Symptômes, diagnostic et points de vigilance contre la coccidiose des ovins
La coccidiose est une pathologie parasitaire touchant les agneaux et présente dans la grande majorité des élevages ovins à l’état subclinique. Retour sur les conseils procurés par le vétérinaire Laurent Saboureau en webinaire Inn’ovin le 7 décembre.
« On estime que 80 à 90 % des élevages ovins sont atteints de coccidiose sans forcément en présenter les symptômes cliniques », affirme le vétérinaire Laurent Saboureau en introduction du webinaire « La coccidiose : comment la soigner et la prévenir » organisé par le programme Inn’ovin. Les coccidies sont des parasites intestinaux, dont deux espèces sont pathogènes pour les ovins : Eimeriidae ovinoidalis et Eimeriidae crandallis. D’après le vétérinaire, « il faut trois à cinq mois de contact pour développer l’immunité chez les ovins donc ce sont surtout les agneaux qui présentent des symptômes aux coccidies ». Ces pathogènes se reproduisent et se multiplient directement dans les cellules des intestins des ovins. Les cellules infectées éclatent, ce qui détériore fatalement la muqueuse intestinale. Dans l’intestin grêle, cela engendre une mauvaise absorption des nutriments, et dans le gros intestin cela diminue la réabsorption de l’eau. Au bout de quelques semaines, les agneaux développent donc des symptômes d’amaigrissement et une laine piquée. Au stade clinique, l’agneau excrète des diarrhées sanguinolentes noirâtres.
Détecter la coccidiose clinique par analyse coprologique
« Il faut prélever sur au moins cinq animaux différents, conseille le vétérinaire, et laisser le laboratoire faire le mélange. Donner les commémoratifs facilite l’analyse, donc on précise les symptômes observés, sur quels types d’animaux, en bergerie ou non, s’il y a déjà eu des cas et des traitements. En général, il y a un risque élevé de coccidiose clinique au-delà de 10 000 OPG [mesure d’intensité d’excrétion d’œufs] dans les fèces. » Plusieurs traitements curatifs existent et pour le docteur Saboureau « la coccidiose est sûrement l’un des parasitismes qui répond le mieux à la phytothérapie. Le vinaigre de cidre dilué dans l’eau de boisson (5 à 10 ml par animal sur une période de huit à dix jours) peut être absorbé sur des granulés pour les jeunes agneaux afin de favoriser sa prise ».
Une litière sèche et propre pour limiter les contaminations
Les brebis contaminées sans présenter de symptômes portent le parasite dans leurs fèces, contaminant la litière en bergerie. Les agneaux sont donc infestés par les coccidies dès leur naissance, par la litière ou par la tétée pourtant primordiale pour l’apport immunitaire du colostrum. Pour que cette contamination ne se traduise pas en infection clinique, on veillera à limiter la sporulation des coccidies dans la litière en maîtrisant l’humidité des bâtiments. « Attention aux bâtiments tunnels et aux fuites d’eau, avertit Laurent Saboureau. Paillez régulièrement et abondamment les bergeries, qu’il ne suffit pas de vider pour contrer la rémanence (de deux à cinq mois) des coccidies dans la litière. On privilégie le lavage des bâtiments au désinfectant et/ou avec de l’eau chaude sous pression. »
Attention aux strongles et aux différents stress d’élevage
Les coccidies peuvent avoir une action décuplée par la présence de strongles, qui orientent l’immunité des ovins contre eux plutôt que contre les coccidies. Ces dernières, même si présentes en faible quantité, peuvent donc causer des dégâts et provoquer une coccidiose clinique. De la même façon, comme les coccidies détruisent localement la muqueuse intestinale qui est une barrière contre les pathogènes, la coccidiose peut être la porte ouverte à une surinfection bactérienne. L’immunité face aux coccidies peut également se fragiliser lors de changements brutaux de température et des différentes étapes clé de l’élevage des ovins : sevrage, manipulations, mise à la reproduction des agnelles ou transport.