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Des retours d’expériences positifs

Depuis quelques années, la technique se développe. Avis argumentés d’utilisateurs convaincus.

Porté par la coopérative Caveb, le projet Life Herby est une expérimentation à grande échelle du pâturage tournant dynamique conduite entre 2014 et 2020. La particularité de cette approche est que ce n’est pas la hauteur d’herbe qui permet de piloter le pâturage mais la physiologie des graminées. Des éleveurs volontaires des territoires du Poitou-Charentes, du Limousin et de Vendée ont mis en place ce mode de pâturage. Alice Poilane, en charge du suivi du projet, témoigne du succès de l’opération : « les quatre premières années, 131 éleveurs se sont engagés. En 2018, plus de 2 500 ha étaient conduits en pâturage Herby. Les éleveurs ovins ont répondu présents. Ainsi, 23 exploitations ovines ont pris part à l’aventure. Selon ces éleveurs, le cadre technique solide proposé est très sécurisant pour la gestion du pâturage au cours des saisons. Grâce à une formation théorique et un suivi de terrain individualisé et collectif, ils ont acquis rapidement une autonomie pour réagir aux aléas climatiques de ces dernières années et piloter leur pâturage dans le but de concilier performances animales et pérennité des prairies ». Sans avoir forcément réduit le temps de travail, la nature des tâches a évolué vers plus de temps de gestion, d’entretien des prairies et des lots au pâturage. L’amélioration de la docilité des animaux est également une bonne surprise mise en avant par les éleveurs. Ils associent rapidement la visite de l’éleveur à l’accès à une nouvelle ration d’herbe. Enfin la surveillance des lots au pâturage est facilitée, étant donné qu’ils sont regroupés sur des plus petites surfaces.

Faire consommer des reports sur pied

Aloïse Célérier, conseillère fourrages à la chambre d’agriculture de la Vienne a réalisé les mesures de hauteurs d’herbe pendant deux ans au lycée professionnel agricole de Montmorillon (Vienne). « Il y a eu un changement de regard sur le report sur pied : les brebis peuvent quitter une cellule sans avoir "tout" consommé, témoigne-t-elle. Elles valoriseront l’herbe restante au passage suivant. Les charges de mécanisation sont ainsi diminuées. Puisqu’on ne débraye plus de paddocks là où l’herbe est plus haute, il n’y a donc pas de fauche de petites parcelles difficiles à mécaniser. Et, par ailleurs, en 2019, où le dispositif a fonctionné de façon bien plus optimisée, il n’y a pas eu de nettoyage des refus mais seulement le broyage de quelques zones envahies d’adventices ». Pour Arnaud Oble, le directeur de l’exploitation du Campus des Sicaudières à Bressuire (79), « les brebis sélectionnent moins ce qu’elles mangent et du coup, il n’y a pas d’herbe perdue y compris les années favorables à la pousse de l’herbe ». Il souligne également que le démarrage en végétation semble plus rapide après un manque d’eau, peut-être parce que le système racinaire est plus développé.

Des équipements nécessaires

Le découpage en mini-parcelles impose des équipements en particulier pour faciliter le travail. L’installation d’un réseau d’eau est par exemple indispensable. « Dès la mise en place du pâturage cellulaire, nous avons investi dans un réseau fixe avec un abreuvoir qui dessert quatre cellules, explique Arnaud Oble. Du tuyau a été déroulé le long des clôtures électriques sans être enterré. Le bac de 50 litres équipé d’un flotteur est déplacé avec le quad. Depuis, nous avons adapté un abreuvoir pour que les agneaux puissent boire plus facilement. Nous avons également acheté un quad que nous avons équipé pour passer par-dessus les clôtures. En plus de l’abreuvoir, il transporte le nourrisseur des agneaux et nos deux parasols XXL. Nous avons testé ce mode de pâturage en 2014 et ne reviendrons pas en arrière. Cela nous convient parfaitement ! »

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