Plan Loup 2024-2029, les arrêtés le mettent en action
Publié le 23 février, le plan d’actions national loup pour la période 2024-2029 est mis en application via des arrêtés cadres qui fixent les nouvelles règles de tir. Le chantier reste ouvert pour les professionnels de l’élevage.
Lors du Salon international de l’agriculture, les élus des départements alpins ont réaffirmé leur soutien aux agriculteurs qui font face à la prédation du loup. Pour appuyer leurs propos, des éleveurs ovins étaient présents pour faire part de leur quotidien et de leurs attentes vis-à-vis des pouvoirs publics, alors que le nouveau plan d’actions national loup a été publié quelques jours avant, le 23 février.
Pour la période 2024-2029, le plan loup prévoit les modalités de protection des troupeaux et de surveillance du loup. « Il est plutôt protectionniste pour les nouveaux fronts de colonisation, nous apprend Claude Font, éleveur de Haute-Loire et en charge du dossier loup à la Fédération nationale ovine (FNO). Il reste beaucoup de travail à faire sur les zones de présence historique du loup. »
Du renfort pour le tir simple
Le plan loup 2024-2029 prévoit un nouvel arrêté-cadre sur les tirs, qui approuve l’utilisation des caméras thermiques pour les éleveurs, retire l’obligation d’éclairage pour les louvetiers en leur permettant d’utiliser la lunette de visée nocturne, et autorise deux – voire trois – tireurs pour les tirs de défense simple. Malgré les mesures déjà en place, « il y a eu plus de 11 000 victimes en 2023, on n’arrive pas à être efficace », tempête l’éleveur, rompu à l’exercice des groupes nationaux loup, qui dessinent les orientations et décisions autour du plan d’actions.
Celui-ci inclut également une instruction technique aux préfets visant à accélérer les procédures de délivrance des autorisations de tirs (maximum 48 heures après attaque) ainsi que le déploiement des louvetiers (sous 48 heures si une autorisation est déjà accordée, 72 heures si une nouvelle autorisation est nécessaire). Les préfets sont également chargés de spécialiser des louvetiers sur les tirs de loups. « Les trois quarts des prélèvements ont été effectués par les louvetiers en 2023, appuie Claude Font. Il est primordial de faciliter leur intervention. »
Indemnités revues à la hausse
Enfin, les barèmes d’indemnisation des dommages causés aux élevages par la prédation par le loup, l’ours et le lynx (pertes directes) sont revalorisés de 33 % pour les ovins. Les pertes indirectes seront désormais prises en compte suivant différents paramètres pour les troupeaux touchés par la prédation.
Concernant le statut des chiens de protection des troupeaux, le Projet de loi d’orientation et d’avenir agricole (PLOA) a ajouté un article spécifique ayant pour but de sécuriser les éleveurs propriétaires de chiens. L’article concerne la nomenclature ICPE. Au-delà de neuf chiens de plus de quatre mois, les détenteurs doivent le déclarer et respecter certaines obligations, ainsi que les troubles sonores (aboiements).
Un statut de chien de protection
« Il y a aussi une révision du statut de chien de protection, auquel on ne peut pas appliquer la divagation, puisqu’il s’agit de son mode de travail, souligne Claude Font. Il faut trouver un statut plus juste, pour que les éleveurs ne soient plus seuls responsables en cas d’incidents avec les randonneurs. » Le représentant syndical s’indigne : « Des communes refusent l’attribution d’alpages car certaines conventions pastorales sont dorénavant conditionnées à l’absence de chiens de protection. »
Selon lui, la problématique majeure actuellement est l’estimation de la population de loups en France. « Tout découle de cette estimation, c’est le socle du plan loup ! » Les éleveurs restent sceptiques sur la méthode mise en œuvre par l’Office français de la biodiversité (OFB), qui repose désormais sur des analyses génétiques de prélèvements faits sur le terrain, combinées aux remontées d’indices du terrain.