Des conseils des Pays de la Loire pour le passage en bio
Le projet Securibiov cherche à mieux connaître les difficultés rencontrées lors du passage en bio pour mieux tenter d’y répondre.
La chambre d’agriculture des Pays de la Loire a interrogé 12 éleveurs ovins fraîchement installés ou convertis en bio pour identifier les difficultés qu’ils ont rencontré. Premier constat, même si la rentabilité de l’atelier ovin est différente d’un élevage à l’autre, elle reste toujours faible à modeste. « Dans le circuit bio, la plus-value pour l’éleveur par rapport au circuit conventionnel est très faible, résume un des éleveurs. Pourtant, sauf si l’éleveur est autonome à 100 %, les charges sont supérieures en bio, notamment sur l’achat d’aliments bio. » Le principal problème se situe dans le manque de valorisation suffisante de l’agneau bio en filière longue. Par contre, « la vente directe permet de bien valoriser », témoignait l’un d’eux. Autre difficulté, l’autonomie alimentaire est primordiale pour être viable, ce qui renvoie aux à la problématique de la disponibilité des terres et aux compétences à acquérir en grandes cultures. Le fait de ne pas pouvoir utiliser les traitements hormonaux (et donc l’insémination) est également cité.
De la trésorerie, des visites et beaucoup de réflexions avant de se lancer
Les changements de races ont été fréquents, au profit d’animaux « adaptés à la bio » plus rustiques et parfois moins prolifiques mais avec, au final, un nombre équivalent d’agneaux sevrés équivalent. Beaucoup se disaient « proches de la bio » avec des systèmes majoritairement basés sur l’herbe. « Je maximise l’herbe, assure un des éleveurs. Il y a nettement moins de soucis sanitaires et moins de travail de paillage. Finalement, c’est plus plaisant ! » Le passage en bio a aussi poussé certains éleveurs à diversifier leur assolement avec un allongement des rotations. Au final, les éleveurs recommandent de « se poser les bonnes questions avant de s’installer : temps de travail, revenu recherché, activité complémentaire… ». « Quand vous allez constituer votre troupeau, il faut qu’il soit issu d’un même lot, issu d’un troupeau bien maîtrisé » préconise un autre. Un minimum de trésorerie est aussi à prévoir avant le passage en bio afin d’anticiper l’achat d’aliments ou de semences bio. Un éleveur insiste pour évaluer correctement la valeur des terres car il peut y avoir de très mauvaises surprises après la reprise. « Évidemment, il est important de visiter des fermes bios avant de se lancer, de faire des stages, de participer à des formations, à des groupes d’échanges », conclut un éleveur.
Dans le Grand Est, un prix d’équivalence plus élevé que les prix pratiqués
Le réseau Inosys du grand Est a simulé la conversion en bio de deux exploitations modélisées, une herbagère et une en polyculture élevage. Avec les prix de 2017, pour garder les mêmes résultats économiques qu’en conventionnel, il faut une augmentation de 1 euro du kilo de carcasse pour les agneaux d’herbe et de 1,85 €/kg pour ceux de bergerie. Soit un agneau d’herbe à 7,20 €/kg de carcasse en 2017 et un agneau de bergerie à 7,85 €/kg dans l’exploitation de polyculture élevage. On est encore loin des prix du bio de 2017 avec un agneau d’herbe à 6,95 €/kg et un agneau de bergerie à 7,60. Heureusement, dans la simulation, l’augmentation de la marge brute des grandes cultures compense la baisse des marges de l’atelier ovin. Grâce aux prix élevés des cultures de vente, les résultats économiques s’améliorent.
Pour l’exploitation type herbagère, le prix d’équivalence est à 9 € pour l’agneau de bergerie et 6,95 en herbager. L’étude précise que pour inciter les producteurs à garder une partie de la production en bergerie, il faut un différentiel de prix d’au moins deux euros du kilo de carcasse à cause des prix élevés de la céréale bio.
Dans le Massif central, le revenu est lié à la productivité du travail
Le pôle AB du Massif central a analysé les résultats technico-économiques de 13 exploitations ovines allaitantes bio du Massif central sur plusieurs années. Les référents bios des chambres d’agriculture, de l’Inra et de l’Apaba ont observé que la productivité du travail (ou kg de carcasse d’agneaux produits par unité de main-d’œuvre ovine) contribue favorablement au revenu des éleveurs en vente directe ou non. L’augmentation de la productivité du travail peut se faire par un accroissement du nombre de brebis ou par l’augmentation de la productivité numérique. Mais l’augmentation cheptel doit se réfléchir pour « que cela ne devienne pas une spirale agrandissement, plus de travail, plus d’investissements, plus d’intrants, agrandissement… »
Garder la cohérence du système
L’augmentation de la productivité numérique ne doit pas non plus imposer une trop forte hausse des charges ovines, surtout pour l’alimentation. « Tenter d’améliorer la productivité numérique est important, en l’associant à une démarche d’économie et d’autonomie » note un document de synthèse. S’il y a peu de production mais peu de dépenses, le système est cohérent, surtout en agriculture biologique. Le pôle AB du Massif central rappelle aussi qu’il faut couvrir la majorité des besoins du troupeau par de l’herbe pâturée. La rémunération moyenne des éleveurs varie selon les années de 1,5 à 1,7 Smic par UMO ovin.