Les ourses arrivent, les loups sont bien là…

Le 20 septembre dernier, le ministre de la Transition écologique et solidaire depuis 16 jours, François de Rugy a confirmé l’introduction des deux ourses dans le Béarn au début du mois d’octobre. Malgré les protestations des bergers et des élus locaux et malgré une saison d’estive meurtrière avec déjà 347 attaques enregistrées (contre 215 en 2017), le ministre a souhaité relâcher, en vallée d’Aspe ou vallée d’Ossau, deux ourses capturées en Slovénie pour un budget annoncé de 350 000 euros. Une réintroduction qui rencontre une farouche résistance des éleveurs et des syndicats.
Suite au Groupe national loup du 24 septembre, la FNO, la FNSEA, les JA, l’APCA et la FNB ont rappelé leurs demandes communes de renégocier le plan loup 2018/2023. Avec 7 045 victimes à déplorer fin août, une reconnaissance très tardive de l’arrivée du prédateur en Haute-Vienne ou en Bretagne et des tirs de prélèvement relégués en fin d’année, les syndicats constatent que « la mise en œuvre des seuls tirs de défense n’a pas permis de protéger correctement les troupeaux ». En demandant la réouverture du plan loup, les syndicats veulent surtout de l’efficacité en supprimant les plafonds pour les tirs de défense et de prélèvement, en simplifiant la mise en œuvre des tirs de défense renforcée, en laissant les éleveurs utiliser des lunettes de tir à visée thermique et en démultipliant la brigade loup sur tous les territoires prédatés. Les syndicats ont par ailleurs demandé à rencontrer rapidement le nouveau ministre de la Transition écologique et solidaire et « attendent de lui pragmatisme et solidarité vis-à-vis des éleveurs victimes des prédations ».
Les sénateurs sont aussi entrés dans l’arène puisqu’ils ont voté le 2 octobre (par 313 voix pour et 21 contre) une résolution en faveur du pastoralisme face aux prédateurs que sont le loup, l’ours et le lynx. Le texte, qui n’a pas valeur de loi, a été déposé le 20 septembre dernier, jours de l’annonce de la réintroduction des deux ourses. Les sénateurs rappellent que « le pastoralisme, élément incontournable du modèle agricole français, essentiel à la vie des territoires, bénéficie à l’ensemble de la société ». Le texte propose, notamment, à une sanctuarisation des moyens mobilisés pour les activités pastorales par la PAC, une gestion intra-européenne coordonnée des populations de grands prédateurs et une refonte du système d’indemnisation des éleveurs.