Découverte
Les Mérinos noirs de la vallée du Jabron
Emmanuel Grancher, éleveur de mérinos, a lancé sa propre marque Maco Mérinos en 2008. Il sélectionne aussi des mérinos noirs à laine fine, ce qui lui vaut un partenariat avec des chercheurs italiens.

Dans la vallée du Jabron, dans les Alpes-de-Haute-Provence, Emmanuel Grancher n'est jamais à court d'idées. Cet éleveur de mérinos s'est lancé dans la production de laine noire naturelle, recherchée aussi bien pour des raisons économiques qu'environnementales, car elle ne nécessite pas de teinture « chimique ». C'est un travail de sélection de longue haleine qu'il a débuté sur ses mérinos noirs il y a trois ans, en parallèle de sa sélection sur le mérinos blanc, boosté par l'achat de béliers et brebis achetés en Nouvelle-Zélande.
L'éleveur, qui vient d'être récompensé par le prix national de la dynamique agricole de la Banque populaire, n'est pas le seul en Europe à s'intéresser au mérinos noir. En 2010, des Italiens de l'université de Camerino, dans les Abruzzes, ont rencontré l'éleveur, sa compagne Corine et leurs mérinos noirs. Ces chercheurs ont eux aussi relancé cette race sur leur territoire après en avoir importé de Nouvelle-Zélande il y a une dizaine d'années.
A l'époque, leur objectif était d'éviter l'extinction de la race locale, la Sopravissana (croisement entre des mérinos français et une race italienne) tout en offrant une plus-value économique aux éleveurs situés dans des zones difficiles, grâce à la production d'une laine naturellement colorée, pour qu'ils aient un nouveau débouché. Ils décident alors de créer un centre d'élevage ovin pour cette expérience où ils croisent sept béliers néo-zélandais (laine noire et marron) avec leurs 200 brebis Sopravissana. Ils obtiennent une nouvelle lignée génétique qui produit de la laine d'un diamètre de 19 microns de moyenne. Pour comparaison, les mérinos noirs portugais ont une laine de 22 microns. Pour éviter la consanguinité dans leur troupeau, les scientifiques italiens étaient à la recherche de sang neuf et c'est comme cela qu'ils ont atterris en Provence, pour un échange génétique avec le Gaec Maco Merinos.
Emmanuel Grancher a pour sa part le projet de constituer à terme un troupeau de 250 mérinos noirs. Il a actuellement sélectionné 62 brebis parmi son troupeau de 1500 têtes. Il conserve soigneusement les agnelles noires qui naissent et celles-ci sont bichonnées. Pour que la génétique soit plus facile à suivre, il envisage un seul agnelage d'automne avec ces brebis. Il possède d'ailleurs un très beau bélier mérinos d'Arles noir qui l'aide à constituer son troupeau.
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