Un partenariat céréalier-éleveur hors normes
Cela fait quatre ans que Cédric Cormier fait pâturer ses couverts végétaux et luzernes par les brebis d’un éleveur voisin. Le céréalier n’y voit que des avantages pour ses cultures et envisage même de modifier son assolement.
Cela fait quatre ans que Cédric Cormier fait pâturer ses couverts végétaux et luzernes par les brebis d’un éleveur voisin. Le céréalier n’y voit que des avantages pour ses cultures et envisage même de modifier son assolement.
Céréalier à Yèvre-la-Ville dans le Loiret, Cédric Cormier est progressivement devenu un inconditionnel des brebis grâce au partenariat (uniquement oral et sans échange monétaire) qu’il a mis en place avec Baptiste Nicolle, éleveur et céréalier à une quinzaine de kilomètres. Les premières brebis sont arrivées en 2018 pour pâturer les couverts végétaux. « Cela faisait plusieurs années que je cherchais mais il n’y a plus d’élevage ici, dans le Gâtinais, explique-t-il. J’étais persuadé que la réintégration des couverts sous forme de déjection était plus efficace que le broyage. » Depuis, il reçoit chaque année entre 100 et 500 brebis une partie de l’automne et de l’hiver. Elles pâturent les couverts, les luzernes et parfois les colzas. Et Cédric n’y voit que des avantages : « depuis que les couverts sont détruits par les brebis, les tracteurs restent sous le hangar avec les économies qui vont de pair. En plus, j’ai remarqué qu’il y avait beaucoup moins de limaces au printemps par rapport au broyage. »
La dernière coupe des luzernes destinée à la déshydratation est réalisée en septembre. Les brebis les pâturent d’octobre à la fin janvier. « La reprise de végétation au printemps est plus précoce sur les luzernes pâturées », argumente Cédric. Les brebis de Baptiste passent aussi sur les colzas grains. « Ils repartent beaucoup mieux et j’ai aussi vu un impact sur les larves d’altises que j’ai comptées : sept larves par plante non pâturée contre aucune pour les colzas pâturés ». Enfin, Cédric souligne un impact positif du pâturage sur les infestations de mulots dans les parcelles avec des luzernes associées aux cultures quand elles sont pâturées entre un colza et un blé ou entre deux blés.
L’implication de Cédric va au-delà de la mise à disposition de ses champs. Il pose les clôtures électriques, change les brebis de parcelles, amène l’eau. « J’y passe du temps et de l’argent mais ça me plaît. Baptiste vient voir ses brebis une à deux fois par semaine. C’est indispensable car il a un œil d’éleveur et il y a des choses que je ne vois pas ». Sa satisfaction tient aussi aux relations avec les habitants du village. « C’est la balade du dimanche avec les enfants. C’est un plus de voir les voisins se promener dans les champs et de discuter avec des gens que je ne verrais pas sans la présence des brebis. Je peux ainsi leur parler de mon métier ».
Cédric et Baptiste envisagent de nouvelles évolutions dans leur partenariat. « Il faut absolument que je réussisse les couverts, ce qui n’a pas été le cas en 2021, regrette Cédric. J’ai fini la moisson fin août et je ne peux pas semer et moissonner en même temps. Cette année, je vais acheter les semences et Baptiste, qui a peu de céréales, viendra semer derrière la moissonneuse. Il y aurait ainsi 30 ha de couverts à pâturer en plus des 60 ha de luzerne ». Enfin, Cédric envisage d’implanter des prairies temporaires dans son assolement afin que Baptiste lui laisse des lots toute l’année en pension. Ce dernier pourrait ainsi augmenter la taille de son troupeau. Cela nécessite néanmoins encore quelques investigations afin que chacun s’y retrouve économiquement. Pour le reste, c’est déjà fait !