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Les éleveurs se préparent au nouveau cahier des charges de l’Ossau-Iraty

Contraintes ou opportunités, les éleveurs doivent adapter leurs assolements et achats extérieurs aux nouvelles prescriptions qui entreront en vigueur en 2018.

La coopérative Mendikoa vient d’adopter pour ses aliments de la gamme ovine le logo « x % produit sur la zone AOP », afin de tracer les matières premières. © A. Dazet
La coopérative Mendikoa vient d’adopter pour ses aliments de la gamme ovine le logo « x % produit sur la zone AOP », afin de tracer les matières premières.
© A. Dazet

Le syndicat de défense de l’AOP Ossau-Iraty a décidé, il y a quelques années, de renforcer son cahier des charges. Deux points majeurs obligent les éleveurs à revoir leurs pratiques : l’arrêt de l’ensilage et les achats hors zones limités à 280 kg de matière sèche par brebis et par an.

L’ensilage de maïs sera banni de la ration des brebis en lactation, afin d’améliorer la qualité fromagère du lait en réduisant les potentiels problèmes de butyrique et de listériose. Une précaution adoptée dans d’autres cahiers de charges, notamment le saint-nectaire, le beaufort, le rocamadour, mais qui compte aussi quelques récalcitrants. Ce n’est pas l’avis de Muriel et Marcel Darieumerlou, éleveurs à Irissary (64) qui ont arrêté l’ensilage pendant la lactation, depuis sept ans. « L’ensilage n’est maintenu que pendant la préparation à l’agnelage, donc l’assolement fait plus de place aux prairies », explique Marcel.

Trouver des alternatives à l’ensilage de maïs

Certes, un hectare de prairie ne remplace qu’un demi-hectare de maïs. C’est donc l’optimisation des pâturages et de la ration qui doit être revue. « Pour préserver le bon fonctionnement ruminal de l’animal, un kilo d’ensilage de maïs peut être substitué par 400 g de foin ou regain, 2 heures de pâture, 400 g de maïs grain, plutôt que par un concentré », affirme Céline Barrère, secrétaire générale de l’AOP. Quant aux valeurs nutritionnelles, le foin de bonne qualité, riche en matières azotées est celui qui se rapproche le plus de l’ensilage. Économiquement, la culture du maïs ensilage coûtant le double des charges de foin, le rapport reste favorable à l’herbe.

Le maïs grain constitue aussi une solution à condition de choisir une variété précoce pour pouvoir semer une dérobée en octobre. Les surfaces n’étant pas extensibles, l’optimisation des prairies s’impose : allongement du temps de repos entre pâtures, baisse du chargement, fauche plus haute pour faciliter la repousse, pâturage tournant… Notons que l’apport d’herbe enrubannée est autorisé dans la limite d’un kilo brut par jour en moyenne par brebis, à condition d’avoir un taux minimum de matière sèche de 70 %.

Achats tracés et bourse d’échange

Les principales coopératives locales ont annoncé lors de la dernière assemblée générale du syndicat, la réorganisation de certains de leurs sites pour offrir des céréales et des compléments garantis issus de la zone. Mais le syndicat cherche aussi à favoriser les échanges entre céréaliers et éleveurs dans le territoire de l’AOP, via un catalogue des acheteurs et des vendeurs de céréales, protéagineux et fourrages, mis à jour quotidiennement et accessible en ligne. Stéphane Legras, éleveur à Itxassou (64), témoignait de ses achats de maïs grain, depuis quatre ans auprès de Jean-Claude Boniface, céréalier à Bugnein (64). Distant de 80 kilomètres, Stéphane mutualise le transport (15 €/t) avec quatre voisins. Jean-Claude a investi dans un séchoir mobile pour améliorer la qualité du grain, qu’il vend en 2016-2017 à 160 €/t (15 % d’humidité). « En quatre ans, j’ai économisé 35 euros par tonne par rapport à un achat auprès de ma coopérative », déclare Stéphane.

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