Le défi du renouvellement des générations en élevage ovin

« D’ici 2030, la moitié de nos agriculteurs devraient partir à la retraite. Ce constat est un défi. Si de nouvelles générations d’agriculteurs ne prennent pas le relais, c’est tout notre modèle agricole qui serait menacé », établit Élisabeth Borne, ex-Première ministre, en préface du pacte d’orientation pour le renouvellement des générations en agriculture, dévoilé le 15 décembre dernier. Si ce constat est partagé par toutes les productions agricoles, le taux de renouvellement en élevage ovin est plutôt bon. On compte quasiment une installation pour un départ. Cependant, la profession ne crie pas victoire malgré ces chiffres rassurants sur l’attractivité de la filière ovine. En effet, si le nombre d’installations est plutôt satisfaisant, on observe des troupeaux moins importants en moyenne chez les nouveaux installés, faisant diminuer inéluctablement le cheptel ovin national. Les représentants des producteurs d’ovins restent donc mobilisés sur la question du renouvellement générationnel et multiplient les opérations de communication, les publications à destination des porteurs de projet et des apprenants pour les aiguiller qui dans leur orientation, qui dans leurs démarches pour se lancer en tant qu’éleveurs ovins.

Un pacte dédié au renouvellement des générations en agriculture

Le Pacte d’orientation pour le renouvellement des générations en agriculture en est un exemple. Fruit d’une « grande concertation qui s’est tenue au niveau national » et composé « d’un ensemble cohérent et structuré de mesures afin d’organiser la reconquête de notre souveraineté alimentaire », d’après les mots de Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture, le Pacte a pour seul objectif de former et installer une nouvelle génération d’agriculteurs. Pour cela, il est identifié trois défis majeurs pour l’agriculture d’aujourd’hui et de demain : l’adaptation au changement climatique, la réalisation de la transition agroécologique et le renforcement de la souveraineté alimentaire. À travers une refonte des formations agricoles et des parcours d’orientation, ce Pacte espère pouvoir renouer les liens, aujourd’hui étiolés, entre la société et l’agriculture, afin de rappeler l’importance de la pérennité de cette dernière tout en suscitant des vocations parmi la jeune génération.

Pour renouer ces liens, le Pacte propose entre autres de mettre en place dès septembre 2024 une activité de découverte agricole à destination de chaque enfant en école élémentaire, pour « provoquer un choc d’attractivité vers les métiers du vivant ». Collégiens et élèves de seconde pourront, eux, effectuer un stage immersif pour découvrir les métiers de l’agriculture. Enfin, pour redémontrer à nos concitoyens la position clé de l’agriculture comme acteur de la transition écologique et sa capacité à décarboner l’économie française, le pacte prévoit, via l’action de l’Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et la recherche (Inrae), de renforcer les connaissances, la collecte de données et les études autour des ressources en biomasse.

Des formations agricoles plus approfondies pour gérer les aléas

L’évolution des formations agricoles pour faire émerger une nouvelle génération d’agriculteurs est indispensable dans un monde en constante mutation. Les futurs apprenants agricoles bénéficieront de cours renforcés sur la transition écologique, ainsi que sur les nouvelles technologies (robotique, hydraulique, agroéquipements, etc.). Dès 2025, un bachelor Agro sera mis en place, afin d’appuyer la montée en compétences transversales et complexes des agriculteurs. Enfin, les techniciens et conseillers agricoles pourront accéder à une formation, dès 2025 également, pour mieux comprendre les mécanismes et enjeux des transitions agroécologiques et climatiques.

Le Pacte prévoit, dans ses deux derniers axes de travail, une nouvelle approche des systèmes de productions au sein des exploitations et une remise en perspective des moyens de production en cohérence avec leurs territoires d’ancrage.

France Services agriculture sera un réseau national permettant de mettre en relation installation et transmission, pour ne faire qu’un seul et unique point d’accueil et une offre d’accompagnement complète et exhaustive. Ce réseau, une fois créé, a pour vocation d’être incontournable pour tous les porteurs de projet et devra représenter les productions et systèmes agricoles dans leurs diversités.

Les services de remplacement devraient être renforcés afin de garantir un confort de vie aux agriculteurs pour que ceux-ci puissent bénéficier pleinement de leurs droits sociaux (congé maladie, maternité/paternité, formation, etc.).

« Il nous faut donner confiance aux futures générations, leur monter que l’on peut vivre de ce métier d’éleveur et s’y épanouir. […] Nous avons toutes et tous la responsabilité de trouver des solutions pour permettre l’accès à ce merveilleux métier d’éleveur et le promouvoir », appuie Michèle Boudoin, présidente de la Fédération nationale ovine dans son édito du livre blanc pour le renouvellement des générations en élevage. Deux plans de souveraineté nationale pour l’élevage et les engrais vont être lancés sous peu afin de s’émanciper au maximum des aléas géopolitiques internationaux.