Virgil Noizet, éleveur de 650 brebis dans la Marne
« Je participe aux rencontres Made In Viande »
« C’est la deuxième fois que j’ouvre les portes de la ferme à l’occasion des rencontres Made In Viande. Le but est d’expliquer nos pratiques au grand public, car on se rend bien compte que les gens ne savent plus vraiment comment est produit ce qu’ils mangent. J’explique aussi le B.A.-BA du mouton, que c’est un ruminant, qu’il mange de l’herbe. Il faut repartir de zéro, mais je pense que c’est nécessaire. Les visiteurs viennent souvent avec une vision un peu dichotomique de l’agriculture, avec d’un côté le bio et de l’autre, l’agro-industrie. Je m’évertue à montrer que bien que nous ne soyons ni en bio ni sous signe de qualité, nos pratiques sont bonnes et que nous n’avons rien à nous reprocher. Je décris bien évidemment aussi notre exploitation, la conduite de nos 650 brebis. J’ai repris l’exploitation de mon père il y a quatre ans et je suis passé d’un système bergerie intégrale à du pâturage. Sur les 110 hectares de grandes cultures, j’en ai passé un quart en prairies temporaires.
Je suis même en partenariat avec le camp militaire voisin pour faire paître mes brebis à l’entretien ou à la lutte sur les parcours classés Natura 2000. J’explique à mes visiteurs l’importance de la gestion de l’herbe, surtout aujourd’hui où le coût de l’aliment du commerce explose ainsi que le carburant. Je suis d’ailleurs satisfait d’avoir opéré ce virage il y a quelques années et ne pas me retrouver au pied du mur maintenant. Généralement, je fais une démonstration de chien de conduite. Depuis 18 mois, je fais transformer la laine de mes brebis en rouleaux de feutre, c’est l’occasion de rappeler à chacun les nombreuses vertus de ces fibres et expliquer le contexte de la filière laine en France. Je reçois par ailleurs souvent des visites scolaires de collèges ou lycées, j’ai un discours assez bien rodé. J’apprécie vraiment quand les visiteurs posent des questions mais il arrive d’être confronté à des militants végans ou des pro-loups. Là, je demande simplement de ne pas imposer un point de vue, chacun peut penser ce qu’il veut."