En Bretagne, la renaissance ovine à l’école du Nivot
En 2018, le lycée agricole Le Nivot, dans le Finistère, souhaite relancer son atelier ovin. Frère André Morel, enseignant et très investi sur l’élevage, transmet alors le bâton de berger à Clément Plantec, un jeune diplômé.
Cent ans de production ovine à l’école du Nivot, à Lopérec dans le Finistère. Dans les années 2010, l’élevage avait été arrêté pour des raisons économiques. Frère André Morel, attaché à l’école du Nivot et à l’élevage ovin, est resté en tant que professeur dans l’espoir de voir un jour cet atelier renaître. En 2018, Marc Le Guyader, avec l’aide d’André Morel, a construit un projet de remise en marche de la bergerie.
« La Bretagne est très déficitaire en élevage ovin. Il y a de la place pour les jeunes mais il faut les sensibiliser, leur donner envie », explique l’ex-directeur de l’école. Par la suite, une annonce est publiée pour recruter le berger, responsable de cet atelier ovin. Clément, étudiant en licence professionnelle DCFO (Développement et conseil des filières ovines), postule, quatre mois après l’obtention de son diplôme.
Une transmission rapide et efficace
À son arrivée à l’école du Nivot, tout est à reconstruire. Frère Morel l’accompagne, de l’aménagement des bâtiments à l’arrivée des animaux, principalement dans la gestion des devis et des fournisseurs. L’expérience du religieux a permis de former rapidement Clément. Celui-ci était quasiment autonome à l’arrivée des premières agnelles sur l’atelier.
Depuis, le cheptel a évolué, passant de 200 à plus de 300 brebis de race Romane. Le choix de cette race a été bien réfléchi : elle est désaisonnée et permet donc deux lots d’agnelage au cours d’une l’année. Elle présente une bonne prolificité et est également maternelle. La production d’agneaux est issue d’un croisement Romane x Île-de-France.2,52 agneaux sevrés par portée
Les résultats zootechniques actuels sont très satisfaisants : 52 kg de carcasse produite par brebis et par an, avec une prolificité atteignant 2,8 agneaux/portée et un taux de mortalité de 12 %. La prolificité est particulièrement élevée et demande beaucoup de présence. Clément souhaite la réduire grâce à des agnelles de renouvellement croisées Île-de-France. « Actuellement, nous avons trouvé un rythme de croisière, je peux donc désormais faire de vraies évolutions et en mesurer les impacts », indique-t-il.
Il n’est pas rare de croiser Clément accompagné d’élèves (de la quatrième au BTS) au sein de l’élevage. La devise de l’école est d’apprendre en pratiquant, par la transmission des savoir-faire. Cela passe par de nombreux travaux pratiques et des mini-stages sur les ateliers. La race Romane a été choisie pour son désaisonnement naturel afin que les élèves puissent participer aux deux saisons d’agnelage.Gérer les brebis et les élèves
« Ce n’est pas toujours évident de gérer en même temps le troupeau et les jeunes : c’est la particularité d’un atelier pédagogique, souligne Clément. Il faut sans cesse essayer de s’adapter. » Cela fait cent ans que les étudiants peuvent réaliser des week-ends de remplacement sur les ateliers de l’école (bovin, porcin, ovin). c’est pour eux l’opportunité de se faire une première expérience en autonomie sur un élevage.
De quoi permettre à Hugo, ancien BTS Productions animale à l’école du Nivot, de renforcer ses compétences et de mûrir son projet professionnel durant ses études. Il est aujourd’hui responsable de l’écopâturage sur la ville de Brest, et souhaite à terme reprendre l’élevage de son grand-père en troquant les vaches pour… des brebis. « L’ovin a de l’avenir en Bretagne » : un message à transmettre !
Marc Le Guyader - ancien directeur de l’école du Nivot de 2014 à 2018
« Il a réalisé un travail titanesque »
« Clément a été le dernier salarié de l’école que j’ai embauché. Nous avons échangé sur son projet et son parcours, et il cochait toutes les cases ! Bien qu’il soit très jeune et qu’il n’ait pas beaucoup d’expérience, il était très dynamique. La présence de Frère Morel à ses côtés a permis une reprise sereine du poste.Réhabiliter bâtiments et parcelles pour les ovins
À son arrivée, le projet était déjà établi. Clément a été chargé de la partie opérationnelle : un gros chantier de réhabilitation des bâtiments et des parcelles l’attendait. Débroussaillage, tri, nouvelles clôtures, mise en place de silos, aménagement des aires paillées, et tout cela en cinq mois, le pari était risqué, mais il a été relevé avec brio ! Les premières brebis sont donc arrivées en mars 2019 au sein d’une bergerie et de prairies fonctionnelles. »