« J’ai appris à marcher au milieu des brebis de la ferme familiale »
Installé avec ses parents il y a quatre ans, Clément Rouquié a pris la suite de son grand-père sur l’exploitation familiale située au cœur du parc régional des Causses, dans le Lot.
Installé avec ses parents il y a quatre ans, Clément Rouquié a pris la suite de son grand-père sur l’exploitation familiale située au cœur du parc régional des Causses, dans le Lot.
"En Gaec avec mes parents, nous élevons 1 300 brebis Causse du Lot sur la commune de Durbans dans le Lot. Avec ma sœur, qui nous rejoindra cet été sur l’exploitation, nous sommes la sixième génération d’éleveurs sur la ferme familiale. C’est une vraie fierté. J’ai appris à marcher au milieu des brebis et n’ai jamais envisagé un autre métier.
Je me suis installé le 1er janvier 2018, à 18 ans. J’avais envisagé de faire un CS ovin après mon bac CGEA, mais entre l’envie de m’installer tout de suite et le départ en retraite de mon grand-père, les choses se sont enchaînées naturellement. Juste après les résultats du bac, j’ai pris rendez-vous avec la chambre d’agriculture pour commencer le parcours à l’installation. J’ai été très bien accompagné, les démarches à effectuer sont très claires, avec un agenda fixé dès le début. Notre centre de gestion a également été bien présent. C’est important d’être serein sur toutes les questions administratives.
Dans le projet d’installation, deux points m’ont posé question : le prévisionnel des rendements pour les cinq années suivantes, et celui des investissements. Bien sûr il y a une marge d’erreur, de 50 %, mais ça peut aller assez vite. Par exemple, un de nos tracteurs a dû être remplacé il y a deux ans, entraînant un dépassement de 25 % du prévisionnel.
Pendant le lycée, j’ai pu faire des stages en élevage chez un chevrier produisant du lait pour l’AOP Rocamadour et dans un élevage ovin viande. Cela m’a conforté dans l’idée de m’installer en production ovine allaitante, la traite ce n’est pas pour moi. Et j’ai ainsi pu voir d’autres façons de travailler.
Je me suis assez rapidement investi dans le syndicat Jeunes Agriculteurs et suis aujourd’hui membre du bureau des JA du Lot. Je participe à la commission départementale d’orientation de l’agriculture (CDOA) pour y représenter les JA. C’est très intéressant, les échanges sont enrichissants, on participe au développement de l’agriculture et on rencontre du monde plutôt que rester seul chez soi. Je pense qu’il est nécessaire de s’investir pour défendre notre métier.
Sur l’élevage, nous savons tous gérer l’ensemble des tâches, que ce soit sur les animaux ou le matériel. C’est important pour pouvoir se remplacer.
Sixième génération sur l’élevage
L’exploitation compte 394 ha de SAU, auxquels il faut ajouter des bois et parcours. Aujourd’hui, 80 % de ces derniers ainsi que les prairies permanentes et pelouses sèches sont clôturés. Ce travail de titan a été réalisé par mon arrière-grand-père avec mon grand-père et mon père dans les années 90. Les brebis Causse du lot sont très bien adaptées à cet environnement très sec, à tel point que pendant l’été humide que nous avons connu en 2021, elles étaient moins belles.
Nous cultivons 80 ha de céréales. Lors de mon installation, la majeure partie des investissements a concerné le renouvellement du parc matériel, à 100 % en propriété. Nous voulons être autonomes pour pouvoir intervenir au bon moment.
Depuis quelques années, nous avons aussi rajeuni le troupeau, avec des brebis qui ne vieillissaient pas toujours très bien. Nous avons aussi essayé de faire du croisement avec des béliers île de France, mais le résultat n’a pas été concluant. Il y a beaucoup de tiques ici, et autant les Causse du Lot semblent naturellement immunisées contre la piroplasmose, autant les béliers île de France ne l’étaient pas.
La prochaine étape est l’installation de ma sœur cet été, nous serons alors quatre associés. La structure de l’exploitation permet de l’accueillir sans créer de nouvel atelier ou augmenter le troupeau."