La sélection génétique ovine, un outil prometteur contre le parasitisme gastro-intestinal
Les résultats très encourageants en races Manech tête rousse et basco-béarnaise donnent de l’élan au déploiement de la résistance génétique aux strongles gastro-intestinaux.
Face à la diminution de l’efficacité des antiparasitaires, menaçant de conduire à une impasse thérapeutique, le Centre départemental d’élevage ovin (CDEO) des Pyrénées-Atlantiques se tourne vers la sélection génétique. « On s’inscrit dans une approche intégrée où l’amélioration de la résistance de l’hôte a toute sa place », contextualise Jean-Michel Astruc de l’Idele dans un webinaire dédié à la résistance génétique au parasitisme. Tous leurs futurs béliers d’insémination sont soumis à un test de résistance aux strongles intestinaux via deux infestations contrôlées. Chacune d’elles est suivie d’une coproscopie et d’une prise de sang. Le taux d’excrétion d’œufs dans les fèces est un indicateur de la résistance des béliers tandis que le taux d’hématocrite témoigne de leur résilience.
Des béliers hyper-résistants sélectionnés
« À infestation égale, on observe un gradient de sensibilité, constate le chercheur. La variabilité du caractère de résistance est indispensable pour la sélection. » Les béliers les plus sensibles sont écartés du schéma de sélection, représentant 25 % des réformes. En parallèle, le CDEO a constitué un pool de béliers « hyper-résistants », offrant aux éleveurs la possibilité d’axer la sélection de leur cheptel sur la résistance au parasitisme. Ce dernier est un caractère héritable avec un taux d’héritabilité qui varie de 0,25 à 0,35 en fonction des races. Les agnelles issues de pères résistants excrètent donc significativement moins d’œufs que celles nées de béliers sensibles. Au fil des générations, le caractère de résistance devient alors de plus en plus marqué, sans pour autant détériorer les autres caractères. « La sélection des béliers a un impact sur l’ensemble de la population », résume Jean-Michel Astruc.
Des initiatives pour accélérer la résistance génétique
Les succès de la sélection génétique de la résistance au parasitisme chez les races ovines laitières des Pyrénées-Atlantiques ont incité d’autres organismes de sélection à suivre cette voie. « Pour chaque race il faut réestimer les paramètres génétiques, ce qui nécessite de tester de nouveau les béliers. C’est un travail de longue haleine », met en garde Jean-Michel Astruc. Pour accélérer le processus en ovin viande, le centre de phénotypage Phénopasto prévoit sur trois ans le phénotypage massif de 1 800 mâles de la race blanche du Massif central. L’objectif est de poser les bases d’une future sélection de la résistance en mettant en place un protocole d’évaluation génétique et estimant les corrélations entre aptitudes bouchères et résistance au parasitisme.
Maelenn Royant