L’Atelier, plaque tournante de la filière lainière
Depuis maintenant 30 ans, l’Atelier Laines d’Europe rassemble le monde lainier.
Chaque année, l’Atelier Laines d’Europe (Association textile européenne de liaison, d’innovation, d’échange et de recherche) se déplace dans les régions au gré des initiatives lainières, pour son assemblée générale. Les participants étaient donc réunis du 22 au 24 mars, à Saugues, pour aussi fêter le trentième anniversaire de la création de l’association. Et en 30 ans, cette petite association a beaucoup grandi. Elle compte désormais 240 adhérents. Ils sont éleveurs (moutons, chèvres angoras ou cachemire, lapins ou alpagas), tondeurs, laveurs de laine, matelassiers, filateurs, tisserands ou tricoteurs, teinturiers, petits industriels ou artisans, artistes ou chercheurs… sans oublier des musées et fermes pédagogiques. L’association dont le siège est à Saint-Chaffrey dans les Alpes-de-Haute-Provence, ne s’arrête pas aux frontières de l’hexagone ; elle étend son réseau dans les pays limitrophes notamment l’Espagne, l’Italie, la Belgique, la Suisse, la Grèce…
La plaque tournante des activités laitières
À l’image de son président Pierre Reveillac, éleveur de 200 brebis caussenardes du Lot à Livernon dans le Lot, les adhérents de l’Atelier ont à cœur de valoriser la laine et d’en assurer la traçabilité depuis le manteau du mouton jusqu’à l’écharpe ou le bonnet. Grâce à l’implication de la coordinatrice Marie-Thérèse Chaupin, l’Atelier est en quelque sorte la plaque tournante qui redirige les demandes de ses adhérents, ou futurs adhérents vers les interlocuteurs les plus à même de répondre à leur question. L’association participe aussi à des salons comme les Journées nationales de la laine à Felletin dans la Creuse, à Crest dans la Drôme…
Les adhérents, signataires de la charte de l’Atelier, s’engagent dans une démarche de qualité qui vise à tracer le produit tout au long de la filière. Marie-Thérèse Chaupin explique : « on utilise une matière dont on connaît l’origine ». Mieux, tout au long du processus de transformation de la laine, une étiquette suit sur laquelle figurent toutes les informations nécessaires à la traçabilité : race de la brebis, éleveur, filature, tisserand… L’Atelier est entré dans une démarche écologiste à partir d’un produit naturel, mais aussi économique en permettant à chaque maillon de la chaîne d’optimiser son activité. Ainsi, outre le volet communication, l’association développe d’autres projets. De plus, elle a récemment ouvert une réflexion sur le travail en sécurité au sein des entreprises.
Lavage Laines du Gévaudan fait du neuf avec du vieux
La toute nouvelle entreprise Lavage Laines du Gévaudan, installée à Saugues et née de l’association entre Laurent Laines et les Ateliers de la Bruyère, a ouvert ses portes à l’occasion de l’assemblée générale de l’Atelier Laines d’Europe. Patrick Laurent, le responsable, a conduit les visiteurs dans les allées le long de la colonne de lavage et de séchage remise en service le 29 juin 2018. C’est bien, en effet, une nouvelle installation avec des machines - qui pour certaines datent de 1900 - et qui ont été démontées pour sortir d’un ancien bâtiment exigu et peu fonctionnel. Aujourd’hui, Patrick Laurent est fier de montrer ces centenaires toujours en activité. Même si l’atelier est un peu plus industriel qu’avant, le principe de lavage de la laine reste le même.
Cet atelier lave environ 100 tonnes de laine brute, soit 30 à 35 tonnes de laine propre. Sur une journée, on lave entre 2 et 2,5 tonnes de laine brute. Patrick Laurent explique que le rendement varie de 38 à 64 % en fonction du type de laine, et de sa propreté. Une laine d’animaux en bergerie contient davantage de déchets que sur des moutons au pâturage, par exemple. La colonne de lavage est quasi systématiquement nettoyée après un jour de lavage pour éliminer tous les déchets. Les boues, stockées dans un bassin de récupération, sont reprises par des agriculteurs et épandues sur des surfaces agricoles.