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La flambée des prix des matériaux de construction leste les coûts de l’élevage

Bois, acier, isolants, tôles… Les matériaux de construction voient leurs prix s’envoler depuis l’automne dernier et cela pèse sur le coût des bâtiments et équipements d’élevage. Certains chantiers sont même à l’arrêt à cause de pénuries sur certains produits.

Le prix de la coque d'un bâtiment d'élevage aurait augmenté de 31% depuis 2018.
Le prix de la coque d'un bâtiment d'élevage aurait augmenté de 31% depuis 2018.
© Stéphane Leitenberger / Archives Réussir

« L’éleveur se retrouve confronté à des hausses de prix vertigineuses pour son bâtiment d’élevage ainsi qu’à des délais de construction et de mises en service plus qu’incertains, étant donné le manque d’offres et les pénuries », alertait en mai dernier Elinnove (qui fédère les entreprises de l’équipement et des bâtiments d’élevage des Pays de la Loire) dans une lettre ouverte au gouvernement. Mettant en avant des hausses de 50% sur l’acier, 40% sur l’isolant polyuréthane, 25% sur la tôle, 25% sur le bois en un an, l’association estimait le surcoût pour un bâtiment d’élevage neuf entre 10 et 15% et un surcoût de 8 à 15% pour la rénovation. « A titre d’exemple, des devis réalisés sur des bâtiments identiques (taille, type de coque, équipements) montrent une augmentation de 31% sur la coque du bâtiment depuis 2018 et de 25% sur l’installation intérieure (chauffage, ventilation, alimentation, abreuvement…) », illustrait encore Elinnov.

Estimation de l'évolution du prix des bâtiments d'élevage

Et depuis la situation ne s’est pas améliorée, selon certains professionnels. « Nous n’avons pas de nouveau recensement par rapport à mai. Mais sur les matériaux les cours évoluent quasiment au jour le jour », commente Anthony Gobin, président d’Elinnov et directeur commercial de Le Roy, qui propose des produits de ventilation, chauffage, alimentation et abreuvement pour la volaille.

Dans ma carrière je n’ai jamais connu ça

« Aujourd’hui pour faire des chaînes d’alimentation, mes fournisseurs de tubes disent pouvoir me fournir 12 km au lieu des 20 km demandés et m’informent que j’en connaîtrais le prix à l’arrivée », explique-t-il. Sa société ne remet pas toutes les hausses dans ses tarifs, assure-t-il.

Lire aussi : La hausse de l’acier et des plastiques impacte le prix des équipements avicoles

« Chez Leroy, cela faisait plus de 15 ans, qu’on n’avait pas pris un centime, on a dû passer deux hausses, une de 3-4% en février et une de 5% en juillet », poursuit-il. « Dans ma carrière, et ça fait plus de 20 ans, je n’avais jamais connu ça », poursuit-il.

Les Américains prêts à racheter le bois européen à prix d’or

Même son de cloche du côté de Richard Beaurepère, directeur général de Rose Charpente. « En 33 ans de carrière, c’est la première fois que je vois ça », confie-t-il. « On remanie nos tarifs au fur et à mesure que nos fournisseurs annoncent des hausses. Sur certains produits, c’est tous les mois. Nous avons déjà révisé nos tarifs cinq à six fois depuis octobre », témoigne-t-il. Il indique subir une hausse des prix des isolants de 35% à 40% depuis octobre et « le bois de charpente a quasiment doublé ». En cause : la forte hausse de la demande mondiale et notamment en provenance des Etats-Unis. « Les Américains sont prêts à racheter le bois européen à prix d’or, du fait d’importants feux de forêts sur leur sol, et de la mise en place de barrières douanières vis-à-vis du Canada. Les producteurs européens délaissent donc la demande du marché européen pour servir l’Amérique du Nord », expliquait Elinnove en mai dernier.

Lire aussi : Pourquoi les prix de l’acier et du bois s’envolent

Pour l’acier, l’arrêt d’une partie des hauts-fourneaux européens lors du premier confinement au printemps 2020 et la décision des producteurs de ne pas rallumer ces outils de production en septembre a mis à mal une partie de la production sur le territoire. L’envolée de la demande en fin d’année 2020, la demande chinoise notamment, combinée au manque d’offre ont contribué à faire flamber les prix.

Arrêts de chantier pour cause de ruptures

Une tension sur les marchés des matériaux qui entraîne des ruptures chez certains acteurs de la construction. « Nous avons eu des ruptures sur le bois de charpente, sur les grandes longueurs notamment, et sur les panneaux d’isolation OSB, qui sont quasiment introuvables », témoigne Christophe Le Borgne, acheteur de matériaux de construction pour la coopérative porcine Evel’up. « Nous avons des chantiers d’arrêtés, par manque de produits », confie-t-il. Sur le bois et l’acier, « mes fournisseurs m’envoient des devis valables deux jours contre un à un mois et demi précédemment », poursuit-il.

Du bricolage plutôt que des investissements lourds

Une situation particulièrement problématique pour la construction de bâtiments neufs. « Cela freine énormément le développement. Pour l’instant nous sommes plus sur du bricolage que sur de l’investissement lourd », relate Christophe Le Borgne. Les installateurs n’auraient de la visibilité que jusqu’à la fin de l’année contre un an et demi habituellement. Certains devis signés par des éleveurs seraient remis en cause par des installateurs. Alors qu'en parallèle la hausse du prix des céréales pèse sur le coût de l'aliment, « on s’inquiète pour la compétitivité de la filière élevage », commente le président d’Elinnove qui réfléchit au moyen de tirer à nouveau la sonnette d’alarme auprès du gouvernement à l’occasion du Space début septembre à Rennes. « La crise sanitaire et l’amplification de l’explosion du coût des matières premières remettent sur le devant de la scène la nécessaire souveraineté économique de la France. Les constructeurs de bâtiments et les fabricants d’équipements se retrouvent totalement dépendants et impuissants face à des marchés internationaux et des fluctuations des cours mondiaux », écrivait Anthony Gobin, le 18 mai dernier dans sa lettre ouverte qui n’a pas reçu de réponses.

Lire aussi : Pénuries mondiales de composants électroniques, de plastique, de pneumatiques... Il va falloir s'armer de patience !

« Pour l'instant on n'a pas senti de frein du côté de la production. Le bâtiment représente 15 à 17% sur le prix de revient du porc. C'est loin d'être négligeable mais il faut relativiser son incidence sur le coût de revient », tient toutefois à souligner Richard Beaurepère, DG de Rose Charpente.

 

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