La Nouvelle-Zélande ou l'art de se réinventer
L’élevage ovin néo-zélandais reste le numéro un mondial. En valorisant la pousse de l’herbe, il produit une viande très compétitive, exportée de par le monde. Et malgré la concurrence de l’élevage laitier sur les surfaces, les éleveurs ovins ont considérablement augmenté leur productivité en un quart de siècle.
L’élevage ovin néo-zélandais reste le numéro un mondial. En valorisant la pousse de l’herbe, il produit une viande très compétitive, exportée de par le monde. Et malgré la concurrence de l’élevage laitier sur les surfaces, les éleveurs ovins ont considérablement augmenté leur productivité en un quart de siècle.
La filière ovine néo-zélandaise, fleuron de l’agriculture dans les années quatre-vingt, s’est fait largement dépasser par l’expansion laitière. Depuis 30 ans, le cheptel de brebis a été réduit des deux tiers. Cependant, la production n’a, elle, perdu que 31 % de ses volumes, grâce à l’augmentation de la productivité. Tout en se trouvant pourtant reléguée vers les terres les moins favorables face à la conquête des prairies par les vaches kiwis.
Pour autant, les exploitations allaitantes valorisent encore les deux tiers des prairies et le premier exportateur mondial de viande ovine en valeur a de nombreux points forts. Grâce au pâturage, les coûts de production paraissent imbattables en sortie d’exploitation. Ils sont trois à quatre fois inférieurs à ceux des exploitations ovines françaises. L’industrie de l’abattage-découpe a diversifié son portefeuille clients sur tous les continents, mais surtout sur les marchés émergents du Sud-Est asiatique. Tout l’écosystème public-privé est tourné vers l’export, avec un gouvernement qui a conclu et négocie nombre d’accords de libre-échange bilatéraux.
Cependant, la filière ovine néozélandaise reste sensible aux accidents climatiques qui ont tendance à se multiplier, même dans cet archipel au climat humide et tempéré. Autre limite : sa saisonnalité, liée au système tout herbe, l’oblige à de forts investissements en automatisation et en robotique pour traiter un pic de production concentré de décembre à mars. Avec la très forte concurrence de l’exploitation laitière, qui ampute la production de viande ovine, cela entraîne une surcapacité de l’abattage-découpe. Enfin, la demande chinoise est tellement dynamique depuis 2012 que la Nouvelle-Zélande ne remplit qu’aux trois-quarts son contingent d’exportation à droit nul vers l’Union européenne.
Cela veut-il dire qu’augmenter ce contingent dans le cadre d’un futur accord entre l’UE et la Nouvelle-Zélande, déjà considérable (228 000 tonnes équivalent carcasse, soit plus de la moitié des exportations totales du pays), serait sans risque pour les Européens ? Certainement non, car en cas de fermeture du marché chinois, les flux reviendraient très rapidement vers le marché européen, de loin le plus rémunérateur. Et qui sait ce qui va se passer après le Brexit, sachant que le Royaume-Uni absorbe aujourd’hui la moitié des importations de l’Europe à 28 ?
La filière ovine néo-zélandaise a donc encore de belles perspectives pour la décennie à venir, peut-être pas d’augmentation en volume de ses exports mais d’augmentation en valeur sur ses différents marchés cibles.