Eleveur ovin, un métier à conseiller aux jeunes
L'installation est toujours le nerf de la guerre pour la filière ovine. Les éleveurs réunis en conseil national ont convenu de l'urgence de développer de nouveaux outils pour aider les jeunes à s'installer.
« Il faut qu'on arrive à maintenir notre niveau de production ovine pour ne pas risquer de disparaître comme la filière chevaline », s'inquiète Frank Dieny, secrétaire général adjoint de la Fédération nationale ovine (FNO) et éleveur en Provence-Alpes-Côte d'Azur. « Carrefour et Leclerc ne doivent pas posséder la ferme France demain » estime pour sa part Daniel Prieur, secrétaire général adjoint de la FNSEA. Ce débat qui s'est déroulé le 13 décembre dernier à Paris, lors du conseil national de la FNO, portait sur l'installation, sujet toujours d'actualité dans la filière et sûrement encore pour un moment, car la situation est critique et le chantier ne vient que de commencer. « Comment en finir avec les ' je ne le conseille pas à quelqu'un d'autre' parfois prononcés par les éleveurs eux-mêmes ? », se demande Christophe Lenaerts du syndicat Jeunes agriculteurs, qui a créé un atelier ovin sur l'exploitation familiale dans le Gers. Car décourager d'éventuels futurs éleveurs, ce n'est évidemment pas ce qui va relancer l'installation.
Maintenant ou jamais
L'optimisme est le maître-mot pour les responsables syndicaux, car c'est maintenant ou jamais qu'il faut relancer la machine. De l'avis de tous, l'ovin présente certains avantages pour ceux qui veulent créer un atelier et il ne faut pas confondre l'installation où l'on créé une entreprise et la reprise d'une exploitation qui est plus difficile. « Avec cette production, on peut encore monter progressivement. Avoir un capital plus léger, être maître de ses dépenses » témoigne ainsi Thierry Besançon, éleveur en Bourgogne. Didier Juillard, du Jura, pense qu'on ne doit pas « travailler pour rembourser des emprunts, il faut positiver le métier. »
Mais si la création d'un atelier ovin est accessible, la transmission est plus problématique car certaines exploitations ovines existantes sont difficiles à vendre. Pour Serge Préveraud, président de la FNO, elle doit être progressive, « car il faut parfois 300 000 à 400 000 euros aujourd'hui pour s'installer ». Les banques se montrant souvent bien trop frileuses avec les projets ovins, il faut déterminer d'autres investisseurs. La FNO travaille sur le sujet.
Le syndicat avait invité Gerald Evin de la coopération maritime à cette table ronde, pour qu'il présente le travail effectué par la filière de la pêche artisanale. Afin de financer des navires donc des entreprises, celle-ci a demandé un amendement au ministère du budget à la suite de la loi TEPA de 2007 (surnommée « paquet fiscal »), qui permet une défiscalisation de 50 % à ceux qui investissent dans une petite et moyenne entreprise (PME). La FNO réfléchit au moyen de l'appliquer aux exploitations agricoles. « Il est urgent de concrétiser » a rappelé André Delpech, éleveur dans le Lot. Car si le nombre d'éleveurs continue à diminuer, il sera difficile de fournir assez d'agneaux français pour conserver les entreprises d'abattage et de transformation.
D'autant que la demande en viande ovine est encore là, mais il faut la maintenir. Et c'est de plus en plus difficile. La consommation souffre de la baisse d'importation de viande néo-zélandaise, 2011 ayant été la troisième campagne consécutive en recul avec -8.2 % d'abattages d'agneaux pour ce pays. Par exemple à Pâques, les familles ont moins consommé d'agneau que d'habitude car il y en avait moins dans les rayons des supermarchés. Les prix de l'agneau français sont certes porteurs, mais cela ne suffit plus.