Jean-Louis Paoli, président de l’interprofession laitière ovine et caprine corse
Quels sont les leviers pour augmenter la production laitière ovine en Corse ?

« Les importations de lait de brebis en Corse s’élèvent aujourd’hui à cinq millions de litres. Nous espérons réduire ce volume à son minimum d’ici trois ans. Pour cela, l’interprofession a entrepris depuis quelque temps la modernisation de la production en équipant une centaine d’élevages en machine à traire et en silos. Nous devons poursuivre l’effort pour que tous les éleveurs puissent travailler dans de meilleures conditions, gagner en temps de traite et diminuer la pénibilité. Nous allons continuer le gros travail qui a déjà été fourni sur la génétique. Là où nous avons le plus à acquérir, c’est au niveau de l’alimentation. Les systèmes alimentaires sont extrêmement diversifiés aujourd’hui d’une exploitation à une autre. Nous allons faire une typologie de « quelle exploitation veut-on en plaine/montagne/piémont ». Cela nous permettra de mieux cerner les spécificités de chaque situation et de trouver des solutions cohérentes. Les bâtiments d’élevage doivent être plus fonctionnels. Cela permet d’une part de garantir le bien-être animal en cas d’intempéries et aussi de mieux piloter l’alimentation. Le but n’étant pas de s’orienter vers le productivisme à outrance mais déjà de mieux calibrer les rations par rapport au gabarit de la brebis corse.
Capitaliser sur les éleveurs en place pour transmettre de beaux outils
Construire et moderniser les bâtiments est aussi un moyen de rentre la profession plus attractive pour de futurs éleveurs. L’interprofession vient en appui à des lycées agricoles et des centres de formation pour sensibiliser les jeunes à la production ovin lait. Nous avons pour objectif de tracer un parcours plus clair pour l’installation et faciliter ainsi les démarches. Mais il ne faut pas se voiler la face, la pression du foncier avec la concurrence immobilière est un problème majeur pour un jeune non issu du milieu agricole. Nous veillerons à ce que les éleveurs plus âgés continuent d’investir même à l’approche de la retraite pour qu’ils puissent transmettre un bel outil et que le nouveau ne parte pas de zéro. La filière brebis laitière corse a de nombreuses attentes et je souhaite y répondre en ouvrant davantage l’interprofession aux autres bassins laitiers, avec plus de partage d’expériences via des voyages d’études et des échanges professionnels. »