Pénuries mondiales de composants électroniques, de plastique, de pneumatiques... Il va falloir s'armer de patience !
La Covid-19 a chamboulé les équilibres de production des matières premières et des produits transformés qui en découlent à l'échelle de la planète. Les conséquences commencent à se faire sentir.
La Covid-19 a chamboulé les équilibres de production des matières premières et des produits transformés qui en découlent à l'échelle de la planète. Les conséquences commencent à se faire sentir.
Depuis plus d'un an, la pandémie de la Covid-19 a perturbé les équilibres de productions de matières premières et de produits transformés. L'industrie fonctionne globalement à flux tendu et des changements majeurs de consommation chamboulent forcément les approvisionnements, au risque de paralyser certaines chaînes de production. Le télétravail et le confinement ont fortement modifié les modes de consommation à l'échelle mondiale. Le premier s'est soldé par une explosion des ventes de téléphones et d'ordinateurs portables. Le second a entraîné le fermeture d'usines et... une forte croissance des consoles de jeux vidéos.
Or, les smartphones, ordinateurs portables et consoles de jeux intègrent des composants électroniques. Ce qui a généré une pénurie mondiale en semi-conducteurs. Le blocage du canal de Suez pendant quelques jours et l'arrêt de la production de l'usine NXP au Texas à la suite d'une tempête n'ont fait que précipiter cette pénurie. Sur fond de guerre commerciale entre le Chine et les Etats-Unis, cette pénurie a mis en exergue la forte dépendance de l'Europe (6 % de la production mondiale) par rapport aux principaux producteurs de semi-conducteurs que sont Taiwan, la Corée du Sud, le Japon, les Etats-Unis et la Chine.
Pas de retour à la normale avant 2023
Au final, une large partie de l'industrie est impactée. Dans le monde de l'automobile, tous les constructeurs ont mis au ralenti les usines, voire arrêté certaines chaînes, parfois pendant plusieurs semaines. Peugeot envisage même de réintroduire le compteur à aiguilles sur le tableau de bord des 308 pour en relancer la production. Le machinisme agricole n'échappe pas à la règle. Outre les tracteurs et autres automoteurs, bon nombre de machines agricoles nécessitent des composants électroniques, notamment pour leur boîtier. Les conséquences pour le moment sont une augmentation des délais de livraison de quelques semaines, voire de plus d'un mois. Et les délais ne vont pas revenir à la normale tout de suite, le monde de l'automobile prédisant une pénurie à son paroxysme aux alentours de mai-juin. Si les principaux acteurs de semi-conducteurs envisagent d'augmenter leur capacité de production, il faudra du temps pour construire ces nouvelles usines et surtout les machines qui fabriquent ces semi-conducteurs. Le retour à la normale n'est as prévu avant 2023. Pour l'instant, la pénurie en composants électroniques n'a semble-t-il pas entraîné de conséquences sur le tarif des machines agricoles.
La ficelle, le filet et le film d'enrubannage exposés à des hausses tarifaires
D'autres matières premières subissent également les effets de la pandémie. Certains fabricants de consommables en matières plastiques dédiés à la récolte (ficelle, filet de liage et film d’enrubannage) indiquent faire face à une situation totalement inédite dans l’approvisionnement de leurs matières premières avec des hausses de prix spectaculaires en l’espace de quelques mois. La FederUnacoma, la fédération italienne des constructeurs de machines agricoles, a enregistré au cours du premier trimestre 2021 une augmentation de 45 % du prix de l'éthylène et de 121 % du polyéthylène. La raréfaction de certaines matières plastiques provoque des allongements de délai, voire des ruptures de livraison. Les agriculteurs, Cuma et ETA risquent ainsi de voir grimper leurs prochaines factures de ficelle, filet et film. Pour ceux qui ne l’auraient pas encore fait, il est plutôt conseillé d’anticiper ses approvisionnements et de s’assurer de la fiabilité de son fournisseur, afin d’éviter les risques de commandes non honorées.
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Surenchère sur les containers
Autre effet du Covid-19, un rebond du commerce mondial, après une pause en début de pandémie. Sauf que les outils industriels et logistiques ne sont pas à même de répondre à cette brusque montée de la consommation. Si les usines allongent leurs délais de production, les équipements logistiques viennent à manquer, à commencer par les containers qui connaissent eux aussi une pénurie. Depuis deux-trois mois, a donc lieu une surenchère du prix des containers : pour en avoir, il faut payer plus cher. Cette pénurie est accentuée par des nouvelles normes internationales qui obligent une fumigation des containers contre la punaise diabolique, fumigation suivie d'une immobilisation du contenant pendant une à deux semaines.
Cette course au container se traduit par une augmentation des délais et des tarifs de transport. Certains manufacturiers, en plus d'avoir des difficultés à s'approvisionner en certaines matières premières, notamment le caoutchouc, nécessaires à la construction des pneumatiques, ont des difficultés à assurer le transport des pneus, dont certaines dimensions commencent à manquer sur les chaînes d'assemblage des machines agricoles.