Aller au contenu principal

Race des Massifs
En Auvergne, la Rava a de beaux jours devant elle

Avec une moyenne d’âge de ses éleveurs en dessous de 40 ans, des installations même hors cadre familial, la brebis Rava peut faire des envieux. Rencontre avec des passionnés...

Mireille Servier, éleveur de ravas et Gaëtan Grenet, technicien.
Mireille Servier, éleveur de ravas et Gaëtan Grenet, technicien.
© lgeffroy

En Auvergne, les éleveurs de Rava n’ont pas de soucis à se faire. 2010 a été une excellente année pour la race et 2011 s’annonce tout aussi bonne. « On avait perdu pas mal d’effectif en 2007 et 2008 avec la crise ovine, autour de 30 %, mais les jeunes s’installent à nouveau, dont quelques-uns hors cadre familial » témoigne le président de la section Rava de Rom Sélection, Jean-Luc Tourreix.

UNE RACE QUI PLAIT

Un vent d’optimisme souffle donc sur l’organisme de sélection, situé à Lempdes, dans le Puy-de de-Dôme, qui gère six races rustiques des Massifs. Quatorze sélectionneurs et six utilisateurs forment aujourd’hui la base de sélection de la Rava. L’arrivée de trois jeunes sélectionneurs en 2010 prouve que la race plait. Elle séduit les éleveurs spécialisés mais également quelques double-actifs. Il est important de souligner que la moyenne d’âge des éleveurs de Rava se situe en dessous de 40 ans, ce qui fait figure d’exception dans le paysage ovin français, où la moitié des éleveurs ont plus de 50 ans. La race compte un effectif de 40 000 brebis, principalement dans le département du Puy-de-Dôme où elle représente 40 % des effectifs de brebis. Le bassin d’origine est la chaîne des Dômes, et forme un triangle entre Olloix, Rochefort-Montagne et Chapdes-Beaufort. Les deux-tiers sont localisés dans le Parc naturel régional des volcans d’Auvergne, sur des terres difficiles au sol souvent pauvre et acide que seul le mouton peut valoriser. Un autre noyau se situe dans la Loire, autour de Roanne, avec quatre sélectionneurs.

Il y a en sélection plus de 10 000 brebis à ce jour. Certains éleveurs pratiquent l’estive en moyenne montagne (900 à 1 300 mètres d’altitude) ou utilisent des parcours privés ou communaux. Sa laine mécheuse et jarreuse lui permet de supporter des conditions climatiques difficiles. « La Rava n’a pas peur de la pluie » explique le président.

« ELLE PASSE PARTOUT ET MANGE TOUT »

Car c’est avant tout une race rustique bien adaptée à son territoire. C’est une bonne marcheuse, avec de faibles exigences alimentaires pendant les périodes de repos, se satisfaisant des bruyères et puisant si besoin dans ses réserves, sans que cela altère ses qualités de production. Elle est à l’aise sur les terrains escarpés et se conduit bien en grand troupeau. « Elle passe partout et mange tout » témoigne Mireille Servier, du Gaec Servier, famille de sélectionneurs depuis 40 ans, installés sur 190 hectares à Olloix, avec 760 brebis. La famille Servier apprécie ses qualités maternelles. « Pas besoin de cases individuelles, lorsqu’elle agnèle, la brebis Rava s’occupe de ses agneaux, même les agnelles ont cet instinct maternel » précise Mireille. « On ne vient plus à 23 heures surveiller les agnelages, et cela se passe bien, même à l’intérieur. »
Le Gaec a trois périodes de mise bas : septembre, décembre et avril. L’agnelage d’avril, le moins important, est un choix de l’éleveur par rapport à la structure et l’implantation de son exploitation. La brebis Rava élève facilement seule deux agneaux, mais afin d’éviter les pertes d’agneaux à la naissance, environ 2 %, le Gaec Servier, s’est équipé d’une machine d’allaitement pour alimenter les portées triples et ceux issus d’accidents maternels (une seule tétine). Il pratique des échographies systématiquement pour améliorer la gestion des improductives et a arrêté l’insémination artificielle depuis quelques années, car « cela ne se justifie pas avec cette race, trop peu d’IA étaient réalisées, d’où la difficulté d’avoir des index fiables sur les béliers».
« La brebis Rava, je suis née au milieu et au moment où j’ai voulu m’installer dans le Gaec, je ne me suis même pas posée la question de la race. Je sais que c’est la mieux adaptée à mon système, et quand je regarde les résultats économiques des exploitations suivies dans le cadre des réseaux d’élevage utilisant cette race, je suis d’autant plus confiante », avoue Mireille Servier.

En savoir plus : Rom Sélection, 04 73 92 74 07.

La Rava séduit les éleveurs de races à viande

Si la Rava se diffuse dans les autres départements, de la Nièvre aux Pyrénées, c’est parce qu’elle séduit. Sa facilité de désaisonnement, ses aptitudes maternelles en font une race facile pour l’agnelage, qui ne demande pas beaucoup de travail et est adaptée au système de trois agnelages en deux ans. « Elle convient aux éleveurs de races à viande qui ont des difficultés d’agnelage. Lorqu’ils souhaitent augmenter leurs effectifs, ceux-ci se tournent vers la Rava » explique Jean-Luc Tourreix. En croisement, les éleveurs de Rava utilisent des béliers île de France pour répondre à la demande de la filière. Selon un schéma à double-étage, les agnelles F1 avec du Charollais ou du Suffolk peuvent produire des agneaux F2 de bonne conformation bouchère. En 2010, 1000 agnelles ont été vendues (70% en race pure et 30% de F1) pour un prix moyen de 115 euros. La valeur laitière est le critère sur lequel l’organisme de sélection va travailler, en plus de la tremblante.

Les plus lus

Maxime Taupin
« On a beaucoup diversifié, j’ai besoin de revenir au métier d’éleveur ovin »
Maxime Taupin est en Gaec avec ses parents sur une exploitation multi-ateliers, entre troupe ovine, grandes cultures, vente…
Agneaux à l'engraissement en Afrique du Sud
De l’intérêt des levures dans la ration des brebis et des agneaux
Le fabricant de levures Lallemand présentait une série d’études confirmant l’intérêt de l’ajout de levures vivantes dans la…
Guillaume Maman
« J’ai créé un atelier ovin complémentaire des grandes cultures avec un minimum d’investissement »
Dans le nord-est de l’Aube, Guillaume Maman a repris l’exploitation familiale orientée grandes cultures et a créé un atelier ovin…
Manon Fleuroux élève un troupeau de 60 brebis
« Nous devons nous réapproprier la mort de nos animaux »
Manon Fleuroux élève un troupeau de 60 brebis à Montréal dans l’Aude et est engagée dans la création d’un abattoir mobile. Suivie…
Samuel Bulot, président de l’Institut de l’élevage.
« L’Institut de l’élevage doit venir dans les cours des fermes »
Samuel Bulot a été élu président de l’Institut de l’élevage le 13 juin. Éleveur laitier bio en Côte-d’Or, il mesure l’…
Laurent Loury, sélectionneur ovin
"A cause de la FCO, je vais manquer d’agneaux, de brebis et mes reproductrices sont bloquées sur ma ferme"
Laurent Loury est sélectionneur de brebis Ile de France dans l'Oise. Son troupeau est contaminé par la FCO3, les pertes animales…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir Pâtre
Consultez les revues Réussir Pâtre au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Réussir Pâtre