Que faire de ses mauvais foins ?
Après avoir repéré les différentes qualités de fourrages, il faut les distribuer en fonction du stade physiologique. On peut aussi tenter d’améliorer les foins mais il est parfois nécessaire d’en jeter et d’en acheter d’autres.
Si le printemps doux et pluvieux de 2016 a permis une pousse importante de l’herbe, il n’a pas permis, par contre, de récolter toujours au bon stade et dans de bonnes conditions, surtout en foin. Dans les élevages, les stocks de foins sont donc importants et de qualités très variables. Malgré cette qualité médiocre des foins, il est utile d’assurer la traçabilité des lots de foins dès la fenaison. Les mauvais foins avec un risque microbiologique sanitaire important (souillures sur la plante entière versée, sénescences importantes, humidité élevée…) sont à écarter dès le départ pour une destination non alimentaire (fumier, litière…). Pour les autres, une analyse de fourrages permet d’ajuster au mieux les quantités de concentré. Une analyse simple (matière sèche, UF, PDI, calcium et phosphore) coûte entre 15 et 35 €. Il suffit pour cela de prélever un échantillon de 300 g minimum de foin sur au moins trois bottes de la même catégorie (date de fauche, espèces présentes) en privilégiant l’intérieur de la botte.
Les aérer, ajouter de la mélasse et accepter du refus
En ovin laitier, les meilleurs foins sont à destiner en priorité pour la fin de gestation et le début de lactation. À ces périodes clés, on surveillera la qualité sanitaire, la palatabilité (texture agréable) et l’ingestibilité de ces foins. Ils doivent présenter une densité énergétique d’au moins 0,5 UFL/UEM afin de n’avoir pas à distribuer trop de concentrés en fin de gestation. La faible valeur protéique des foins est techniquement plus facile à corriger que l’énergie. Si ces exigences qualitatives ne sont pas remplies, l’achat de bon foin peut se justifier pour ces périodes. C’est une pratique déjà fréquente en achat de foin de luzerne pour des élevages où cette plante est peu cultivée.
Pour les autres périodes, il est possible d’utiliser les foins de moindre qualité en les aérant pour diminuer les poussières et les odeurs et ainsi améliorer leur palatabilité. On peut aussi distribuer ces foins médiocres et hétérogènes à volonté en acceptant beaucoup de refus. Ces foins seront distribués pour la nuit de façon à donner du temps de tri et d’ingestion aux brebis. En journée, un foin de meilleure qualité est distribué avec moins de refus. Enfin, pour améliorer l’ingestibilité, de la mélasse peut être distribuée sur un foin qui ne présente aucun risque sanitaire. Il ne faut cependant pas attendre de miracle de ces techniques… De même, l’achat de bon foin financé par la vente du mauvais est illusoire. La faible disponibilité de l’offre de bon foin et la pléthore de mauvais rendent la transaction improbable.
Le foin médiocre pour les agneaux en finition
Pour les ovins viande, il suffit d’attribuer à chaque catégorie d’animaux le fourrage qui correspond le mieux à ses besoins. Cela permet de réduire la quantité de concentrés distribués tout en limitant les problèmes sanitaires. Les meilleurs fourrages sont à réserver aux lots de brebis allaitantes. L’économie de concentré peut s’élever à 600 kilos par tranche de 100 brebis pour 70 jours de lactation, soit de 90 à 180 € selon la nature du concentré. Cette pratique assure d’autre part des poids élevés des agneaux au sevrage et ainsi réduit leur consommation en concentré au cours de la phase de finition. Par ordre de priorité, viennent ensuite les lots de brebis en fin de gestation afin de préparer les lactations et avoir des agneaux lourds à la naissance. Les foins de trop bonne qualité (de type regain) distribués à volonté sont toutefois à proscrire à ce stade physiologique pour cause de risque de prolapsus. Les brebis en début et milieu de gestation peuvent valoriser les fourrages de moindre qualité s’il n’y a pas d’objectif de reprise de poids vif. Si les brebis sont en état corporel correct, l’ajout de concentré n’est pas utile. Ce type de fourrage est également adapté aux lots d’agnelles de renouvellement. Avec un apport de concentré, le développement du rumen est alors conforme aux objectifs. Enfin, du foin de qualité médiocre est suffisant pour les agneaux en finition.
Dans tous les cas, le préalable pour réaliser ces économies est de travailler avec des lots de brebis au même stade physiologique. En conséquence, tout commence par des périodes de lutte courtes associées à des diagnostics de gestation. Enfin, avant d’envisager l’achat de foin, celle de paille est préférable au niveau économique. Elle sera prioritairement distribuée aux agneaux à la place d’un foin de seconde coupe, sans pour cela augmenter l’indice de consommation en concentré de ces derniers.