemnisations et des tirs de défense sans mettre en place des mesures de protection. Sur les zones touchées historiquement, faire appel à la brigade loup reste hélas l’une des seules solutions pour faire baisser la pression de prédation.

Avec près de 1 200 victimes indemnisées en 2019, les attaques d’ours sont de plus en plus nombreuses. Rejetant fortement sa présence, les éleveurs Pyrénéens refusent de participer au groupe ours. Les 150 lynx présents dans le Jura et les Vosges ont aussi fait une centaine de victimes ovines l’an dernier. Un Plan national d’actions lynx est en cours d’élaboration. Comme s’il en manquait encore, les vautours semblent attaquer de plus en plus les agneaux et les veaux vivants, ce que refuse d’admettre l’administration, fermant ainsi la porte aux indemnisations et à une gestion rationnelle du problème. Le développement des vautours pose d’ailleurs la question des placettes d’équarrissage naturel. En mettant des cadavres à disposition des nécrophages, les vautours se sont naturellement multipliés au point d’être maintenant surabondants sous prétexte d’économiser un peu d’équarrissages.

En retraçant ces activités 2019, la FNO a aussi évoqué les pistes de développement de l’agrivoltaïsme ou de l’écopâturage. « On a connu les effets de la mondialisation il y a trente ans, retrace Michèle Boudoin. Les éleveurs ovins ont dû faire preuve d’adaptation et de résilience. Beaucoup d’entre nous doivent avoir un autre atelier en plus des ovins pour casser la croûte. Cette ouverture nous pousse à trouver d’autres ressources associées que ce soit par l’agrivoltaïsme ou l’écopâturage. C’est dans notre ADN et cela va dans le sens des demandes de la société d’aujourd’hui. »

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