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La Chine mise sur la transplantation embryonnaire

Les autorités chinoises développent la génétique ovine en organisant inséminations et transplantations d’embryon.

Désireuse de dynamiser son agriculture, la Chine subventionne l’amélioration génétique de son cheptel ovin. Elle mise pour cela sur la transplantation embryonnaire comme à la plateforme Saio Reproductive Biotechnology, créée en 2004 à Hohhot en Mongolie-Intérieure à partir de troupeaux australiens. « Nous avons 3 000 moutons, répartis à 50/50 entre béliers et brebis » explique le vétérinaire en charge de la plateforme. Les races pures Suffolk (200 individus), Mérinos et Dopper (100 individus) sont croisés avec trois races locales (Mérinos de Russie, mouton Mongolien et Wuzhumuqing). Ces trois dernières races peuvent également être croisées entre elles. Les objectifs de sélection sont d’augmenter les qualités bouchères et la vitesse de croissance des races locales, et donc la performance des élevages ovins chinois.

Transplantation à vingt euros environ

La plateforme emploie une trentaine de personnes réparties en deux équipes, l’une pour le soin aux animaux, l’autre pour l’insémination. L’équipe chargée de l’insémination réalise 600 transferts d’embryons par an sur la plateforme et plus de 10 000 à travers toute la Chine. Plus de 10 000 embryons sont ainsi stockés à Hohhot.

La transplantation d’un embryon de race locale revient à une vingtaine d’euros. C’est dix fois moins cher que pour un embryon de races pures importées d’Australie. Le taux de réussite des transplantations avoisine les 40 %. Mais aucune échographie n’est réalisée. Pour savoir si elles sont pleines ou non, les brebis transplantées sont mises avec un bélier. En cas d’échec, soit une deuxième transplantation est réalisée, soit la brebis est mise en lutte avec un bélier.

Des reproducteurs vendus à prix d’or

Pour induire et synchroniser les chaleurs, les techniciens de la station utilisent des hormones en amont de la transplantation. « Les brebis utilisées ont déjà agnelé une fois, afin de prévenir une éventuelle infertilité » précise le chef de centre, un jeune diplômé issu d’une famille rurale pauvre du sud de la Chine.

On compte un agnelage par brebis et par an, pendant deux à trois ans. Les reproducteurs sont vendus à l’âge d’un an. Le gouvernement subventionne la moitié de l’achat, et décide à quels éleveurs les animaux seront vendus. Par exemple, un éleveur qui veut acheter un bélier Dopper issu de la plateforme paiera au gouvernement environ 600 euros, soit la moitié des 1 200 euros touchés par le centre. Cela reste une somme importante puisque le revenu net par habitant des zones rurales voisine les 1 600 euros par an.

160 millions de têtes sur de petites fermes

La Chine dispose du plus important cheptel ovin au monde avec 160 millions de têtes. Une situation normale pour le pays le plus peuplé au monde avec ses 1,4 milliard d’habitants. La consommation chinoise de viande ovine est de 1,8 kilo par habitant et par an en 2015, et connaît une hausse favorisée par l’augmentation du pouvoir d’achat et la stabilisation du prix à une dizaine d’euros du kilo. Après avoir connu un boom des importations de viande ovine en 2013 et 2014, la demande chinoise s’est stabilisée en 2015 et 2016 autour de 220 000 tonnes équivalent carcasse.

Des subventions pour s’agrandir ou pour partir

La taille moyenne des fermes chinoises est de 0,6 ha, bien souvent morcelé, et principalement en cultures et en élevage porcin et bovin. L’exploitant dispose d’un droit d’utilisation des terres, mais celles-ci restent des propriétés collectives. Les autorités offrent la possibilité à un agriculteur qui veut développer sa ferme d’acquérir des droits d’exploiter de nouvelles terres et de s’équiper (mécanisation, technologies) grâce aux subventions à hauteur de 40 %, et en se portant garant pour lui à la banque. D’un autre côté, un agriculteur peut céder ses droits d’exploiter à une autre entreprise et aller travailler en ville en espérant de meilleures conditions de vie. Dans ce cas, le gouvernement chinois donne également des subventions au cédant, son souhait étant à la fois de développer l’urbanisation et d’augmenter la productivité et l’attractivité de son agriculture, l’objectif principal étant de garantir durablement la sécurité alimentaire à sa population.

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