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Les moutons, ces nouvelles tondeuses à gazon !

Des sociétés privées entretiennent leurs espaces verts grâce à des moutons. Et certains prestataires, comme Ecomouton, savent en tirer profit…

Collège-lycée Passy-Buzenval, à Rueil-Malmaison, en région parisienne. C’est la pause déjeuner, les élèves jouent au basket dans la cour, dans l’enceinte chargée d’histoire du château de Buzenval. Le match est suivi attentivement par les jeunes gens présents ainsi que par une trentaine de moutons qui paissent tranquillement dans les prairies bordant l’établissement scolaire. Ces animaux appartiennent à la société Ecomouton, spécialisée dans l’écopâturage urbain, c’est-à-dire l’entretien des parcelles enherbées se trouvant en ville ou sur des sites d’usines, d’entrepôts logistiques ou encore de centrales nucléaires. C’est d’ailleurs ainsi qu’a débuté l’histoire de cette entreprise pas comme les autres. Laurent Le Peniec et Sylvain Girard, tous deux entrepreneurs dans l’âme, ont commencé par mettre en place trois moutons aux abords de l’entrepôt appartenant à Sylvain Girard. L’idée a plu aux clients et visiteurs et les deux amis ont décidé, en 2013, de lancer sur le marché paysagiste ce concept novateur. Commençant par une troupe de 350 moutons à la fin de la première année, ils comptent aujourd’hui dans leurs rangs entre 3 800 et 4 000 têtes, encadrées par 19 salariés dont 13 bergers.

Le mouton d’Ouessant, star de l’écopastoralisme urbain

Le cheptel est constitué en grande partie de moutons d’Ouessant, choisis pour leur rusticité et leur résistance à une météorologie changeante, ceux-ci étant dehors toute l’année. De plus leur petite taille et leur faible poids évitent que les sols ne se tassent. Ils ne sont pas sujets au piétin, sont faciles à manipuler et n’intéressent pas les voleurs de bétail. Se trouvent aussi là des moutons de race solognote et castillonnaise ainsi qu’environ 300 chèvres des fossés, des Pyrénées ou du Rove, employées sur les sites les plus pentus ou rocailleux ou pour débroussailler. La société Ecomouton est aujourd’hui présente sur 175 sites. « Nos clients sont pour la plupart des groupes cotés en Bourse, des sociétés de transports ayant de grands entrepôts pour la logistique, des fermes solaires, des stations d’épuration, etc. », détaille Laurent Le Peniec, cofondateur de l’entreprise. L’écopastoralisme urbain connaît une croissance forte ces dernières années et de nombreuses micro-entreprises voient le jour pour répondre aux demandes variées du marché. « Certains clients voient dans cette idée une économie de temps et de main-d’œuvre pour les tâches ingrates de l’entretien des parcelles, d’autres misent sur l’aspect biodiversité, écologie et développement durable. D’autres encore créent une ambiance de travail autour des moutons et y voient un aspect social, mais souvent c’est un peu de tout ça ! », explique le codirigeant de 48 ans.

Treize bergers professionnels et disponibles

Les deux entrepreneurs ont à cœur de proposer des solutions « clé en main » à leurs clients avec un maximum de garanties à travers une image très professionnelle d’Ecomouton. « Nous faisons nous-mêmes l’expertise du parcellaire de nos clients et nous définissons le nombre de moutons à mettre par parcelle en fonction de la taille de celle-ci et de la disponibilité en herbe, poursuit Laurent Le Peniec. Ensuite les moutons sont livrés et le client n’a strictement rien à faire. Nous nous occupons de mettre en place les équipements pour accueillir les moutons et bien entendu, nous assurons les soins aux animaux ». Les treize bergers salariés ont la responsabilité de plusieurs sites, ils se rendent sur chacun une fois tous les 15 jours pour effectuer les traitements antiparasitaires, remplacer la pierre à sel ou amener du fourrage supplémentaire si besoin. « En réalité, nous venons souvent plus fréquemment, car les clients sont nos yeux sur place et nous avertissent à la moindre suspicion de problème », confie Alexandra D’Arx, responsable d’une trentaine de troupeaux sur tout le nord et l’ouest parisien. « Je suis particulièrement sensible à l’aspect agroécologique de la démarche et la passion du mouton m’est venue en faisant travailler mon border collie. Cette activité me permet donc de combiner ces deux centres d’intérêt », témoigne la jeune bergère de 26 ans qui a suivi une formation agricole.

Une action combinée des ovins et des caprins

Un prestataire de services installe les clôtures, les abris et les abreuvoirs avant l’arrivée des moutons, « cela nous permet de nous concentrer davantage sur la surveillance des moutons, souligne Alexandra. Le travail principal des bergers est de gérer la reproduction, les mises bas, l’entretien des clôtures et la gestion des refus ». Si les moutons ne pâturent pas certaines zones, Ecomouton peut mettre en place quelques chèvres pour remédier à la situation, sinon la société effectuera un débroussaillage mécanique. Le tarif est sous forme de loyer fixe, les coûts supplémentaires étant à la charge d’Ecomouton. Il est fixé selon le nombre de moutons nécessaires sur le site, le temps de trajet pour que le berger s’y rende et la complexité du site, s’il y a plusieurs parcelles, la disposition de celles-ci. « Pour faire simple, on considère que notre solution est rentable pour les entreprises à partir du moment où leurs parcelles étaient fauchées deux fois par an », relate Laurent Le Peniec, au volant de son gros 4x4. La logistique fait partie de l’image professionnelle de l’entreprise d’écopastoralisme et, selon Laurent Le Peniec, c’est souvent sur cet aspect et sur la disponibilité du personnel que pêchent la plupart de ses concurrents.

Des sites de repli sur toute la France

« Il faut être disponible 24 heures sur 24 et sept jours sur sept car nos clients ne connaissent pas du tout les moutons et ne peuvent en aucun cas intervenir sur le troupeau, rappelle-t-il. Sur chacun de nos enclos, nous mettons une pancarte rappelant les pratiques à éviter et indiquant un numéro d’astreinte en cas de problème ». Les agnelages se passent dehors sur les sites et tous les animaux sont gardés puisque l’entreprise croît sans arrêt, du fait du marché dynamique et de la fidélité des clients. Les moutons les plus âgés sont placés sur des sites plus calmes, pour leur assurer une fin de vie tranquille. Ecomouton dispose également de fermes de repli permettant de garder les moutons non utilisés. Ces locaux disposent également d’une infirmerie pour les bêtes malades et d’un centre de formation pour le personnel. « Chaque berger administre le même antiparasitaire ou les mêmes traitements dans la mesure du possible, assure Laurent Le Peniec. Nous avons à cœur d’avoir une démarche et un processus standardisés sur l’ensemble de nos sites, où qu’ils se trouvent en France. »

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