L’étau de la FCO enserre la France ovine
Avec la FCO8 qui remonte du Sud depuis l’automne 2023 et l’arrivée de la FCO3 début août 2024 sur le sol français via les Ardennes, le cheptel est pris en étau par ce virus qui sème la panique chez les éleveurs ovins.
Avec la FCO8 qui remonte du Sud depuis l’automne 2023 et l’arrivée de la FCO3 début août 2024 sur le sol français via les Ardennes, le cheptel est pris en étau par ce virus qui sème la panique chez les éleveurs ovins.
Le 5 août, c’est le branle-bas de combat. Le premier cas de fièvre catarrhale ovine de sérotype 3 (FCO3) est détecté sur le sol français à cette date, dans un élevage du Nord. Les échos entendus depuis le début de l’été de l’autre côté de la frontière, en Belgique, n’avaient rien de rassurant et pour cause. Au 12 septembre, 1 929 foyers étaient recensés, répartis dans les départements suivants : Aisne, Ardennes, Haute-Marne, Marne, Meurthe-et-Moselle, Meuse, Moselle, Nord, Oise, Orne, Pas-de-Calais, Saône-et-Loire, Somme, Aube, Doubs, Nièvre, Haute-Saône, Sarthe, Yonne, Cher, Eure-et-Loir et Loiret.
« La FCO3 est arrivée par le nord de la France et sa progression vers l’est et le sud est très rapide, incontrôlable », soupire Emmanuel Fontaine. L’éleveur ovin de l’Aisne, en charge du dossier sanitaire à la fédération nationale ovine (FNO) avait pourtant alerté ses pairs et les autorités mais le vaccin contre cette maladie n’était pas disponible en France. Il faut trois semaines après l’injection pour que le vaccin contre la FCO3 atteigne son efficacité maximale, avec des effets immunitaires qui commencent à faire se faire ressentir dès la deuxième semaine.
Vaccin et PCR pris en charge par l’État
« L’acheminement des vaccins contre la FCO3 se fait au fur et à mesure des commandes du gouvernement. Il y a eu une période de tension autour de la mi-août mais aujourd’hui on peut compter sur les doses dans les deux ou trois jours qui suivent la demande », estime Emmanuel Fontaine. L’éleveur syndicaliste rappelle que l’État prend en charge le coût du vaccin FCO3 et des tests PCR (seulement s’ils sont réalisés pour la détection d’un foyer), de ce fait la FNO encourage les éleveurs à réaliser ces tests et à être transparents sur la déclaration des cas.
« Si vous ne jouez pas franc-jeu, vous passerez sous les radars des indemnisations, met en garde Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA, lors du congrès de la FNO. Et il n’y aura pas de rattrapage possible ! »
Entre 1 et 40 % de mortalité
Pour l’instant, la mortalité causée par la FCO3 est dure à estimer. « Cela va de 1 à 40 % du cheptel, selon les cas, balaye Emmanuel Fontaine. Avec l’humidité de cet été, il y a une pression parasitaire relativement forte et donc des animaux avec des systèmes immunitaires déjà affaiblis… » Entre les Ardennes, le Nord et l’Aisne les volumes d’équarrissage en ovins ont parfois dépassé les 300 % d’augmentation.
Au 12 septembre, les éleveurs s’inquiètent de l’absence d’annonce du ministère de l’Agriculture (faute de ministre) sur d’éventuelles indemnisations sur les pertes subies. En Wallonie, la perte économique pour la seule production ovine avoisine les sept millions d’euros. « Il faut que la vaccination contre la FCO3 soit ouverte à toute la France, et non pas faire du pas-à-pas comme aujourd’hui. »
Le désespoir face à la FCO8
Au Sud, c’est la FCO8 qui frappe les élevages ovins. « Nous sommes dans la continuité de l’automne dernier, malgré la trêve hivernale et l’inactivité temporaire des culicoïdes, les moucherons vecteurs du virus », reprend Emmanuel Fontaine. La zone concernée s’étend sur la moitié sud du pays, d’est en ouest. « Le sud-est est particulièrement touché, avec beaucoup de mortalité dans les élevages de la Drôme, Ardèche et Isère. Dans le Sud-Ouest, certains cheptels bénéficient d’une certaine immunité acquise l’an passé, mais la situation reste extrêmement préoccupante », souligne l’éleveur ovin.
Le vaccin unidose contre la FCO8 n’est plus disponible en France et celui en double injection coûte plus de huit euros. « Nous souhaitons que le prix du vaccin soit calé sur les UGB, cela n’a pas de sens de payer autant pour vacciner une brebis qu’une vache », souligne le syndicaliste.