Le Bleu de brebis de Société passe mal
Roquefort Société a lancé un persillé doux de brebis qui ressemble fort au roquefort.
La Société des caves, appartenant à Lactalis, a lancé le 1er avril dernier un leu de brebis qui ressemble trop fortement au roquefort AOP aux yeux de nombreux intervenant de la filière. Ce nouveau fromage persillé au lait pasteurisé a en effet la technologie, la forme, les couleurs et un conditionnement proche de ceux du roquefort société. Syndicats, producteurs et élus craignent alors un affaiblissement de la plus ancienne appellation française. Le fromage est fabriqué à Rodez et n’est pas affiné dans les caves de Roquefort-sur-Soulzon. « Le plus gros industriel de l’appellation devient son propre contrefacteur », rage ainsi l’Eurodéputé José Bové. La présidente de la région Occitanie, Carole Delga, estime aussi que « ce choix commercial pourrait s’avérer contre-productif pour les intérêts économiques du bassin de production de Roquefort et ses producteurs » alors qu’en dix ans, la production de roquefort a diminué de 16 %. Roquefort Société, qui produit 60 % des 10 000 tonnes annuelles de roquefort, s’en défend alors qu’il a lancé ce persillé plus doux en vue de séduire des consommateurs rebutés par la puissance du roquefort et séduit par des persillés plus doux à l’image du Saint Agur au lait de vache.
Avis de l’Inao et réflexion de la Confédération
Consultée, l’Inao a rendu un avis lu différemment par les protagonistes. La Confédération générale des producteurs de lait de brebis et des industriels de roquefort (présidée par le directeur général de Société) estime que la commercialisation du Bleu de Brebis ne contrevient pas à l’AOP Roquefort. L’eurodéputé José Bové relève cependant que l’Inao note aussi que « la marque 'Société' est historiquement, juridiquement et commercialement liée à l’AOP Roquefort avec une reconnaissance importante de la part des consommateurs. Or, si cette marque lorsqu’elle est apposée sur des fromages type “crème” n’induit pas nécessairement une confusion, il en va différemment lorsqu’il s’agit de fromages persillés issus de lait de brebis présentés dans un conditionnement de forme et de couleurs proches de ceux utilisés pour l’AOP. » L’Inao évoque également « une impression erronée sur l’origine du produit » et laisse la porte ouverte à une action judiciaire. Le 12 mai, la Confédération générale de roquefort indiquait avoir sollicité son service juridique pour une expertise du produit. Elle affirme continuer à vouloir protéger l’AOP roquefort mais attend les conclusions de l’étude juridique avant de se prononcer.