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Des placettes d’équarrissage dans les Pyrénées

Neuf nouvelles placettes d’équarrissage sont créées au Pays basque. Une solution pour réguler les vautours ou la légalisation d’une pratique ?

La placette de 250 m2 est clôturée et équipée d’une boîte aux lettres dans laquelle se trouve le cahier de dépôt. © A. Dazet
La placette de 250 m2 est clôturée et équipée d’une boîte aux lettres dans laquelle se trouve le cahier de dépôt.
© A. Dazet

Le comité interdépartemental du vautour fauve des Pyrénées a proposé, à titre expérimental, en 2012, la création d’une placette d’équarrissage, à Aste-Béon dans les Pyrénées-Atlantiques. Les attaques de vautours se multipliant, notamment en vallée, l’idée était de fournir de la nourriture aux nécrophages en montagne, afin de les maintenir dans ces environnements plus habitués à leur présence. Les quatorze éleveurs du secteur déposent, une soixantaine de cadavres par an, au gré de la mortalité dans leur ferme. Les rapaces ne sont pas ainsi assurés de trouver de la nourriture quotidienne. Aucun animal ne doit être déposé en mai, pendant la période de nourrissage des petits, pour réduire la reproduction.

Bilan neutre pour les vautours

Trois ans après cette première expérience, aucune baisse de la présence des vautours en vallée ne peut être constatée. Le nombre de couples est stable et les incidents ne sont pas quantifiables. Ils ne sont pas systématiquement déclarés puisque les éleveurs ne sont pas indemnisés, contrairement aux dégâts causés par les grands prédateurs. D’après Jean-Pierre Goity, vice-président de la chambre d’agriculture, « le vautour a changé de comportement, seuls des tirs d’effarouchement pourraient le dissuader de s’approcher des fermes ».

Pourtant, une centaine de placettes similaires existent dans les grands Causses (principalement Aveyron et Lozère) et la commission syndicale du Pays de Cize (Pays basque), installe neuf placettes en 2016. Parce que, finalement, si ces placettes ne régulent pas la population des vautours, elles sont utiles pour les éleveurs. « Plus besoin d’attendre l’équarrisseur plusieurs jours, témoigne Marie-Pierre Neguelouart, éleveur ovin, à Behorleguy. Je dépose mes cadavres de moins de 500 kg sur la placette accessible avec un code et je note sur le carnet l’animal déposé et son poids. Il ne peut y avoir plus de 500 kg à la fois. À tour de rôle, nous nettoyons la placette et brûlons les restes ». Chaque placette pyrénéenne est accessible à une douzaine d’exploitants, alors que celles des Grands Causses servent à un ou deux éleveurs, uniquement ovins ou caprins.

Effet positif sur l’environnement

Émilie Chomard, chargée de mission à la commission syndicale du Pays de Cize ajoute que les placettes sont situées dans des lieux accessibles en véhicule, permettant l’envol des oiseaux et surtout loin des cours d’eau, afin d’éviter tout impact écologique. En effet, les éleveurs avaient l’habitude d’abandonner discrètement dans des sous-bois ou des ravins leurs animaux morts. Dorénavant, cette pratique peut être encadrée et surveillée, sans pour autant augmenter la quantité de nourriture disponible pour les nécrophages. Selon Sébastien Dambrun de la DDT Lozère, la connaissance des volumes déposés pourra permettre à terme de réguler les quantités déposées en novembre et décembre durant la période de fécondité. « Le vautour est une espèce qui adapte rapidement sa fécondité à la baisse de nourriture disponible en période de reproduction » affirme-t-il.

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