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« J’ai monté un Gaec avec un copain de licence »

Ulysse Robin de L’Odyssée des Bergers dans l’Aude, s’est installé à l’âge de 30 ans en brebis laitières bio. Après quelques années de salariat dans la ferme agneaux viande d’un copain de licence, il vient de monter un Gaec avec lui. Tous deux s’entraident sur leurs fermes respectives à 6 km l’une de l’autre.

Ulysse dans sa bergerie à Lafage dans l’Aude, travaille en confiance avec son associé et ami. © J Bonnery
Ulysse dans sa bergerie à Lafage dans l’Aude, travaille en confiance avec son associé et ami.
© J Bonnery

« J’ai atterri dans le milieu agricole par hasard et je m’y régale. Pendant mon bac technologique agricole à Montpellier, je me suis pris de passion pour l’agriculture et l’environnement. J’ai fait un BTS technologies végétales option agronomie systèmes de culture puis une licence professionnelle agroenvironnement à Florac (Lozère) où j’ai rencontré mon associé Melchior Laboissière. Cette licence m’a vraiment donné envie de m’installer en tant qu’agriculteur en comprenant que la polyculture élevage a son sens dans la nature. J’ai donc passé un BPREA produits fermiers au CFPPA de Florac en apprentissage pendant deux ans. C’était génial et ça m’a conforté dans mon idée de m’installer. À ce moment-là, Melchior avait le projet de reprendre la ferme de ses parents dans l’Aude en ovin viande brebis allaitantes. Comme l’accès au foncier est compliqué quand on n‘est pas issu du milieu, il m’a proposé de monter un projet ensemble.

9 000 litres transformés malgré le Covid

Avant de nous associer nous avons travaillé ensemble pendant quatre ans pour voir comment le courant passait. Il était chef d’exploitation et moi salarié saisonnier. Un Gaec à deux, c’est un peu comme un mariage : il y a des enjeux financiers importants donc on ne voulait pas se lancer pour dire, un an après, que finalement on ne s’entend pas.

Nous n’avons pas construit la fromagerie sur la ferme de ses parents au cas où ça ne se passerait pas bien, on s’est dit que ce serait compliqué financièrement et humainement. J’ai donc cherché des terres les plus proches possible de celles de Melchior. Ça a pris beaucoup de temps mais on a fini par en trouver à six kilomères par la route et un kilomètre à vol d’oiseau. Nous avons créé le Gaec L’Odyssée des Bergers et lancé la conversion en bio, puis je me suis installé progressivement : j’ai acheté 40 Lacaunes et 20 Manech têtes noires. J’ai fait le choix des deux races car les gens installés en brebis laitières dans le coin ont tous des Lacaunes. L’idée est de mélanger les deux laits pour faire des fromages différents de ceux qui existent actuellement. Ma première année a été rude financièrement mais 2020 a été une super année malgré le Covid : on a transformé 9 000 litres de lait en yaourts, tommes et fromages lactiques.

Une organisation pour gagner du temps

Sur le Gaec, nous sommes à 50 % de parts sociales chacun. Je trouve ça bien car on se sent autant impliqué l’un que l’autre. On fait une réunion par semaine pour faire le point. De janvier à septembre, on est plutôt chacun sur sa production. Melchior vient traire le lundi matin quand je fais le marché de Mirepoix. Je vais l’aider dès que je peux pour livrer les caissettes d’agneaux, amener les animaux à l’abattoir ou trier les agneaux. À partir du moment où on arrête la traite, de septembre à janvier, on prend un week-end sur deux chacun et on cale des journées de travail communes pour les semis de céréales, les clôtures, faire le bois ou des bricoles. On simplifie nos systèmes au maximum toute l’année pour réduire le temps de travail. On a ainsi fait le choix de la monotraite, de baisser la prolificité au nombre d’agneaux sur les brebis allaitantes (en passant de deux agneaux par brebis à un), on met les agneaux directement dehors et on fait des rotations de pâturages de 24 à 48 h. Comme je suis papa d’un petit garçon de 15 mois, cette organisation me laisse un peu de temps pour m’occuper de lui et de ma vie personnelle. »

Passé entre les gouttes du zonage ICHN

L’indemnisation compensatrice de handicap naturel attribuée au terroir de la Piège en zone défavorisée depuis les années 70 a été retirée en 2018 en passant en zone de plaine. Sur la cinquantaine de communes de la Piège, 26 l’ont perdue. Seulement 22 ont gardé le classement de zones défavorisées, dont le village de Lafage où se trouve le Gaec de Melchior et Ulysse. Le collectif « Pour que vive la Piège » a été monté suite à cette perte pour contester cette décision et tenter de retrouver le classement de zone défavorisée.

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