Faisceaux trayeurs mal entretenus : soucis de traite garantis

La qualité de la traite est importante à plusieurs titres, garante d’un lait de qualité, en quantité optimisée et d’une pérennité de production. Une traite sera donc adaptée si elle répond à trois attentes principales. Elle doit être rapide, sans perte de temps pour le trayeur et l’animal, sans surtraite donc et avec un débit de lait optimisé. Elle devra également être complète (lait citernal en totalité et une grande partie du lait alvéolaire, qui descendra sous l’action de l’ocytocine), sans être excessive (ne pas chercher le lait d’égouttage resté dans les alvéoles de production), au risque d’agresser la mamelle. Elle sera donc enfin asymptomatique, sans conséquences néfastes durables (signes visibles plus de deux minutes après la traite) sur la mamelle et les trayons, afin de ne pas impacter la santé et le bien-être des animaux et, par conséquence, les traites suivantes.

L’ensemble de l’installation de traite n’a qu’un but : permettre le bon fonctionnement des faisceaux trayeurs et le transfert du lait des mamelles vers le tank. Le vide, la pulsation et la co-circulation des fluides (lait et air) doivent être assumés au niveau du poste de traite. Pour cela, le choix, l’état, le nettoyage et l’entretien des matériels doivent être adaptés.

Pourtant, les contrôles effectués sur les installations de traite (Opti’Traite) laissent à penser que les choses sont largement perfectibles. Effectivement, seule un peu plus de la moitié (57 %) des dispositifs de traite vérifiés en 2018 ne présente aucun défaut au niveau des faisceaux trayeurs. Il est relevé de trop nombreuses anomalies d’admission d’air (34 %) et au niveau de l’examen visuel des faisceaux trayeurs (29 %).

Les manchons trayeurs doivent être adaptés aux morphologies mammaires de votre troupeau. Il va de soi que plus les mamelles et trayons seront homogènes, plus il sera aisé de trouver des modèles permettant de garantir une interface trayon/manchon efficace, sans fuite, sans glissement et avec un massage bien localisée, sur le corps et l’extrémité du trayon. Il convient également de configurer et régler l’installation de traite en fonction des débits de lait à évacuer. Au niveau des faisceaux trayeurs, le lait ne doit pas être ralenti de sa sortie de la mamelle à son arrivée dans le lactoduc. De bonnes pratiques de traite peuvent parfois compenser des défauts à ce niveau, par exemple en adaptant les cadences d’utilisation des postes de traite aux capacités de l’installation de traite, mais autant s’assurer que les capacités matérielles ne feront pas défaut.

Le nettoyage des installations de traite a entre autres objectifs de permettre son bon fonctionnement d’une traite à l’autre. Les orifices calibrés, qui permettent une bonne co-circulation des fluides, sont très sensibles à l’encrassement, minéral ou organique. Ces perçages millimétriques (moins d'un mm en général), permettant une consommation d’aire de 4 à 8 litres par minute, se bouchent facilement, par entartrage ou en raison d’une patte de mouche. Le nettoyage en place de l’installation doit être efficace. Pensez à surveiller régulièrement, une fois par semaine par exemple, son bon déroulement. Souvent, un automate de lavage gère le déroulement des différentes phases de nettoyage. Assurez-vous de son bon fonctionnement en entretenant de dispositif de nettoyage. Le nettoyage externe, assuré par l’éleveur, doit être tout aussi rigoureux. Il est enfin important de vérifier régulièrement l’état de ces orifices avant la pose des faisceaux trayeurs.

À l’issue du nettoyage, il est important, avant de le réutiliser, de s’assurer que tous les éléments sont fonctionnels. Il faut notamment vérifier le bon alignement des manchons trayeurs dans leurs étuis. Il peut arriver que les manchons vrillent dans leurs logements pendant le lavage, notamment en cas de manchons en silicone, se détendant sous l’action de températures de lavage élevées et de manipulations non appropriées. Des repères de torsions existent, sur la tête et le bas des manchons. Parfois, il est même possible de s’en apercevoir visuellement, sur des étuis translucides. Un manchon trayeur vrillé ne permet pas une bonne pulsation, compromettant ainsi la bonne évacuation du lait et le massage des trayons.

Il existe de nombreux consommables sur une installation de traite, plus ou moins connus des trayeurs, en caoutchouc, silicone ou autres matériaux, soumis à contraintes, garant d’étanchéité et/ou de limitation de l’encrassement et du développement microbien. Au niveau des faisceaux trayeurs, les plus connus sont les manchons trayeurs. Des études montrent, en caprins à minima mais avec transposition possible aux autres filières, que leur vieillissement altère leurs caractéristiques de fonctionnement. Il est alors susceptible de permettre la dérive de la qualité du lait dans des contextes défavorables. Il est recommandé de respecter les recommandations de renouvellement des fabricants et de faire le choix de matériels de marque et en aucune façon d’alternatives, certes moins chères à l’achat, mais plus aléatoires à plus long terme. Il ne faut pas oublier également que ce ne sont pas les seuls éléments à remplacer périodiquement. Il faut penser aux tuyaux à lait (courts et longs), aux joints de griffe, aux valves automatiques de faisceau trayeur, facilitant la pose en limitant les entrées d’air (plusieurs systèmes existant, à membrane, ressort, bascule…), et aux tuyaux de pulsation (courts et longs là aussi).