Les bons plans pour rénover les prairies pour ses ovins
Pour un éleveur de moutons l’entretien de ses prairies est aussi important que le soin apporté à ses brebis. Patrice Pierre, expert fourrage à l’Institut de l’élevage, livre ses conseils pour rénover les prairies.
Pour un éleveur de moutons l’entretien de ses prairies est aussi important que le soin apporté à ses brebis. Patrice Pierre, expert fourrage à l’Institut de l’élevage, livre ses conseils pour rénover les prairies.
Les prairies sont bien souvent la première source de nourriture pour les brebis. De l’implantation sous couvert au sursemis, Patrice Pierre dévoile les bons plans pour rénover les prairies. « L’implantation des prairies, c’est l’aventure ! », commente l’expert fourrager de l’Institut de l’Elevage. Toutes les étapes dépendent de nombreux facteurs techniques, agronomiques et climatiques. Il est important de soigner l’implantation de ces petites graines qui n’ont pas beaucoup de réserves. Il faut privilégier un lit de semences fin, rouler avant et après semis et semer à un centimètre de profondeur maximum. Le semis à la volée permet aussi d’augmenter le taux de levée de 7 % par rapport au semis en ligne. Il réduit également le taux de salissement à la levée de 8 %. À la fin cela se traduit par un rendement plus élevé (entre 0,2 et 0,5 t MS/ha en plus).
Implanter sous couvert
« L’implantation de prairie sous couvert est une technique ancienne à redécouvrir », affirme Patrice Pierre. Les automnes sont de plus en plus chauds et secs. Il n’est pas rare d’avoir encore de fortes chaleurs en septembre. Dans ses conditions, on peut décaler le semis de la prairie en octobre pour l’implanter en même temps qu’un méteil ou une céréale. L’avantage de cette technique c’est qu’elle permet de maîtriser le salissement de la prairie tout en assurant une bonne productivité. Cela permet aussi de récolter un méteil ou une céréale même s’il y a une perte de rendement en grain de 30 %.
Finalement, l’implantation sous couvert permet de contourner la sécheresse estivale de fin d’été, limiter les interventions mécaniques, assurer une production de biomasse supplémentaire et garantir l’implantation réussie d’une prairie.
Patrice Pierre recommande de semer la dose classique de céréale et d’éviter le blé. « Il vaut mieux une céréale haute en paille pour faire de la récolte en grain, le blé risque de se faire rattraper par une prairie un peu trop agressive ».
Détruire une prairie sans labour ni glyphosate
Du côté de la destruction des prairies avant réimplantation, le projet Praigly a cherché les alternatives au labour et au glyphosate. Les outils à dents avec ailettes démontrent une efficacité proche de celle du labour. Le plus intéressant est ensuite de passer par une implantation sous couvert pour limiter au maximum le salissement de la prairie. Le travail superficiel du sol montre malheureusement ses limites face à l’agrostis. Le taux de cette plante peut être réduit mais elle reste présente.
Bien cibler les prairies à sursemer
Le sursemis renforce et complète la flore d’une prairie sans détruire le couvert en place. C’est une technique exigeante dont le résultat est assez aléatoire. Une prairie où les bonnes graminées sont toujours présentes et où des trous apparaissent et sont colonisées par des espèces indésirables est une bonne candidate au sursemis. Certaines conditions améliorent les chances de succès. Il faut agir sur une végétation rase surpâturée ou après broyage des refus. Le mieux est de semer dense des espèces qui se mettent en place rapidement comme le ray-grass anglais, le ray-grass hybride ou le trèfle blanc. Il faut ensuite tasser le sol (rouleau ou piétinement par les animaux) et maintenir une végétation rase afin d’apporter de la lumière aux plantules. Attention les agrostis sont des espèces qui limitent la réussite du sursemis.