Émilie Proust à Salon-de-Provence dans les Bouches-du-Rhône
« Je vis de mes passions »
Éleveuse de 600 brebis Mérinos d’Arles en système transhumant, Émilie est aussi transporteuse de brebis et productrice de foin de Crau.
Depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours suivi mon père au troupeau, en Crau et en montagne, et c’est de là que me viennent mes passions pour les brebis et le transport.
À mon installation, j’ai choisi de conserver les pratiques ancestrales avec mon troupeau. Les brebis agnèlent en contre saison sur les prairies de Crau, à la descente de montagne en automne. La qualité floristique de ces parcelles permet aux brebis d’élever leurs agneaux sans complémentation. À la Saint Valentin, le 14 février, jour de la foire ovine à Saint-Martin-de-Crau, je sèvre les agneaux et je sors mes brebis des prairies pour les emmener sur les Coussouls, les dernières steppes d’Europe, jusqu’au départ en montagne.
C’est à cette période que l’activité de transport commence. Mon rôle consiste à déplacer les troupeaux entre les différentes zones de pâturage : prairies de Crau, Coussouls, collines et montagne. Mon conjoint étant transporteur de foin, nous avons créé une société de transport qui allie le déplacement des troupeaux et la vente de foin. Le foin de Crau est reconnu en appellation d’origine protégée. Trois coupes sont réalisées chaque été et une quatrième coupe ne pouvant être récoltée est dédiée aux brebis gestantes qui descendent de montagne.
Aujourd’hui, même si la charge de travail est importante, je suis toujours présente lors de la transhumance. C’est pour moi l’occasion de retrouver, non seulement des bergères, mais avant tout mes amies. Notre association Les bergères en folie me permet de décompresser, de parler de mon métier, mais aussi de bénéficier d’un réseau pour mon activité de transport. »
Je retrouve mes amies lors de la transhumance
L'association Les bergères en folie
Sous l’impulsion de Magali Lemercier, éleveuse de Saint-Martin-de-Crau, qui perpétue la tradition de la transhumance lors de la fête du printemps, une solidarité entre bergères et éleveuses est née. Les bergères en folie comptent une soixantaine de femmes qui valorisent leur héritage ancestral : la transhumance. « Je fais partie de ce noyau d'éleveuses depuis le début, explique Émilie Proust. Une forte solidarité et un lien symbolique se sont développés entre nous autour de cette coutume. Les bergères en folie me sont devenues indispensables. »