En Haute-Savoie

Du marketing pour du lait de brebis fermier

En Haute-Savoie, la bergerie d’Ayze veut se démarquer en misant sur le marketing et la communication. Site internet, e-commerce, marque déposée, crowdfunding, évènements, réseaux sociaux, relation presse, tout est bon pour se faire connaître. Et pour animer ces ambitions, la bergerie a embauché une assistante marketing et communication en contrat d’apprentissage. « J’ai des idées de développement et de communication mais je n’ai pas le temps de les mettre en œuvre », justifie David Meyer, 29 ans, en enfilant sa polaire floquée du nom de la ferme.

Pourtant, l’entreprise n’est pas vieille. À peine deux ans. David Meyer l’a lancé en 2016 après une formation agricole et un emploi de technico-commercial dans la sécurité. Sa mère Marie-Laure, infirmière urgentiste en reconversion, s’est aussi lancée dans l’aventure pour cofonder la bergerie d’Ayze. Le début des travaux de terrassement de la bergerie commence en 2016. Le projet est important. Il comprend la construction de 1 000 m² de bergerie qui accueillent 180 places et 300 m² de fromagerie, salle de traite et magasin. Le projet à 800 000 euros effraie une première banque qui jette l’éponge en cours de route. Le temps de trouver un autre partenaire et la première traite démarre en février 2017 avant de s’installer dans la bergerie terminée en mars 2018.

Étendre la zone de chalandise en Suisse et en Haute-Savoie

Actuellement, les 135 Lacaune agnèlent à l’automne ou au printemps afin d’avoir du lait toute l’année. Ce lait est transformé en une gamme de 11 yaourts, de quatre crèmes dessert, de sept fromages lactiques ou de trois tommes et tommettes. Depuis février, du lait de brebis entier pasteurisé est vendu sous la nouvelle marque « Les Brebiz » au prix de 3,80 euros le litre. « Le lait de brebis est très peu présent dans les rayons, observe Romane Cartier, l’assistante commerciale et communication. Pourtant, c’est une bonne alternative pour les allergiques au lait de vache ». Avant de lancer la marque qui reprend un visuel moderne et sympathique, la bergerie d’Ayze a été conseillée par deux consultants en marketing et en développement commercial.

En fonction de la demande, la marque protégée « Les Brebiz » pourrait fédérer à terme d’autres éleveurs. « Les produits de la bergerie d’Ayze sont actuellement vendus sur la Vallée d’Arve, détaille David Meyer. Avec Les Brebiz, nous voulons étendre notre zone de chalandise sur toute la Haute-Savoie ainsi que sur le canton de Genève au fort pouvoir d’achat ». En mars, des yaourts à boire devraient être proposés sous la marque Les Brebiz puis des glaces en pot en mai.

Du commerce en ligne pour compléter la distribution

David Meyer aime travailler dans l’urgence et c’est ainsi qu’est née la marque Les Brebiz. « J’ai eu l’idée du lait en bouteille fin décembre et le lancement officiel a eu lieu début février… J’ai été commercial pendant six ans et je fonctionne aux challenges. Notre entreprise est récente et il faut faire notre place alors on bouscule un peu les codes pour marquer les esprits ». De quoi motiver Romane Cartier, l’assistante marketing et communication embauchée en septembre. Depuis son arrivée, elle a dû organiser une porte ouverte avec 600 personnes puis l’inauguration officielle avec 150 personnes. Un effort a été aussi porté sur les réseaux sociaux Instagram, Twitter et Facebook ainsi que sur les relations avec la presse. Elle a aussi développé le site d’e-commerce lancé fin novembre en lien avec le logiciel de vente en ligne Cegid Shop. Il est ainsi possible de commander en ligne sur www.bergeriedayze.com et de recevoir les produits livrés par ChronoFresh. Ce circuit complète un circuit de distribution déjà assez complet entre une Amap, un magasin à la ferme, deux marchés de plein air, des revendeurs fixes et itinérants, six grandes surfaces et des restaurants. La vente en ligne concerne les produits laitiers de la ferme mais aussi les 200 agneaux abattus, découpés et mis sous vide à Megève ainsi que les brebis de réforme qui finissent en merguez ou saucisson. Le site propose aussi vins, jus de fruit, conserves ou miels issus de l’achat-revente. La bergerie commercialise également des expériences de vie avec les exploitants. Ainsi, il est possible de partager une matinée à la fromagerie contre 90 euros ou de passer une journée avec un berger pour 180 euros… Un site www.lesbrebiz.com a été mis en ligne dernièrement pour accompagner le lancement de la marque. Sur ses déclinaisons en réseaux sociaux ou sur les affichettes PLV, Romane Cartier s’amuse à mettre les deux petites brebis mascottes dans différentes situations : sur les skis, sous un parasol…

Allier fromages et vins dans un bar avec terrasse

Pour se faire connaître localement autant que pour aider ses amis pompiers volontaires comme lui, David Meyer a sponsorisé une équipe de trekking ainsi que l’équipe locale de volley. David n’hésite aussi pas à dépenser 210 euros pour protéger sa marque ou 500 euros pour marquer une voiture.

Les idées ne manquent pas pour développer l’entreprise. D’ici mai, si tout va bien, La bergerie d’Ayze étendra son bâtiment pour accoler un bar à vin à la fromagerie. « Nous voulons faire déguster nos produits locaux, notamment le vin d’Ayze qui est un blanc pétillant, dans un cadre cosy », s’emballe David Meyer. Une façon de profiter des 1 000 m² de parking et de la jolie vue ensoleillée sur les montagnes de la vallée d’Arve. Ouvert du mardi au samedi de 17 à 22 heures, ce bar à vin devrait permettre la création d’un emploi. L’éleveur entrepreneur a déjà eu l’occasion de travailler avec les vignerons puisque depuis quelques années ses brebis nettoient et fument les vignes à l’automne après les vendanges et au début du printemps.

L’axe commercial sera aussi développé en 2019 avec l’embauche de trois commerciaux stagiaires sur le département avant de pérenniser ces postes sur la marque Les Brebiz. « Je pense que cette marque va décoller, pronostique le jeune entrepreneur, et il nous faudra embaucher pour le marketing, la logistique ou la communication… » Si les affaires se déroulent comme espérées, La bergerie d’Ayze pourrait construire une autre bergerie voisine pour doubler le troupeau d’ici cinq ans.