Tech-ovin de Bellac
Tech-ovin, un salon en pleine forme pour ses vingt ans
Les 4 et 5 septembre, s’est tenu à Bellac le rendez-vous tant attendu de la filière ovine. Pour ses 20 ans d’existence, Tech-ovin a misé sur la jeunesse et la passion du métier.
Les 4 et 5 septembre, s’est tenu à Bellac le rendez-vous tant attendu de la filière ovine. Pour ses 20 ans d’existence, Tech-ovin a misé sur la jeunesse et la passion du métier.
La onzième édition de ce qui devient le premier salon du mouton européen a rassemblé près de 240 exposants et 14 390 visiteurs selon les organisateurs. Avec une fréquentation en légère baisse par rapport à l’édition précédente (environ 1 000 entrées de moins), Tech-ovin n’a pas dit son dernier mot. De nouvelles animations se sont ajoutées au programme déjà chargé des années précédentes. Au pôle viande, les visiteurs ont pu assister le mercredi 4 septembre à un concours de boucherie très animé. Une dizaine d’équipes s’est affairée à transformer un agneau sous signe de qualité de Nouvelle-Aquitaine en une belle vitrine. Dans chaque équipe, sous les encouragements de leur manager, un apprenti et un boucher ont joué du couteau pendant cinq heures pour désosser, parer, ficeler, larder et présenter la viande. Et c’est Sylvain Chable, un boucher de Tours, et son apprenti, Lazar Javorak, qui s’en sont le mieux sortis. Le lendemain, la viande était en dégustation et en vente. « Le concours a été très suivi par les médias grand public, se réjouit Claude Souchaud, président de l’Aposno, l’association organisatrice du salon. Nous ouvrons nos portes à d’autres corps de métier qui sont directement concernés par la production ovine. » La viande d’agneau a reçu les honneurs qu’elle méritait et a été cuisinée de mille et une manières sur l’ensemble du salon. Lors de l’inauguration, les officiels et les journalistes ont pu se régaler d’agneau façon kebab, « une manière simple de cuisiner cette viande réputée pour être longue à cuire », explique le chef derrière son barbecue.
1 500 euros le border collie
À 300 mètres de là, le pôle des chiens de troupeaux s’est aussi activé autour des démonstrations et de la vente aux enchères, une première en France, de six jeunes chiens à la génétique connus et déclarés sur troupeaux. « En proposant des chiens déjà dressés ou prêt à être dressé, nous pouvons faire gagner un temps précieux à de jeunes éleveurs qui s’installent ou à d’autres en panne de chiens, explique Louis Penicaud, trésorier de l’Association d’utilisateurs de chiens de troupeau de Haute-Vienne. Nous voulons aussi porter le message qu’un éleveur n’est pas seul avec son chien. Il y a des associations, des formateurs, un réseau qui peut l’aider à bien faire. » Dans une ambiance survoltée, cinq des six chiens sont partis à des prix allant de 1 250 à 1 750 euros. Pour Honorine Mahé qui vient d’acquérir Poc, un border collie de sept mois, pour 1 500 euros, « nous avons besoin d’un chien rapidement pour notre ferme avec moutons, bovins et volailles. Nous avons choisi un outil de travail qui nous ressemble, calme et sociable ». La jeune femme de 27 ans poursuit, encore ému de son acquisition, « nous allons travailler avec lui tout l’hiver et nous commençons dès le 17 octobre avec une formation dans la Sarthe ».
Démonstration et innovation, les clés de l’exposant
Des astuces à moindre de coût et faciles à reproduire
Des scolaires très mobilisés
Pour le président de Tech-Ovin, Claude Souchaud, cette 11e édition est une réussite malgré une fréquentation moindre le premier jour. « Les exposants sont satisfaits et le nombre de visiteurs s’est finalement équilibrée avec le deuxième jour. » Pour lui, c’est avant tout la qualité des personnes qui se rendent à Tech-Ovin qui fait tout l’intérêt de ce salon : « les gens sont des passionnés, tous très intéressés, c’est ça qui fait que ça fonctionne. Et cette qualité nous conforte dans l’idée de poursuivre ! » Cette année, la jeunesse était à l’honneur avec plus de 800 collégiens, lycéens et étudiants qui ont foulé les allées du salon. Pour Patrick Soury de la FNO, cela montre un regain d’intérêt du corps enseignant agricole pour la filière ovine et pourrait ainsi susciter des vocations chez les apprenants. « Inn’ovin Nouvelle-Aquitaine a réalisé une prouesse en soutenant et accompagnant financièrement et pédagogiquement autant d’établissements scolaires », se réjouit le président d’Inn’ovin, très mobilisé sur la question du renouvellement des générations. Tech-ovin suit toujours son fil rouge avec la présence de plus en plus de technologies innovantes. « Les éleveurs sont davantage intéressés par les outils et les idées qui aident au quotidien pour contrer la pénibilité du travail », remarque Michèle Boudoin, présidente de la FNO, pour qui le salon est un moment convivial où les barrières tombent et où chacun s’exprime librement.
Trouver des perspectives pour la production
La présidente de la FNO n’en a pas pour autant oublié son devoir et les problématiques de la filière ont été exposées aux décideurs politiques présents. « La conférence sur le loup a fait salle comble et a été riche en échange et nous a montré à quel point le problème dépasse les frontières françaises », réagit-elle. La présidente de la FNO a tenté d’insuffler un peu d’espoir sur ce dossier complexe : « l’opinion publique peut changer quand on parle avec le cœur. À nous de trouver des bons influenceurs pour parler de nos vies au grand public et aux élus. Plus la prédation va coûter cher aux pays européens, plus ils y regarderont de près. » Les visiteurs du salon viennent trouver des perspectives pour l’avenir de la production pour faire face au réchauffement climatique, aux attentes sociétales… c’est pourquoi le bio et la valorisation de la laine avaient une place importante parmi les 60 mini-conférences. « Les sujets abordés sont variés et répondent à des questionnements réels des moutonniers, c’est pourquoi la participation est importante », apprécie Patrick Soury. Malgré les difficultés traversées par la filière ovine, les éleveurs sortent de Tech-ovin avec le sourire et la satisfaction d’avoir trouvé réponses à leurs questions. Pour Claude Souchaud, « c’est signe que nous avons le droit d’organiser la 12e édition ! »
« Ça fait cher au kilo ! »
« Mais on ne parle pas du prix au kilo, on parle de l’avenir génétique de ton troupeau ! »
Une discussion enflammée entre un sélectionneur et un acheteur, intéressé par ses béliers au carrefour génétique ovin, qui s’est tenu à Bellac le 5 septembre. Cependant, les affaires se font rares et discrètes, les sélectionneurs sont inquiets, à l’instar de Jean-Claude Thomas, venu du Cher pour vendre des Southdown, pour qui la journée commence doucement : « J’ai fait peu de vente pour l’instant. La conjoncture et la sécheresse n’incitent pas les éleveurs à renouveler leurs béliers. » Trois cases plus loin, Jean-Christophe Réau ne trouve pas non plus preneur pour ses béliers Charmoise. L’éleveur des Deux-Sèvres semble fataliste : « les gens n’achètent plus de béliers, le système marche dans le mauvais sens. On ne prend plus le temps pour élever les agneaux, on les bourre de céréales. Même choses pour les reproducteurs ! » Pourtant cette foire est une chance. « Je viens de la Drôme et nous n’avons pas de foire de cette ampleur », témoigne par exemple Frédéric Gontard.
La Nouvelle-Aquitaine se dote d’une nouvelle feuille de route Néo terra , la premiere d’une longue série pour chaque production agricole. À l’occasion de l’inauguration de Tech-Ovin, Patrick Soury et Alain Rousset, respectivement président de l'Association régionale ovine Nouvelle-Aquitaine et président de la région Nouvelle Aquitaine, ont cosigné cette feuille de route. Celle-ci dessine quatre axes balayant un large spectre de thématiques. Sortie des pesticides avec plus de pratiques agroenvironnementales, adaptation au changement climatique, valorisation du bien-être animal et diminution des traitements médicamenteux, pérennité et résilience de la filière ovine sont les objectifs de ce plan de filière régional.